Un Elfe, Une Princesse, Un Sorcier...Une Triforce

Le Jeu Vidéo, média récent, peut tout de même se vanter de compter dans ses tiroirs des personnages et des récits qui lui donnent une identité forte. Mario, Sonic, Metal Gear, Final Fantasy, Assassin's Creed...tant de séries qui attirent régulièrement l'attention du joueur et qui enrichissent son Histoire.

Ce serait faire tort au média que de ne pas citer The Legend of Zelda, l'une des sagas étendard du savoir-faire de Nintendo en la matière et qui depuis 1986 incarne à sa façon le jeu d'aventure sur console. Véritable petite bombe vidéoludique pour son époque, The Legend of Zelda est la première brique d'un édifice qui fête aujourd'hui ses 25 ans.

C'est à cette occasion que je vous propose une rétrospective des différents épisodes qui constituent l'une des séries les plus importantes du Jeu Vidéo, une de celle qui fait aujourd'hui notre passion pour le média.

 

Nintendo Entertainment System The Legend of Zelda

La légende telle qu'on la connaît apparaît pour la toute première fois en 1986, lors de sa sortie sur le territoire nippon un 21 Février. Nouvelle création d'un certain Shigeru Miyamoto, créateur chez Nintendo, le titre a le mérite de s'éloigner des fondamentaux de l'époque sur les consoles, plus habituées à accueillir des jeux de plate-forme ou d'action fixés sur un scrolling.

Au contraire, le but de The Legend of Zelda est de proposer une aventure bien plus proche des jeux de rôle occidentaux en offrant une plus grande liberté au joueur dans sa manière de progresser, dans son besoin d'atteindre les différentes étapes de son aventure. Manette en main, le joueur peut donc se déplacer à loisir sur le territoire d'Hyrule sans restriction aucune dans son avancée. Ce dernier n'est donc jamais forcé d'aller dans telle ou telle direction ce qui constitue une première révolution du média sur console.

 

 

En dehors de cette géniale idée de conception, le jeu gardant une certaine accessibilité avec sa maniabilité simple, c'est aussi un univers qui se dégage de ce premier volet. Vous êtes aux commandes d'un jeune guerrier vêtu de vert du nom de Link chargé de récupérer les morceaux d'un artefact extrêmement puissant, la Triforce, afin de pouvoir vaincre le terrible sorcier Ganon et sauver la princesse Zelda.

D'un classicisme effarant dans l'approche de son scénario, The Legend of Zelda développe pourtant un sentiment d'aventure extrêmement fort. Car c'est quasi-nu que vous partez à la rescousse de la damoiselle en détresse. Pourtant, au cours de votre épopée, vous récupérerez divers items, équipements, armes qui feront de vous un combattant complet et capable de vaincre tout les adversaires qui se présentent à vous, les plus terrifiants étant tapis dans les donjons cachés du monde d'Hyrule.

C'est l'une des premières fois qu'autant d'éléments du rpg s'intègrent dans une cartouche de l'époque. Link va devenir de plus en plus puissant, les défis vont se révéler de plus en plus corsés et tout cela contribue à mettre en place l'aventure.

The Legend of Zelda est aussi un titre qui va faire chauffer vos méninges. En effet, très peu d'indications sont fournies quant à votre destination prochaine. Par conséquent, en dehors des rares indices confiés par de vieux sages, vous devrez chercher les donjons vous même ce qui donne lieu à de longues séquences d'exploration de la terre d'Hyrule. De plus, aucun ordre ne régit la découverte de ces donjons ce qui vous permet d'accéder au troisième donjon sans forcément avoir terminé le deuxième. Certains objets devront toutefois être en votre possession pour que vous puissiez par exemple traverser des cours d'eau qui vous donneront accès à une autre parcelle du territoire et aux secrets qu'elle comporte.

 

 

La progression se fait donc de manière très fluide, le tout, sans jamais vraiment forcer le joueur à suivre un itinéraire déterminé à l'avance. Link va petit à petit devenir de plus en plus fort mais vous aussi, aux commandes, apprenez à cerner les secrets d'Hyrule.

The Legend of Zelda est aussi le premier jeu à abandonner le système rigoureux des mots de passe et intègre directement dans sa cartouche une pile de sauvegarde qui vous permettra de reprendre l'aventure au point même où vous avez éteint la console. Une prouesse pour l'époque et un confort supplémentaire pour une aventure plutôt longue et difficile.

Beaucoup d'éléments feront la légende de ce premier jeu mais on ne peut passer outre les musiques de Koji Kondo qui vont donner une véritable identité à cet univers. Le thème principal qui vous accompagne durant l'exploration d'Hyrule va devenir mythique. Tout simplement.

Tout ça pour dire que The Legend of Zelda réussit à apporter dès le milieu des annés 80 énormément d'innovations dans la construction d'un jeu. Original et techniquement au point, le jeu remporte un fort succès, se vendant à plus de 6,5 millions d'unité dans le monde. Link entre déjà dans le coeur des fans.

 

Nintendo Entertainment System Zelda II The Adventure of Link

Bien que suite directe de The Legend of Zelda, Zelda II Adventure of Link est l'un des épisodes les plus atypiques de la série.

Développé par une équipe différente de la première, toujours dirigée par Miyamoto, le jeu change radicalement d'orientation. Le premier changement à noter est bien sûr le plus évident, un scrolling horizontal est cette fois-ci préféré à la vue du dessus adoptée par le premier épisode. Evidemment, le gameplay lui aussi subit de grandes modifications. Les équences d'esploration du monde d'Hyrule en vue de dessus existent toujours mais ne constituent plus le coeur de l'action

Link devient tout d'un coup beaucoup plus agile, est désormais capable de sauter, de donner différents coups d'épée, d'utiliser de la magie. Zelda II est donc une suite qui va exiger de vous beaucoup plus d'habileté manette en main d'autant plus que le jeu est très difficile.

 

 

Et si l'on gagne en dynamisme, on ne perd toutefois pas en devoir d'exploration. En effet, il vous faudra toujours partir à la recherche des donjons disséminés un peu partout dans le monde d'Hyrule, même si ces derniers sont tout de même plus faciles à trouver.

L'aspect rpg a d'ailleurs été renforcé dans ce deuxième volet de la série. Sur votre chemin, vous traverserez des villes dans lesquelles vous pourrez discuter avec les habitants. Certains vous donneront des pouvoirs qui vous permettront de progresser. Ces derniers remplacent d'ailleurs les armes de complément telles que l'arc, les bombes, le boomrang, sans oublier que le combat à l'épée, primaire dans The Legend of Zelda, devient une composante majeure de Adventure of Link. Vous gagnerez d'ailleurs des points d'expérience à chaque adversaire vaincu qui vous permettront d'agrandir votre barre de vie ou de magie, soit d'infliger plus de dégâts.

 

 

Graphiquement plus fin que son prédécesseur, esthétiquement plus riche, avec un héros beaucoup plus détaillé et des animations bien supérieures, cette suite va tout de même décevoir les amateurs de la première heure. Titre beaucoup plus orienté action à la maniabilité tout de même assez approximative, le charme qui opère n'est plus le même. Et s'il reste globalement un jeu de bonne qualité, il ne rencontrera pas le même succès commercial et d'estime.

Adventure of Link apportait cependant son lot de nouveauté, tant d'éléments qui vont toutefois être abandonnés par la suite.

 

L'Apogée d'Une Formule

Avec l'avènement de la Super Nes en fin d'année 1990, Nintendo décide de prolonger la série avec un troisième épisode qui va tirer ses qualités du premier volet, The Legend of Zelda. Sorti en 1991, A Link To The Past est aujourd'hui considéré par beaucoup comme étant le meilleur opus de la série.

Et si le débat existe encore et toujours entre les amateurs de cette troisième épopée et ceux qui ne vivent que pour Ocarina of Time, on ne peut que reconnaître les grandes qualités ludiques de A Link To The Past qui fait office de référence du genre aventure / jeu de rôle.

Cette formule sera d'ailleurs reprise avec succès par la première apparition de la saga sur portable ( exception faîte de la version Game & Watch ) avec Link's Awakening sur GameBoy, excellente itération.

 

Super Nes The Legend of Zelda A Link To The Past

The Legend of Zelda premier du nom fait déjà office de pierre angulaire du Jeu Vidéo, A Link To The Past, quant à lui, peut soulever le trophée de titre culte, l'un des meilleurs de son genre, l'un des meilleurs toutes catégories confondues, peut-être.

Très proche de l'aîné de la famille, A Link To The Past enrichit considérablement le principe que l'on commence déjà à connaître.

Dans le fond, le jeu reste le même. Vous êtes encore une fois aux commandes du petit Link, encore une fois chargé de sauver la princesse Zelda capturée par le maléfique Aghanim, sbire de l'infâme Ganon qui convoite de nouveau le pouvoir de la Triforce.

Mais les capacités techniques de la Super Nes et l'utilisation d'une cartouche 8 Mbit vont permettre de donner une plus grande ampleur à une formule qui avait déjà pour effet de faire vivre une grande aventure.

 

 

Première chose, les graphismes impressionnent pour l'époque. Le monde d'Hyrule est beaucoup plus détaillé, le personnage de Link et les différents PNJ ont tous fait l'objet d'un travail de précision, les détails fourmillent dans des tableaux beaucoup plus grands qu'auparavant. L'univers prend vie et marquent à jamais des joueurs hypnotisés par une direction artistique très réussie. Même les effets pour l'époque étaient somptueux. Prenez par exemple les premières minutes de jeu où vous devez vous diriger sous la pluie et la foudre vers le château le plus proche afin de secourir Zelda. N'oubliez pas non plus les effets de zoom facilités par un mode 7 qui fascine dès les premières minutes de jeu.

Beaucoup seront marqués aussi par la grandeur du monde d'Hyrule. S'il n'est en soi pas beaucoup plus grand que celui du premier épisode, les tableaux sont toutefois plus vastes, plus riches et aussi beaucoup plus variés. Lacs, déserts, cavernes, sommet de montagne...Les secrets sont toujours présents. On peut penser par exemple aux grottes emplies de secrets cachées sous des buissons voire sous des tombes, les repaires de bandits sont toujours là, pleines de rubis...

Les donjons aussi ont fait l'objet d'un gros travail. Beaucoup plus tortueux, composés de plusieurs étages, remplis de créatures plus variées encore, ces derniers se révèlent souvent être de véritables casse-têtes et vous promettent de longues minutes à chercher la clef qui vous permettra d'accéder aux fameux boss, toujours présents et toujours aussi dangereux.

A noter que le jeu est incontestablement plus facile que ses prédécesseurs même si les derniers niveaux de l'aventure se révèlent impitoyables et riches en pièges.

 

 

L'inventaire s'enrichit aussi grandement. Si l'on retrouve l'arc, le boomrang, les bombes du premier opus, d'autres items font leur apparition. On pense notamment au marteau, au célèbre grappin, aux baguettes de feu et de glace, à l'ocarina, au miroir magique, au filet à papillon...qui enrichissent considérablement le gameplay. Votre équipement connaît aussi beaucoup plus d'évolutions mais vous devrez pour la plupart les chercher pour espérer les dénicher et croyez-moi, difficile de tous les trouver dès la première la partie.

J'oubliais aussi l'apparition d'un monde des Ténèbres, univers parallèle où la Triforce se retrouve entre des mains démoniaques et modifie le monde selon les volontés de son créateur. Et même si la construction du territoire reste la même, les accès changent, les passages ne sont plus similaires, les ennemis non plus et il vous faudra évidemment apprendre à connaître les nouveaux chemins pour espérer progresser. Le tout permet au jeu de prétendre à une durée de vie d'une vingtaine d'heures environ, grand minimum, le tout sans jamais lasser un joueur prêt à tout pour connaître les moindres secrets d'Hyrule.

Il y a énormément de nouveautés apportées par A Link To The Past. La formule est évidemment beaucoup plus riche mais l'univers se définit une nouvelle identité à laquelle les joueurs vont tous adhérer. Rares sont ceux à ne pas apprécier cet épisode qui reste encore aujourd'hui le meilleur en 2D, incontestablement.

Il fera d'ailleurs l'objet de portages, le premier sur GameBoy Advance en 2002 avec un ajout non négligeable, Four Swords, aventure qui se joue à plusieurs, et une autre plus classique sur Wii Vitual Console.

 

GameBoy The Legend of Zelda Link's Awakening

Et si A Link To The Past n'est rien d'autre que l'apogée de la formule 2D de la saga Zelda, sa descendance n'en est toutefois pas moins réussie. Link's Awakening sorti sur GameBoy en 1993 constitue une excellente surprise pour l'époque tant il se rapproche en beaucoup de points de la version Super Nes.

Pourtant exclusif à une console portable aux capacités techniques bien inférieures aux consoles de salon, uniquement en noir et blanc, cette version de poche réussit l'exploit de proposer un jeu au gameplay quasi-similaire, d'une longueur étonnante et à l'univers charmeur.

En effet, Link's Awakening profite de son passage sur le pavé portable de Nintendo pour perdre le ton "sérieux" propre à la série. Le fait que Link durant un voyage en bateau plonge dans un rêve profond et se retrouve sur la plage d'une île du nom de Cocolint justifie d'ailleurs l'humour de cette aventure. Ne soyez donc pas étonné de retrouver un personnage qui fait fortement penser à un certain plombier moustachu, ni de tomber sur Will Wright ( créateur des Sims, Sim City, Spore... ) lui même, sur Wart, le grand méchant de Super Mario Bros. 2, sur un Chomp ou un Maskass...Vous pourrez aussi discuter avec les divers animaux qui peuplent l'île, voler des items chez le marchand qui vous punira à votre retour par un game over inévitable, j'en passe et des meilleures...

 

 

Pour l'anecdote, vous rencontrerez une sirène qui a perdu son bikini et qui n'hésite pas à vous traiter de "petit coquin" si vous plongez autour d'elle. Cette scène sera censurée dès son passage au Etats-Unis où la créature marine prétend avoir perdu son collier de perles.

En dehors de ce ton décalé qui fait tout le charme de cette version GameBoy, Link's Awakening reste un épisode au contenu très solide. L'île de Cocolint va exiger de nombreuses heures d'exploration, les donjons ( moins d'une dizaine ), s'ils sont un peu moins grands que dans A Link To The Past, sont riches en énigmes assez coriaces...

Ce jeu est cependant moins fourni en secrets de toutes sortes mais propose des choses plus ou moins inédites. Tout d'abord, l'intégration d'une grosse quête annexe qui repose sur des échanges d'objets entre personnages et que vous devrez accomplir au cours de votre progression. Et si les donjons sont un peu moins longs et les extérieurs un peu moins riches, les séquences d'exploration qui lient deux temples sont, en revanche, beaucoup plus travaillées. De véritables compagnons vont prendre de l'importance dans le scénario ce qui donne lieu à des scènes intermédiaires intéressantes et très divertissantes. C'est d'ailleurs à ces moments précis que Marine et Link vont collaborer et nouer une relation certes superficielle mais qui donne une véritable identité à Link's Awakening. L'aventure n'est plus uniquement centrée sur le rôle de l'Elfe et fait jouer des personnages secondaires que l'on prend plaisir à côtoyer.

 

 

Quant à l'inventaire de notre héros, celui-ci est plus léger mais comporte un objet inédit et qui enrichit grandement le gameplay, la Plume de Roc. Cet item permet enfin au personnage de sauter afin d'éviter certains obstacles ce qui ajoute un côté plate-forme que l'on ne connaissait pas dans la série sauf avec l'exception Zelda II. Et si le jeu se déroule encore avec une vue du dessus, la mise en place de tableaux en scrolling horizontal permet au joueur de s'amuser à faire sauter l'ami Link dans tout les sens. Ces passages très agréables sont malheureusement assez rares bien qu'on les retrouve régulièrement au cours de l'aventure.

Classique mais original, Link's Awakening jouit d'une certaine côte auprès des fans qui se sont émerveillés des heures durant devant leur GameBoy avec un jeu aux graphismes certes minimalistes mais dont le gameplay, le sentiment d'aventure et un ton plus détendu procurent une expérience originale et complète. Souvent oubliée, cette première version sur GameBoy montre encore aujourd'hui de grandes qualités ludiques et rend honneur à une série qui a parfaitement su déménager sur une console aux qualités techniques moindres. Un véritable exploit en 1993.

Dernière chose, Link's Awakening prendra des couleurs dans une version qui sortira plus tard sur GameBoy Color, Link's Awakening DX, dans laquelle un nouveau donjon fera son apparition qui joue justement sur cette alternance des couleurs et propose, chose anecdotique, de faire des photos et de les imprimer via le GameBoy Printer.

 

Une Nouvelle Ere

La série va connaître son heure de gloire en 2D avec les épisodes A Link To The Past et Link's Awakening respectivement sur Super Nes et GameBoy.

Avec l'arrivée de la Nintendo 64 en 1996, il est très clair que Nintendo se prépare à donner une nouvelle dimension à une série qui n'a désormais plus rien à prouver. Et après de nombreuses années de travail, le projet va finalement prendre forme pour donner Ocarina of Time, considéré par beaucoup comme le meilleur épisode de la saga, à défaut, le plus révolutionnaire.

Le même moteur va être réutilisé en 2000 pour donner naissance à Majora's Mask, opus qui va connaître un succès moindre malgré des qualités incontestables. Explications.

 

Nintendo 64 The Legend of Zelda Ocarina of Time

Ocarina of Time occupe une place très particulière dans le coeur de nombreux joueurs qui découvraient avec la PlayStation, la Saturn et la Nintendo 64 les jeux en trois dimensions.

Sorti en 1998, le cinquième épisode de la série va toutefois marquer les esprits. Les raisons de ce succès commercial et d'estime sont nombreuses tant le titre dispose de qualités énormissimes. Révolutionnaire pour son époque et au gameplay efficace aujourd'hui encore, OoT est considéré par beaucoup comme le meilleur volet d'une saga pourtant ancienne. Et si cette appellation est parfois contestée, il est clair et net qu'il est celui qui suscite le plus de passion de la part des fans. Véritable référence du genre, ce premier essai sur Nintendo 64 est un véritable choc et fait encore parler aujourd'hui.

Ocarina of Time aura pourtant eu du mal à voir le jour. Conçu à l'origine pour être intégralement joué en vue subjective, Miyamoto et toute son équipe vont finir par préférer une caméra située derrière le personnage de Link pour pouvoir noter la croissance du personnage qui passera brusquement de l'enfance à l'âge adulte au cours de l'aventure. Qui plus est, à la vue des premiers trailers et du résultat final, on se rend bien compte que les changements apportés sont nombreux. Le gameplay est plus posé, l'action est plus lisible avec des combats plus réalistes, les environnements sont plus fins et plus riches.

 

 

Et c'est après trois ans de travail intensif qu'Ocarina of Time va finalement voir le jour sur Nintendo 64, lui qui fut barré par le développement en amont de Mario 64, notamment. Le succès critique est énorme, le jeu fait un carton et connaît un excellent départ en terme de vente pour l'époque. Pour la symbolique, Famitsu donnera la note mythique de 40 sur 40, chose extrêmement rare à la fin des années 90.

Ocarina of Time va avoir la chance de représenter la crème de la crème du jeu d'aventure à une époque où les jeux 3D sont pour la plupart certes frappant visuellement mais pas toujours au point en terme de gameplay ou de finition graphique. La différence est qu'Ocarina of Time est un titre achevé. Complet, très long, au niveau graphiquement, ce dernier réussit surtout l'exploit de transposer une formule connue et au point dans un environnement en trois dimensions.

La claque est violente pour des joueurs encore peu habitués à apprivoiser des mondes d'une si grande ampleur. La terre d'Hyrule prend vie sous les yeux de gamins éblouis une aventure qui alterne parfaitement entre longues séquences de d'exploration et donjons vastes et colorés dont certains vont donner le tournis. Nombreux seront marqués par les premiers pas effectués dans l'immense plaine d'Hyrule qui sert de passage intermédiaire entre les différentes zones du jeu. La direction esthétique est grandiose. Et bien que marquée par quelques imperfections ( les Grandes Fées... ), Ocarina of Time séduit par le vert chatoyant de la Forêt Kokiri, la chaleur et l'aridité des Montagnes de la Mort, l'imposant Lac Hylia et l'exotisme de la Vallée Gerudo. Les personnages secondaires vont aussi gagner leur place dans la mythologie. Les Gorons, créatures à la puissance surhumaine et au dos fait d'écailles et de roches, les Zoras à la peau bleutée et aux têtes triangulaires vont revenir régulièrement dans les Zelda.

En dehors du fait que rarement un univers aura été aussi immersif, Ocarina of Time propose à la manière d'un A Link To The Past une aventure riche en évènements et longue.Après avoir fait vos armes pendant plus d'une dizaine d'heures sous les traits d'un enfant, Link va devoir remettre de l'ordre dans Hyrule au cours d'une quête dans le futur bien plus complète encore. Ce changement de génération va plaire à beaucoup, tellement d'ailleurs qu'il ne sera que très peu repris à l'avenir, que ce soit pour un titre de la même série ou à l'extérieur. Evidemment, le monde va changer en sept années et les possibilités offertes au Kokiri ne seront plus les même. Son équipement ne lui sied plus et d'autres armes lui seront alors mis à disposition, il peut atteindre des passages auparavant inaccessibles...

Le tout est évidemment accompagné d'un gameplay aux petits oignons. Bien que la caméra soit fixe, celle-ci ne quitte jamais le dos de Link ce qui permet de parfaitement garder le Nord que ce soit dans les vastes environnements ouverts ou dans les donjons plus étroits, parfois tortueux. De plus est instauré un système ingénieux de lock qui permet de cibler un créature hostile pour l'attaquer toujours directement ou pour interagir avec des objets du décor ou des personnages situés en hauteur. La manette si particulière de la Nintendo 64 est bien connue pour être conçue pour Mario 64 mais Ocarina of Time bénéficie aussi de son ergonomie unique. S'en ressent un confort de jeu, la possibilité de toujours remettre la caméra dans son dos avec le bouton Z et d'associer des raccourcis aux touches C afin de pouvoir enchaîner des actions complexes en toute fluidité.

 

 

Mais Ocarina of Time est avant tout un ensemble de souvenirs. De magnifiques souvenirs qui vont bercer les joueurs dans leurs rêves. La première chevauchée d'Epona, les musiques toujours somptueuses de Koji Kondo, les combats grandioses contre des boss impressionants ( Gohma, Vulcania, Bongo Bongo... ), la fameuse quête de l'Epée Biggoron, le célèbre Temple de l'Eau, tout ces passages restent gravés dans l'esprit des joueurs de l'époque.

Clairement, ce cinquième opus frappe un grand coup dans l'Histoire du Jeu Vidéo, imposant sa classe, sa grandeur, sa perfection, sa maîtrise. Ocarina of Time reste l'un des titres les plus novateurs de son genre et l'un des plus marquants de sa génération, c'est dire le tour de force de Miyamoto sur une console qui connaît un succès bien moindre que celui de la PlayStation. Son impact est d'autant plus fort que les épisodes qui vont suivre vont tous se baser sur le même système de progression, sur le même gameplay, sur la même maniabilité.

Il sera offert à ceux qui ont précommandé The Wind Waker ( GameCube ) avec un certain Master Quest, similaire en tout point à Ocarina of Time sauf un, celui des énigmes des donjons qui sont totalement remaniées.Un remake est aussi sorti sur 3DS le 17 juin dernier au grand bonheur de fans qui n'attendaient que sa sortie pour faire acquisition de la console portable.

 

Nintendo 64 The Legend of Zelda Majora's Mask

Alors qu'Ocarina of Time récolte tout les honneurs et la considération des amateurs de la saga Zelda, Majora's Mask, au contraire, se fait oublier du plus grand nombre alors qu'il s'agit selon moi du meilleur Zelda en 3D.

La première chose qui frappe est celle-ci : Shigeru Miyamoto n'est que superviseur sur ce projet là, le gros du travail est confié à Eiji Aonuma et Yoshiaki Koizumi. C'est peut-être à cela que l'on doit l'ambiance si particulière et la progression étonnante de ce Majora's Mask.

Sorti en 2000, deux ans seulement après Ocarina of Time, ce deuxième épisode disponible sur Nintendo 64 présente en effet de très grosses spécificités. Si sur le fond, le titre ressemble trait pour trait à son prédécesseur ( gameplay, maniabilité... ), c'est sur la forme que Majora's Mask se distingue. Une ambiance bien sombre sur fond d'apocalypse, des couleurs plus chaudes, des lieux plus exotiques, voilà tout ce qui fait son charme.

Côté scénario, plus de princesse à sauver. Suite plus ou moins directe de Ocarina of Time, cette séquelle narre le voyage de Link dans des contrées encore inexplorées et inconnues des Hyliens, Termina. Et c'est à dos d'Epona que le petit Kokiri va tomber sur Skull Kid ( que l'on croise dans OoT ), portant le masque d'un démon aux pouvoirs terribles, Majora, et qui pour le plaisir va maudire Link et le transformer en créature des bois, en Peste Mojo.

 

 

La première grosse nouveauté de ce second volet est justement l'apparition de ces masques qui, portés, confèrent à notre héros des pouvoirs très différents. Le premier, la Peste Mojo, lui permet de voler sur de courtes distances et de souffler des bulles, la transformation en Goron lui donne une force extraordinaire, la capacité de rouler sur lui-même et d'atteindre une grande vitesse de pointe. Quant à la troisième transformation, celle en Zora, cette dernière autorise le garçon vêtu de vert à nager avec grâce et agilité dans les eaux les plus profondes d'Hyrule et de se battre à l'aide de ses nageoires.

Clairement, le gameplay de Majora's Mask est enrichi par l'apport de ce système de masques à équiper. Les énigmes vont exiger l'alternance entre les différents pouvoirs proposés ce qui donne lieu souvent à des situations parfois très complexes à éclaircir, notamment dans les derniers donjons du jeu qui n'ont pas à rougir devant la complexité d'un Temple de l'Eau, bien au contraire. Ceux qui auront terminé le quatrième donjon de la Vallée Ikana sauront de quoi je parle.

N'oublions pas qu'il existe d'autres masques. Et si ces derniers n'apportent pas de capacités spécifiques, ils permettent en revanche d'accomplir les nombreuses quêtes annexes disponibles durant l'aventure. Ce dernier point est sûrement un de ceux qui donnent à Majora's Mask tout son charme. Car si l'on ne compte que quatre donjons principaux ( plus deux moins imposants ), l'aventure prend en revanche tout son sens si vous vous amusez à accomplir les différentes petites missions qui vous seront confiées par les pnj rencontrés. En effet, beaucoup d'entre eux ont une petite histoire dont la conclusion se termine souvent par une récompense ( masque, coeur de vie... ). La plus célèbre de ces missions annexes est sûrement la fameuse Quête des Amoureux qui va vous demander beaucoup de courage et de patience tant elle est difficile à mener à son terme.

L'autre particularité de ce Majora's Mask relève aussi de son histoire qui se tient sur trois jours au bout desquels Skull Kid invoque la Lune afin que celle-ci s'écrase sur Termina et que le choc anéantisse toute vie sur le territoire. Au cours de ces trois journées, l'ambiance graphique va changer tout comme le comportement de certains personnages face à l'arrivée imminente de la fin du monde. Vous devrez donc revenir à la charge pour obtenir d'eux certains renseignements, certains accès, certaines concessions qui vous permettront évidemment de vous renforcer. Cela vous oblige aussi à purifier les différentes zones dans lesquelles vous vous aventurerez dans les temps pour obtenir la reconnaissance des populations locales et espérer trouver un moyen de vaincre Skull Kid.

 

 

Cette approche de la fin des temps influe aussi sur l'esthétique globale du jeu. Au fur et à mesure que la Lune s'approche de Termina, les décors vont s'obscurcir, les couleurs vont se réchauffer, tourner vers le rouge et le orange. Majora's Mask profite aussi de l'obligation d'installer l'Expansion Pack de la Nintendo 64 pour proposer des graphismes plus fins, des environnements plus détaillés, de meilleures animations, ce qui donne de la vie au monde de Termina. Cet opus profite donc amplement de cet apport et cela se voit. On remarque d'ailleurs qu'il a mieux vieilli que Ocarina of Time sur ce point. La musique change selon la journée. Bref, le monde change petit à petit.

C'est sur ce point que beaucoup d'avis vont diverger. Alors que certains vont saluer cette orientation plus sombre, cette ambiance plus oppressante, ce système d'avancée dans le temps, une majorité va cependant ne va pas se révéler sensible à ce changement de ton. Le succès de Majora's Mask est bien inférieur à celui de Ocarina of Time, faute d'avoir su séduire tout les amateurs. En effet, l'intégration de ce compte à rebours a aussi un effet pervers, celui d'obliger le joueur à revenir au premier jour dès que l'on s'approche de la catastrophe qui se solde par un game over. Les aller-retours sont donc fréquents, chose qui va déplaire à nombre d'amateurs.

Pour l'anecdote, il existait tout de même une astuce pour ralentir considérablement l'écoulement du temps. Pour cela, il suffisait tout simplement de jouer les notes de la Mélodie du Temps à l'envers. Cela allongeait de manière non négligeable le laps de temps durant lequel vous pouviez terminer les donjons, voyager dans la plaine Termina...

Mais si cela posait problème à certains, il est clair que Majora's Mask apporte de très grosses nouveautés à la formule. Avec un gameplay grandement enrichi, une durée de vie conséquente bien que les donjons soient moins nombreux, une direction artistique différente mais toujours aussi charmeuse, plus encore à mon goût, et une difficulté réhaussée, les énigmes étant bien plus tordues surtout vers la fin du jeu, Majora's Mask reste sûrement le meilleur de la série en trois dimensions. Pourtant boudés par nombre de fans, il présente des qualités ludiques et artistiques incontestables qui font de cet épisode le plus complet de la saga en terme de contenu, assurément.

Il n'aura toutefois pas sû séduire un aussi large public et ne rééditera pas le succès commercial de Ocarina of Time bien qu'il soit selon moi plus intéressant, plus achevé, plus riche que son aîné. Question de goût. Aujourd'hui encore, Aonuma prétend qu'il travaille pour tenter de reproduire le chox Ocarina of Time. Il y est pourtant déjà parvenu en 2000.

 

La Saga Zelda : Seconde Partie