Après la semi-déception constituée par Uncharted 3, était-ce au tour de Batman Arkham City de me décevoir. Je veux dire : après avoir été un Indiana Jones en demi-teinte, allais-je enfiler le costume d'un Batman pâlot ?

    Tin...tintintin... (roulement de tambour)...tintintintin !

    Cinq minutes à peine aux commandes, et vos soupçons s'envolent dans le ciel étoilé d'Arkham City. Pas de doute, le nouveau bébé de Rocksteady surpasse son aîné à tous les niveaux. Là où premier se révélait un outsider et possédait un budget en conséquence, le second confirme tous les espoirs placés en lui... Du coup, les Anglais ont joué la carte de la démesure : plus grand, plus beau, plus varié, « plus mieux » en fait.

    Si le terrain s'est agrandi, surfant sur la vague de mondes type « bac à sable », le développeur anglais n'a pas pour autant oublié tout ce qui faisait le charme du premier. À l'heure où beaucoup privilégient le réalisme, dans les graphismes comme dans les mécaniques de jeu, Batman Arkham City ne s'embarrasse pas des mêmes questions (limites ?) et propose un gameplay fondé sur le plaisir de jeu ; tout simplement. Dès lors, on ne s'étonne pas de trouver ici des gargouilles ou des conduits, non, on imagine déjà comment on va assommer un ennemi, achever tel autre, variant les attaques, les techniques comme Batman sait si bien le faire dans les comics ou les adaptations éponymes : avec rapidité, classe, efficacité. En silence aussi. Pour sublimer l'ensemble, et comme pour enfoncer la concurrence, le jeu incorpore le système de combat le plus fun du monde. C'est simple, alors que l'on presse les touches à toute vitesse, des frissons vous parcourent, une excitation s'empare : vous êtes Batman. Hop, je plonge dans le vide, je chope un type par le colbac, je lui colle un gnon, j'attrape au vol le pied du mec qui essaie de me prendre à revers, et je lui décolle une droite qui lui fait voir les étoiles de plus près ! Putain, quel sentiment de puissance ! On court sur les toits, sautant de l'un à l'autre, volant entre les buildings aux constructions gothiques. On croise le Joker, Le Pingouin, et tous les autres méchants de l'univers de la chauve-souris. On découvre leur passé, leur lien dans des menus très bien foutus. L'histoire, sans être une merveille, lie efficacement les intrigues et les personnages, jusqu'à la toute fin, et cette chanson au cours du générique... Chut !

    Et le pire dans tout ça, c'est que le jeu possède encore une marge de progression ahurissante. On voit tout ce qu'il peut améliorer, en gardant ses acquis, et on se dit que la prochaine production de Rocksteady sera juste énorme - qu'il soit un Batman 3, ou Urban Chaos 2 - je sais... je rêve, mais qu'est-ce que j'ai pu l'aimer ce jeu pourtant bardé de défauts.
   
    Enfin - à la condition que vous ayez l'immense fortune d'acheter le boitier neuf -, il y a les parties avec Catwoman. Outre la joie d'incarner la féline préférée de Batou, j'ai retrouvé un peu de ce plaisir malsain que je prenais à jouer à Tenchu, le taillage de colliers en moins. On escalade toutes les surfaces, on s'accroche au plafond, on atterrit derrière les méchants et on les élimine, ni vu, ni connu. Raahhh, j'en ronronnerais presque !

    8.5/10 Batman est gâté : Nolan au cinéma, Rocksteady dans les jeux vidéo. Ce second opus enfonce le clou : mieux à tous les égards, plus fun à jouer, il installe définitivement la série dans le top 10 des licences qui auront marqué cette génération de consoles. Vous l'aurez compris : rater ce jeu pourrait bien la pire faute de goût que vous pourrez commettre cette année.

Simatural