Alors que certains d'entre nous sont actuellement la tête dans les mains devant un sujet impossible, ou d'autres qui pleurent parce qu'ils ont oublié leur calculatrice Texas Instrument 84 Plus avec tous leurs cours enregistrés dedans, je me suis dit que ça serait l'occasion d'un billet sympa sur mes souvenirs de BAC. L'Ayant passé deux fois, jai deux fois plus de souvenirs en plus ! Ce qui n'est pas forcément une bonne chose. . .

 

Ah le BAC, cette période étonnante qui se passe juste après l'E3 et Rolland Garros, et encore mieux pour qui, comme moi, l'a passé en 2006 en pleine Coupe du Monde de Football où la France a eu la bonne idée d'aller en Finale... Cette période très courte qui te rappelle que la fameuse Semaine de Révision aurait du s'appeler une Année de Révision, ou alors une Semaine d'Angoisse. Au Choix. De mes souvenirs de BAC, je ne peux retenir que les mauvais, car de bon il n'y en a finalement qu'un : celui où tu vois que tu l'as et que tu peux enfin accéder au troisième niveau. 

Déjà, laissons un petit souvenir au Bac de Français qu'on passe en 1ère, celui où je dois analyser Le Bateau Ivre de Rimbaud, et où je m'engueule presque avec l'interrogatrice, sur le véritable propos du texte. "Ah oui merde" me dis-je interieurement, j'avais eu la même discution avec la prof cette année, bon tant pis, montre lui que t'as des couilles et que même si tu n'as pas les mêmes idées, tu as de l'argumentaire ! 11/20. Salope. 

Une petite pensée au Bac blanc, cette période où tu as tellement de devoirs, que réviser pour un faux bac te parait aussi pertinent que de comprendre les paroles d'une chanson d'Etienne Daho. Alors tu y vas, l'air décontracté parce que "c'est pas le vrai Bac on s'en branle". Sauf que là, tu te rends compte que les sittings, blocus et autre Ocus Pocus de la semaine passée ont transformé ton Lycée en décors de Prison Break. Alors tu dois sauter par dessus la barrière (vive Henry Des), et là tu entends un petit "poiinng" assez étrange... AH BAH OUI ! J'ai pété le bouton dmon jean ! 7h30, et jsuis obligé de tenir mon froc par la poche centrale de mon sweet, parce qu'en plus je trouvais pas ma ceinture ce matin... GENIALE ! Alors tu passes la journée la main dans le froc, histoire en plus de donner l'impression à ton prof de Maths que tu te masturbes pendant l'exam, dans le genre le mec qu'a pas compris pourquoi on appelait ça un "bac blanc". 

 

 

On pourrait également parler de cette fille, tu sais, la fille de ta classe que t'aimes pas trop, celle qui révise ses fiches de bac en Février pendant que tu rush les révisions du DS de Chimie dans 15 minutes. Celle qui prend des vitamines au Self pour avoir une meilleure mémoire. Celle qui a peur de ne pas avoir son bac alors que sa plus mauvaise note dans l'année c'est 14/20 en Philo... Mais au contraire, on pourrait parler de l'autre fille, celle que t'aimes bien, avec qui tu te marres, qui a l'air de réviser encore moins que toi et te donnes envie de faire le con au CDI. Celle qui met des débardeurs moulant à l'arrivée des premières chaleurs... Tu sais, la raison pour laquelle ça fait 20 minutes que t'es sur la même page, parce que ton regard se perd dans les formes outrancières de sa jeune poitrine pleine de promesses... Cette fille aussi te fait chier, parce qu'en apparence elle en branle pas une, mais chez elle, elle buche de 18h à 23h, tu sais cette tranche horaire pendant laquelle tu as le temps de poser ton sac, prendre un encas, t'assoir sur ta chaise, ouvrir ton classeur, regarder une mouche tourner autour de ton stylo pendant 3 heures, descendre manger, mater un film en famille... 

 

 

C'est alors que dans un sursaut d'orgueil tu te dis qu'il est temps de réviser comme une vraie petite lycéenne chevronnée. Alors tu prends tes cours de SVT, tu te poses sur ton lit avec une bouteille d'eau, ta trousse, tout ce dont tu as besoin pour ne pas avoir à sortir de ce lit.Tu commences à lire, et petit à petit tu es stressé par le silence pesant de ta chambre... Un peu de musique ne te ferait pas de mal pour accompagner ce dur labeur ! Alors tu branches ton Ipod, musique à fond, coupé du monde.... Et tu te réveilles 2 heures plus tard avec tes feuilles de cours encore à la main... Décidemment moi et la musique... Alors le lendemain tu te dis que cette fois ci, plus de musique; tu te lances corps et âme dans tes révisions, mesurant de plus en plus cette Montagne à gravir pour être prêt... Stressé cette fois ci par la dure réalité d'un programme scolaire aussi dense qu'une crotte de constipé, tu sors de ta chambre pour aller faire ton petit pipi de l'angoisse. Tu y restes évidemment beaucoup trop longtemps, soudainement absorbé par cette tache d'encre de stylo sur ta main, qui semble avoir les mêmes traits que le Grand Schtoumpf.. Mince il faut sortir ça commence à devenir suspect. Et, à l'insu de ton plein gré, alors que tu remontais dans ta chambre, tu vois ton père mater ce qui semble être un excellent match de tennis; et évidemment c'est aujourd'hui que tu t'es trouvé une passion folle pour ce sport ! Obviously. 3 Sets et 3 heures plus tard, tu remontes dans ta chambre où tes affaires avaient cessé de t'attendre. "Ce n'est pas ma faute!" leur répètes tu sans cesse, c'est quand même pas de bol quoi, non mais...

 

Arrive enfin le BAC, le vrai. Tu n'as pas dormi une seule seconde, ton bol de chocapic sonne comme le dernier repas d'un condamné... C'est le grand jour. Tu traines la patte encore plus que d'ordinaire pour te rendre à ton arrêt de bus. Le car est plongé dans un silence glacial, car il n'y a que des Terminales... Les élèves se partagent entre ceux qui révisent le classeur fixé à leurs cuisses, ceux qui écoutent de la musique en regardant d'un air absent le paysage qui défile comme la métaphore de toutes ces années de lycée insouciantes qui ne se résument qu'à une semaine d'examen... Il y a ceux qui faignent de ne pas être atteint par cet évènement, mais qui sont bien seuls lorsqu'il s'agit de rire de bon coeur à leurs blagues... Il y a ceux, comme moi, qui ont coupé le courant le temps du voyage, qui se sont mis dans une bulle, comme un gladiateur avant l'ultime affrontement, ou comme un pauvre bougre avant son exécution... 

Arrivé au lycée, c'est le moment de se séparer de ses potes, dernière humiliation castratrice de la part d'un Ministère qui t'informe que tu es seul, définitivement seul. Tu tombes sur ta salle, les noms de chacun des candidats collés à leur table respective. C'est là que tu te rends compte que certains sont tellement stressés qu'ils paniquent à l'idée de ne pas trouver leur table... Certains deviennent cons et se mettent à une table qui n'est pas la leur... Tu t'assois, tu poses ta trousse, ta règle... Tu emmènes ton sac à dos sur l'estrade... Tu te rassois... Et tu attends. Une attente interminable, comme un condamné à la Ligne Verte qui attend presque desespéremment le son froid et fatal des pas dans le couloir vide... C'est là que la salle les entend, des talons, en plus. Les dos se redressent, les doigts se crispent, certains sourient de ce spectacle de peur viscérale. Oui mes frères, oui mes soeurs, this is it. Avec un regard autoritaire, ta prof de maths rentre dans la salle avec les Exams de SVT, elle tire un sourire maternel aux élèves qu'elle reconnait. Les enveloppes de la NASA qui contiennent les précieuses pages top secrètes sont ouvertes, les feuillets distribués... Tu te penches avec intérêt sur ce sujet, car tu aimes la Bio, et tu n'es pas mauvais en plus. Et là, tu t'interroges... "Hein? C'est quoi ce sujet on l'a jamais fait? Attends là c'est quoi cette tisane..." Et là tu sens le même regard sur ton voisin de droite, puis celui de gauche, et même sur un camarade de classe... Quelque chose cloche. Tu relis la page de couv', et tu comprends : c'est un Bac pour les spé Phys, et on est tous Spé Bio... 

"Euh Madame..." "Chuuut" répond la surveillante sans daigner jeter un regard. "Non mais Madame..." "Quoi?!" répond elle sèchement. Elle lève la tête, voit qu'il se passe un truc... "C'est pas le bon Exam, Nous on est Spé Bio..." Le Visage de cette mécréante passe par la méfiance, le doute, la suspicion, l'interrogation, et le fermage de gueule total. Elle sort de la salle et en parle à un Pion... Ce Pion traverse le couloir... Dix Minutes plus tard le proviseur adjoint entre dans la salle "faites moi voir..." Pendant ce temps, nous les élèves, on est à la fois amusés par ce couac, déconcentrés, et surtout on réalise qu'on est en train de perdre un temps précieux... 

Des anecdotes j'en ai des pleines marmites ma bonne dame. Comme ce TP de Chimie avec un coeff bien élevé, à faire seul... Encore pire qu'un exam puisque là on a pas le temps de faire un brouillon. On enfile sa blouse, ses gants, pour la première fois de sa vie. On galère comme un porc à réussir l'expérience. "Merde je comprends pas, il me manque des tubes là... Raaaah j'ai pas du comprendre comment on fait..." Et c'est à la fin que ton interrogatrice te demande si tout s'est bien passé... Tu lui dis que t'as pas compris comment faire tous les tests avec seulement trois tubes à essais... Et là elle écarte le bloc de carton où étaient marqués les différents protocoles, pour te montrer qu'ils avaient mis les tubes à essais suplémentaires derrière.... Connasse... 

Mais il ne faut pas se plaindre, car en Tp de Physique une camarade de classe est tombée sur "mon" ordinateur... Celui là même où j'avais interverti toutes les touches du clavier pour montrer, quatre mois plus tôt, que je n'avais pas besoin de voir les touches pour écrire. La pauvre doit toujours m'en vouloir... 

Plus ton Bac avance, et plus tu te fais une idée du résultat. Tu n'en as strictement aucune idée, ce qui est rarement un bon signe. Alors tu complotes, tu élabores des hypothèses. Tu repenses à cette légende comme quoi si un élève de ta classe meurt à l'approche du Bac, tous les élèves de cette classe se voient offrir le Bac, à cause du traumatisme. Alors tu te demandes comment va cette fille anorexique qui était dans ta classe et qui a quitté l'école il y a trois mois... Et si? Non, inutile d'y penser ! 

 

 

Une fois le dernier exam passé, ton code rempli pour la dernière fois sur ces grandes pages à petits carreaux, tu passes par cette période qui précède les résultats. Ce moment où t'es en vacance mais pas totalement, cette épée de Damocles suspendue encore et toujours au dessus de ta nuque. Le jour des Résultats est là. Mais tu ne veux pas aller au lycée pour vérifier. Tu as vu ce que ça donne années après années au Journal de 13h de TF1. Tu as vu ces élèves pleurer à côté de ceux qui sautent de joie. Tu ne veux pas risquer de vivre ça ! Tu passes ta journée à faire F5 sur le site de l'académie aussi perturbé que Gameblog lors de l'E3. Puis vint le moment où, ça marche ! Tu lis les noms, tu cherches le tien. Tu es seul dans ta chambre, ta famille est en bas, à préparer le diner, à jouer à World of Warcraft, à regarder la télé... Et toi tu es seul face à cette dure réalité : tu dois aller au rattrappage.. 

 

Le rattrapage c'est génial. D'abord c'est le coup de fil de ta famille pour savoir si tu l'as, et ensuite c'est les "t'inquiète pas va, c'est qu'une formalité! " ... Tu parles d'une formalité. L'Oral... je suis un scientifique, le seul Oral que j'ai passé c'était le Bac de Français, et souvenez vous, je me suis engueulé avec la prof... Génial... Alors tu révises pour les deux matières où tu penses pouvoir grapiller des points. Tu dois prendre la route à 6h du mat, parce que ton Oral tu le passes dans un lycée à presque une heure de route de chez toi. Tu cherches le lycée... Ton père se gare le plus près de l'établissement, c'est à dire à 2km... Ta mère a eu la bonne idée de mettre de la musique pour rompre ce silence de mort... Mais elle aurait mieux fait  de choisir autre choque que "ça ira mieux demain" de Benabar.... C'est l'heure, tu sors de la voiture, ta mère et ton père te disent "à tout à l'heure". Au moins ils ne m'ont pas dit "Bonne chance", c'est déjà ça. Tu grimpes les escaliers de ce lycée inconnu, tu es loin, très loin. De chez toi, de ta tête, de tout. Tes jambes avancent toute seules les traitres. Tu arrives dans ce couloir sombre, bah oui, pourquoi gâcher de l'argent à allumer le couloir... Il n'y a pas d'argent pour les ratés

 

 

Ici, point d'élève sûr de l'avoir, non. On est tous dans la même galère. On se différencie simplement par la gestion du stress. Certaines filles sont accrochées à leur soeur, ou à leur portable. D'autres sont probablement enfermés dans les WC a vomir le peu de granola qu'ils ont ingurgité ce matin. Et là, quelqu'un approche et dit cette phrase hallucinante. "SVT, qui veut commencer?". NON MAIS T'ES SERIEUSE???! Qui Veut commencer?! Salope. Voulant en finir le plus tot possible, je me lève le premier. Courageux celui qui affronte la fatalité en première ligne, la tête haute. Devant le regard admirateur de ces jolies inconnues qui se demandent comment on peut être le premier à passer, je prends un peu de confiance en moi. Bon Point. Je me place devant mon interrogatrice, qui me donne mon sujet et mes 10 minutes de reflexion. Mon choix de passer en premier est futé, je ne suis pas perturbé par le passage de mon prédecesseur, il n'y en a pas. Je suis seul dans ma bulle face à ma copie. Un sujet que je connais assez bien, quelle chance. Je passe, j'ai soif, la gorge sèche, moi qui joue avec les mots comme avec les boucles d'une femme, je suis tétanisé, et chaque phrase prononcée sans un "euuuh", "gloups" ou "gnagmaksjdsj" est déjà une petite victoire. Mon regard alterne entre les yeux bleues de cette prof, et son crayon qui prend des notes. Que penses tu madame? Suis je dans le bon? On dirait. Elle me pose une dernière question, une question piège? Qu'est ce que ça veut dire? Je ne dois pas me planter, ne pas faire comme avec le Bateau Ivre... Soudain, un éclair de génie : je respire. Ah bah oui, quand on alimente son cerveau en air pur on y voit tout de suite plus clair ! Je lui réponds le plus juste possible, sans bafouiller, de manière très simple et très complète. Elle sourit et note quelque chose sur sa feuille en acquiessant... Elle cherche à me donner une érection ou quoi? 

Je sors de la salle face au regard jaloux de l'élève qui passe après moi. J'avance sur des pavés d'or, une ligne brillante qui trace mon chemin sans embuche aucune. Je rentre dans la salle pour l'Oral de Maths, je suis le troisième à passer... Changement d'ambiance. La pluie commence à tomber sur le simple vitrage de cette salle glaciale. L'interrogateur est un vieux de 55 ans, et je sens qu'il n'a pas envie d'être là. Merde. Le Prof me file mon sujet, aie. J'avais oublié que les Maths ce n'était plus mon fort depuis un an. Je commence à écrire les calculs, à chercher les réponses... lorsque le Prof regarde de loin et me dit "Ah mais non, faut pas faire les calculs, faut que tu me donnes la méthode pour les résoudre!"... Connard c'est maintenant que tu me dis ça? Mon tour arrive, et je ne sais pas du tout comment je dois aborder le sujet. On doit tout donner pour récupérer nos points, et on nous demande de faire un truc qu'on a jamais fait, sans nous expliquer comment faire... Tellement intelligent. Le prof voit que déjà je ne comprends pas vraiment comment je dois tourner l'exercice, et qu'en plus je ne suis pas vraiment à l'aise avec les Maths, alors il me réconforte, il m'explique tout très bien, et il m'encourage... Non mais t'as vu la vierge?! Tu parles, il souffle ostensiblement devant moi pour montrer que ça le gave, il me dit "non mais arrête c'est pas ce que je te demande.." "Bah je sais pas ce que vous attendez que jfasse déjà" lui réponds-je... mauvaise idée. Il me dit d'aller au tableau et de poser le sujet à la craie... Batard. Il regarde sa montre pendant que je galère... Il admire la pluie tomber de plus en plus fort au dehors.... J'ai envie d'écrire un gros Fuck sur le tableau... Mais avant que je puisse m'exprimer, il me dit "Bon, merci bien !" et il met un terme au carnage. 

 

 

Tu rentres chez toi, partagé entre les bonnes impressions en SVT, et le cauchemar en Maths. Et le suspense du Website de l'Académie recommence.. Un Air de déjà vu, pourvu que ça ne se finisse pas de la même façon. Tu reçois des sms "alors???" de tes potes. Tu ne réponds pas. Tu attends. Et finalement, le site s'ouvre, et tu recommences le passage en revue des noms.... Et tu tombes sur ton nom, à côté de Accepté. Quoi? Revérifie! Revérifie encore ! C'est pas vrai... je l'ai. Je demande discrètement à mon Grand Frère de monter. je lui montre. Oui, il me confirme que je ne suis pas devenu totalement schizo. Je descends en informer "Papa et Maman" qui me félicitent, et passeront la soirée à appeler de la famille pour confirmer que le petit passe en Grande Section. Et là, tu réalises que tu es enfin en Vacances ! Le soleil, la plage, les potes, l'alcool, les bikinis et les boites de capotes à acheter à Super U en même temps que ton paquet de fraises tagada. . .

 

 

Le Bac c'est un Boss de fin de niveau, pas le Boss final. Et pourtant qu'est ce qu'on peut en chier quand on a pas le stuff adequat ! Trois années qui se résument à quelques jours d'examen. Mais lorsque tu l'as enfin passé, que ça soit avec succès ou pas, tu peux te dire "j'y étais!". Et c'est bien mieux de le réussir dans la douleur, parce qu'on en prend toute la valeur. Bon Courage aux Bacheux !