Spank me and make it right again !
C’était le joli cadeau du Digital Event : en octobre prochain, Bayonetta 2 n’arrivera pas seul dans nos WiiU. Le Bayonetta original, dirigé par Hideki Kamiya, accompagnera sa suite, en démat ou sur disque, on n’en sait trop rien puisque les infos divergent. Le meilleur BTA de la dernière génération, gratos (à confirmer), avec trois costumes en plus pour assurer le fan service Nintendo : la tenue de Link, de Peach et la combinaison de Samus.
L’Event parisien de Nintendo était l’occasion de s’essayer à ce portage sur les deux premiers chapitres. J’ai récupéré Bayonetta en cours, lors de l’ancestral combat contre Fortitudo jusqu’au premier affrontement contre Jeanne. Vigrid, comme son nom l’indique, n’est pas une ville chatoyante, et, en comparaison du 2, Bayonetta premier fait grise mine. La génération PS360 n’a pas été celle de la couleur et, en cela, la version WiiU est parfaitement fidèle à son modèle. De l’arcade perfect comme on disait à l’époque, sur le modèle bien sûr de la version 360 et non pas du portage PS3 foireux que PlatinumGames a refilé à Sega. Et même un peu plus, puisque je n’ai pas vu une trace du tearing qui déchirait la superior version. Du bon boulot, en 60 FPS, avec, comme sur l’original, quelques fluctuations.
Ce qui me fait douter de la totale fluidité du portage et de son modèle, c’est que j’ai longuement pratiqué la version 360 et surtout que j’ai désormais vu tourner Bayonetta 2 à côté (les deux jeux n’étaient séparés que par l’écran d’Hyrule Warriors). Techniquement, visuellement et en terme de fluidité, Bayonetta 2 place la barre beaucoup plus haut.
Le jeu explose de couleurs, des armures dorées des anges aux bleus d’une sorte de Venise gorgée de lumière. On retrouvera toujours des passages plus sombres mais les gris ont été remplacés par des noirs d’ébène. Gamepad en mains, le jeu est d’une fluidité remarquable, ne bronche jamais, donnant cette impression qu’il tourne aussi bien que lors des temps de chargement où l’on peut s’essayer à quelques coups (sans décors, ni ennemis). Pour ceux qui ont fait The Wonderful 101, il faut s’imaginer ces mêmes séquences d’entraînement, lors des loading, sans décors, avec juste quelques petits ennemis, quand le jeu tourne à 60 FPS constant. Sauf que Bayonetta 2 réussit cet exploit (sur ce que la démo montrait) même quand on affronte un ange de Lumen furibond avec derrière deux énormes invocations angélique et démoniaque qui s’affrontent. Pour arriver à un tel résultat, PlatinumGames a dû faire quelques concessions. Si les décors sont plus vastes, ils restent toujours assez vides, façon Vigrid. Mais Platinum a eu la bonne idée de concentrer l’attention du joueur sur l’action en misant sur la mise en scène et le spectaculaire : un avion en plein vol, un train lancé à pleine vitesse pris d’assaut par un ange, Gomorrah qui escalade un building façon King Kong… Sur les quelques chapitres de la démo, le jeu ne relâche que rarement la pression.
La première fois que j’ai essayé Bayonetta 2, c’était lors de la Paris Games Week, quelques mois après l’E3 2013. La démo de l’E3 2014 ajoute quelques séquences (le combat contre le sage de Lumen) et en raccourcit d’autres. Elle permet de voir, en 1 an, les progrès que le jeu a fait. Très peu d’aliasing (il faut dire que lors de cet Event Nintendo, les TV étaient de qualité et bien réglées), une animation beaucoup plus fluide (il y a énormément de nouvelles étapes d’animation, PG n’a pas été feignant sur le coup) et une prise en main beaucoup plus réactive. C’est d’ailleurs déstabilisant de passer du premier Bayonetta au second, tant l’original parait presque rigide en comparaison. Je ne sais pas encore si c’est un bon point tant le premier avait un côté rythmique intéressant, un peu à la Virtua Fighter. Bayonetta 2 est beaucoup plus délié, souple et virevoltant. Il n’est pas difficile de placer deux Rising de suite sur un même ennemi. Pour autant, la démo ne m’a pas semblé facile : je n’ai récolté qu’un pur platine et le reste en or, argent ou bronze ; une pierre m’a même sapé le moral. Le jeu étant très rapide, les patterns des nouveaux ennemis sont difficiles à anticiper. Un classique toutefois de PlatinumGames qui charge visuellement beaucoup ses jeux et demande un exercice de déchiffrage de la part du joueur.
La démo permettait de s’essayer à plusieurs armes. Le set classique, avec les quatre pistolets (mains et pieds), est toujours aussi efficace et on pouvait même s'offrir une petite variante avec aux mains ce qui ressemblait aux Roses d’Onyx, les carabines. L’arc, apparemment prénommé Kafka, vient combler une légère lacune de Bayonetta premier du nom sur les armes à distance (le lance-grenade Colonel Kilgore était une arme plutôt lente et le fouet Kulshedra plutôt mi-distance). Très classe à utiliser et surtout à regarder, il faudra plus de pratique pour voir le potentiel de Kafka, mon utilisation s’étant limitée le plus souvent à quelques flèches en traitre ou à une charge de plusieurs flèches. Les très appréciés griffes Durga sont toujours de la partie mais sous une forme visuelle un peu différente. Je n’ai pu les équiper qu’aux pieds. On passe toujours du feu à la glace en effectuant un 360 sur le stick et on peut désormais s’en servir comme lance-flamme ou lance-glace. Autre nouvelle arme, le double katana Rakshasa. En tant que fan du katana Shuraba du premier Bayonetta, j’espère que Rakshasa ne le remplacera pas mais qu’il viendra s’ajouter au set d’armes. C’est une arme à fort potentiel autant à mi-distance qu’au corps-à-corps mais visuellement un peu envahissante avec tous les rubans qu’elle dessine à chaque attaque. Lors de l’E3, Hashimoto, directeur du jeu, a montré d’autres armes : un fouet, sans doute une variante de Kulshedra et une toute nouvelle arme, Chernobog, une faux à 3 dents couplée à un fusil. Faute de temps, je n’ai pas trop voulu pousser l’exploration du set d’armes préférant me consacrer sur le système et son équilibrage.
Une de mes craintes avec le retrait de Kamiya du projet (il n’est plus directeur mais superviseur) c’était l’équilibre général du jeu. Bayonetta était un modèle du genre et mes quelques parties à la Paris Games Week sur Bayonetta 2 avaient fait naître quelques doutes. C’est bien sûr trop tôt pour avoir un avis définitif mais PlatinumGames, un an plus tard, est vraiment allé dans le bon sens, avec des ajustements judicieux. L’Umbran Climax, cette furie qu’on déclenche en pressant L une fois sa jauge de magie chargée, était omniprésente, cheatant beaucoup trop le jeu à mon sens. Sur la démo de 2014, la jauge de magie se remplit plus lentement et l’Umbran Climax s’insère parfaitement entre les combos, les incantations et les attaques sadiques, toujours présentes. Elle semble aussi davantage réduire le score de combo qu’il y a un an.
La démo, plus longue, avec un prologue et trois chapitres, montrait également plus de variété dans les situations de combat. Le risque pour moi c’est de faire de Bayonetta 2 un God of War 3, en misant uniquement sur le spectaculaire avec des ennemis imposants, collés en toile de fond, quand l’intérêt du jeu original était le placement dans l’espace et l’approche variée des ennemis. La démo joue clairement la carte du plein la vue mais savait proposer quelques moments d’exploration (les versets cachés sont toujours là), des ennemis plus standards et un un-contre-un qui devrait devenir au moins aussi culte que ceux contre Jeanne. Petit détail sympathique, la démo offrait une Bayonetta upgradée (transformation panthère et chauve souris, différentes techniques et armes) et quand la sorcière se déplace dans l’eau, elle ne se transforme pas en panthère mais en long serpent.
Même si on retrouve vite ses marques, Bayonetta 2 offre un feeling assez différent du premier. C’est assez criant quand on passe de l’un à l’autre. Le second opus est encore plus nerveux, plus rapide. Les animations très déliées donnent une impression de fluidité dans les enchaînements tandis que le framerate ne bronche pas. Le jeu va très vite, très fort et il faudra beaucoup plus de pratique pour savoir si l’équilibre est parfait ou vire au trop. Sur un court temps de jeu, Bayonetta 2 impose sa classe et met une belle claque. A la fois accessible et technique, il semble mettre la barre encore plus haut mais ceux qui ont usé le premier jusqu’à la corde le savent, c’est après un premier run qu’on saura si on peut compter sur un bon BTA ou sur un BTA d’exception.
par Sopor