De la Nx à la Switch

Que l’attente aura été longue depuis son évocation surprise (Dedicated game system NX) en mars 2015 par Iwata lors de la conférence annonçant le partenariat avec Dena. Que de rumeurs et de fantasmes autour de ce projet mystérieux. Après avoir lâché un peu de lest en octobre dernier afin de donner un peu de grain à moudre aux plus curieux d’entre nous, voici enfin venu le moment de mettre nos petites mains fébriles dessus. Comme d’habitude, Nintendo met les petits plats dans les grands pour proposer le maximum d’expériences jouables et en multipliant les machines accessibles. Au programme, Zelda Breath of the wild, Arms, 1 2 Switch, Splatoon 2, Mario Kart 8 Deluxe, Snipperclips et 8 autres jeux d’éditeurs tiers et indés.

Zelda : Break of the WiiU

Chaque borne propose une prise en main avec le joycon grip (je n’ai pas vu le jeu sur l’écran de la Switch). La prise en main est bonne même si le pad me parait petit en main. La démo est identique à celle de l’année dernière sur Wii U. Comme à son habitude, la jouabilité est bien pensée chez Nintendo, tout répond au doigt et l’œil. Juste une petite habitude à prendre avec les touches + et – étrangement placées.

La patte graphique me fait beaucoup penser à de la peinture, comme une aquarelle avec des tons assez soutenus. Ce n’est pas très moderne techniquement mais le rendu est tout de même très agréable dans l’ensemble malgré des textures pas folichonnes à certains endroits. On constate la présence d’un aliasing certain, peu choquant si on côtoie la Wii U régulièrement.

Même si le jeu laisse une liberté totale de déplacement propre aux « open world », la trame principale vous guide gentiment, si besoin est, vers la prochaine étape de votre périple. Comme à chaque Zelda, ce nouveau voyage sera sans doute épique et laissera une empreinte supplémentaire qui renforcera l’aura de cette mythique série.

Si cette Switch ne renie pas son héritage de la Wii et de la Wii U, ce nouveau Zelda a clairement été conçu sur Wii U et porté à l’identique sur la Switch. N’attendez pas un gap graphique digne d’un remaster. Simple et efficace sont les deux leitmotivs de cette version. On se retrouve dans la même situation que la passation de pouvoir entre le Gamecube et la Wii avec Twilight Princess. Si vous avez déjà la Wii U et que Zelda est l’unique jeu du line up qui vous branche, vous êtes en droit de remettre en question l’achat de cette Switch

Pas de bras, pas de choc aux las…

Le jeu Arms met à l’honneur les (trop) petits joy-con accompagnés de leur dragonne respective. Cela rappelle leur lointain ancêtre, la wiimote. La technologie a miniaturisé le concept, rendu plus précis et agréable : plus de pile, de sensor barre, de calibrage ou de mouvements aléatoires. C’est tout léger et ça tient au creux de la main. Arms est un jeu de boxe en vue TPS dans une arène fermée, qui n’est pas sans rappeler le jeu d’arcade « Virtual On ». D'ailleurs, le jeu se joue à peu près de la même manière en tenant les joy-con comme des joysticks.

Les déplacements, coups, chopes, parades se gèrent avec le motion gaming. On peut même donner des effets dans les coups pour feinter l’adversaire. Des boutons de saut et d’accélération complètent la panoplie des possibilités de mouvement. Le jeu est très vif, nécessite des réflexes et de la coordination. En plus de la traditionnelle jauge de santé, une barre d’ultra se remplit afin de déclencher un super pouvoir dévastateur. Si, à l’instar des grands jeux de fight, on aura le choix dans un panel de personnages variés avec leurs arènes aux configurations différentes, chaque nouvelle manche permettra de modifier ses « poings » gauche et droit, indépendamment, parmi 3 choix possibles aux caractéristiques très différentes.

La DA rappelle clairement les Power Stone avec des personnages cartoonesques et caricaturaux. Arms est une agréable surprise qui nécessitera d’investir dans une seconde paire de joy-con pour profiter du mode VS splitté verticalement. C’est coloré et fun, une vraie nouveauté exclusive à la Switch qui, hélas, ne fera pas partie du line up de lancement de la console…

One, Two, Switch, For, Why ?

Il est là le Wii Sport de la Switch, le NintendoLand qui explique le concept de la console ! Nintendo a modernisé le jeu de « pierre, feuille, ciseaux » sur la Switch. Il s’agit de plusieurs jeux d’oppositions où 2 joueurs se font face, un joy-con en main pour en découdre. La Switch, sans ses 2 joy-con, est mise de côté et ne sert qu’à désigner le vainqueur du duel.

Le temps d’une partie ne dépasse pas la minute. Bien qu’amusant, ces mini jeux, qui réclament réflexes, coordination et précision, ne sont qu’un passe-temps clairement mis en scène pour mettre en avant les caractéristiques techniques des joy-con (mesure au millième de seconde, précision des angles et des mouvements dans l’espace, nouveau système de vibration, HD Rumble).

 

Disponible dès le 3 mars prochain, 1, 2, Switch est clairement le jeu ambassadeur désigné de la Switch, sauf qu’il ne nous reçoit pas à l’ambassade avec un plateau de Ferrero Roche d’or … là, il faudra passer par la caisse ! il est loin le temps des bundles émissaires du nouveau gimmick …

Un Splatoon averti en vaut 2.

Si le premier Splatoon était un essai, on peut dire que Nintendo l’a transformé haut la main. Il était évident que l’on verrait rapidement un nouvel opus. Que dire de plus si ce n’est que le jeu est toujours aussi coloré et vif. De nouvelles personnalisations des squids ont fait leur apparition, ainsi que de nouvelles maps. Les armes et ultras ne sont pas en reste et ne laissent présager que du bonheur pour ce Splatoon 2.

Le « dual screen » de la Wii U a définitivement disparu avec la fonction tactile sur l’écran. Il faut désormais appuyer sur un bouton pour faire apparaitre la map et utiliser le D pad pour choisir son point de spawn parmi ses coéquipiers. En mode nomade, le motion gaming de la Switch fonctionne très bien et désormais le pad pro intègre aussi cette fonctionnalité indispensable au gameplay de Splatoon.

Reste un bémol ; l’annonce d’un online payant dont nous ne savons toujours rien de la partie technique (serveurs dédiés et régionaux ?) … J’espère des précisions là-dessus avant sa sortie l’été prochain.

un Mario Kart 8 Deluxe et une grande frite, siouplay?

Dans la famille portage de feignant, je voudrais MK8 ? bonne pioche ! Certes la version Switch n’a quasiment plus d’aliasing sur la télé (les télés de démo sur les salons ne sont jamais terribles) et le jeu reste impeccable sur l’écran de la Switch.

On trouve aussi des items doubles , des personnages inédits. La seule grosse nouveauté de cette version reste l’ajout du mode Battle dans sa forme la plus classique mais toujours autant appréciée des fans de la série. Même amputé du populaire mode battle, MK8 était le fer de lance des jeux de la Wii U. Ce seul ajout sur la version Switch justifie-t-il de repasser à la caisse? A moins que les plans de Nintendo ne prévoient de fermer les vannes du online gratuit de la Wii U à court terme … réponse fin avril.

Et c'est pas fini ...

L’eshop proposera une création originale, Snippersclips, le 3 mars. Un jeu de de réflexion/action en collaboration, à l’instar d’un Zelda Triforce, mais sur un plan en 2D.

Les jeunots Just Dance , Skylanders et Fast (dans leur versions Switch) côtoient des antiquités essayant de faire vibrer la fibre nostalgique des trentenaires et plus. Street Fighter II, Bomberman et Sonic (en 2D) sont ce que les éditeurs tiers ont apparemment de mieux à proposer à la Switch pour lui témoigner leur soutien. Curieuse approche à moins de 2 mois de la sortie de la Switch !

Oui mais la Switch alors ?

Parlons peu, parlons bien ! la Switch a un niveau de finition rarement vu sur une machine Nintendo, digne de fabricants de hardware expérimentés, par le choix du design ou de plastiques qualitatifs. La présentation dans un arceau métallique dans le salon ne permet pas de juger son poids correctement.

L’écran est très lumineux et ne montre pas de rémanence particulière. Il est moins contrasté que l’écran OLED de la PS Vita pour une résolution légèrement supérieure. Les touches et sticks sont plus petits que ce que l’on trouve sur les consoles habituelles. Pas sûr que ceux qui ont de grandes mains apprécient ce côté miniaturisation.

L’aération se fait par ventilation active, on sent un léger souffle chaud sortir des buses d’aération au-dessus de la Switch (autour de 40°C alors que la console tournait non-stop depuis le matin). Je n’ai pas constaté de vibration particulière en conséquence et l’ambiance sonore ne m’a pas permis de juger si la console faisait un bruit spécifique.

La prise en main est bonne, l’ergonomie générale semble avoir bénéficié d’un soin attentionné et rien ne laisse présager des problèmes d’utilisation sur la durée. Le pad pro se rapproche du pad de la Xbox 360 dans la disposition des sticks et des touches, sauf pour les gâchettes qui ne sont apparemment pas analogiques. Le seul bémol vient plutôt des joy-con lors d’une prise en main en pad traditionnel du fait de sa petite taille. Le joueur qui a le joy-con droit est clairement désavantagé : le stick directionnel se trouve au milieu du pad.

N’ayant pu manipuler le dock, je ne me prononcerai pas sur les connectiques et autres suppositions de fonctions supplémentaires destinées à la Switch

La Switch est une belle machine, héritière du passé glorieux de ses aïeules de salon. La mobilité est peut-être encore la seule chose qui la relie à la branche des consoles portables. En tant que père de famille nombreuse, je juge son prix d’appel élevé, ce qui n’encourage pas à s’équiper de plusieurs machines sous un même toit (au revoir les LAN familiales que permettaient les 2DS). Le prix des accessoires pour profiter de parties locales en multi-joueurs ne m’enthousiasme guère plus. La Switch me parait être proposée comme une console de joueur solo, loin de l'image conviviale et financièrement abordable que Nintendo véhicule depuis longtemps.

On sent encore de la confusion de la part de Nintendo dans les derniers préparatifs avant la sortie. On n’a toujours pas de line up clairement identifié et daté. Il reste encore quelques semaines à Nintendo pour éclaircir l’horizon avec un Nintendo Direct.