David Jaffe - connu pour son travail sur God of War et Twisted Metal - s'était déjà fait remarquer en suggérant qu'un rachat de Nintendo par Disney serait une merveilleuse opportunité d'évoluer pour le géant japonais.
Mais aujourd'hui, suite à la révélation des résultats financiers, c'est pour prendre la défense du PDG de la firme, Satoru Iwata, qu'il s'exprime longuement sur twitter :
Demander la démission d'Iwata revient à oublier ce qui rend Nintendo génial. Vous ne pouvez pas avoir un succès à la Wii si en même temps vous n'autorisez pas quelqu'un comme Iwata à échouer de façon brutale....
Cet échec peut être un signe que la personne a perdu « ceci » et doit être renvoyé, OU un signe que la personne est encore très compétente et peut faire un très bon travail, mais qu'elle prend le genre de risques qui l'ont mené - dans le passé - à créer de grands succès, et qui cette fois - temporairement - se révèlent être un échec. Vous êtes OBLIGÉS d'échouer si vous voulez progresser et obtenir de nouveaux succès.
À mon avis, vous DEVEZ garder une personne qui échoue pour cette seconde raison (ndt : prise de risque), et vous devez chasser quelqu'un qui échoue pour la première raison (ndt : a perdu « ceci »). Je pense qu'Iwata fait partie de la seconde catégorie, et qu'il a gagné le droit d'échouer davantage qu'aujourd'hui. Et ceci d'un point de vue de gamer ET d'investisseur. Si vous voulez faire des bénéfices, alors soutenez ceux qui échouent correctement. L'échec n'est pas juste une option, c'est même souhaitable si votre but est un gros succès. Et les investisseurs qui n'accordent aucune valeur à l'échec sont des idiots.
Au début, beaucoup pensaient également que la Wii était une mauvaise idée. Mais la question est : Et alors ? Les investisseurs doivent penser DE FAÇON AMBITIEUSE et SUR LE LONG TERME pour des entreprises comme Nintendo... Les entreprises que j'admire sont celles qui ne pensent pas seulement sur les succès à court terme. Si vous regardez les hauts et les bas de l'histoire d'une entreprise, vous verrez que pour investir dans une société comme Nintendo, ces hauts et ces bas sont ce qui la rend géniale.
Imaginez si Sony avait jeté à la poubelle toutes ces fantastiques connaissances et expériences, ainsi que ces DURES leçons apprises (ndt : suite à un échec) en faisant un grand ménage, juste parce que la PS3 ne marchait pas aussi bien que les investisseurs le souhaitaient. Alors oui, parfois la solution est de nettoyer la maison, parfois c'est d'en nettoyer un bout. Mais bon sang, je pense que les gens perdent de vue la valeur de l'échec.
David Jaffe nous rappelle ici une vérité importante : « On ne peut pas gagner à tous les coups ». Les sociétés comme Nintendo, Sony ou Microsoft ont toutes subies des revers à un moment ou un autre de leur histoire, pareil pour n'importe quel éditeur. Mais si une victoire nous conforte sur la valeur de ce que nous avons appris, c'est par l'échec que nous progressons le plus vite. Le plus important est d'en tirer les leçons qui nous serviront pour l'avenir.
La vrai question ici est de savoir si Iwata, et à travers lui les dirigeants de Nintendo, ont les capacités pour rebondir sur cet échec, s'ils peuvent faire le tri entre les mauvaises idées qui ont contribué à cette situation délicate, les bonnes idées qui, mieux exploitées, auraient pu s'opposer à cet échec, voire inverser la tendance, ainsi que les facteurs extérieurs sur lesquels ils n'ont aucun contrôle mais auxquels il reste possible de s'adapter, voire de les exploiter à son avantage.
En ouvrant la réflexion aux smartphones, Iwata souhaite montrer qu'il réfléchit déjà aux moyens de faire évoluer Nintendo (du moins on l'espère, d'autant que ce n'est pas la première fois qu'il déclare s'y intéresser). Avant de l'enterrer, voyons ce qu'il nous propose. Il a déjà sauvé la 3DS, alors que bon nombre de « connaisseurs » la déclaraient morte. Rien ne dit qu'il ne peut pas sauver la WiiU, ou au moins s'appuyer sur son échec (si celui-ci se révèle définitif) pour nous proposer un nouveau concept qui propulsera Nintendo en première place à nouveau.
Vu le passif de Satoru Iwata en terme de succès, on peut au moins lui laisser le bénéfice du doute, non ?