Nous sommes le 14 novembre 2010. Je suis déprimé. Mais vraiment, hein ! Et ce n'est pas à cause de la garde qui s'annonce...

08h31 : Non, je ne veux pas y aller... Non, non, non... Ah, j'y suis, finalement. Un peu en retard. Mais je n'ai rien raté. Sophie est là pour m'accueillir. Tout est calme... du moins, pour l'instant.



L'intelligence, la finesse d'esprit, un peu de folie : voilà Sophie !

09h00 : Fred, l'externe de médecine, est arrivé. Sinon, rien...

09h12 : Un patient dyspnéique. Fred voudrait qu'on l'accompagne, mais j'ai un mal fou à me motiver. Bon, j'y vais quand même, ça ne coûte rien.

09h14 : Finalement, il est déjà en train d'être vu par un interne. Ce sera pour une prochaine fois.

09h15 : Sophie et Fred se décident à voir quelqu'un d'autre. Je les laisse y aller : trois pour un seul patient, c'est trop...

09h30 : La première suture de la journée ! Patient d'une vingtaine d'années qui vient pour des plaies à la main suite à une bagarre avec son frère. Le chef du jour ne vient pas voir la plaie : il me fait confiance. D'accord...

Le dimanche matin ? J'adore !

10h30 : Plaies fermées, dossier rempli, bons de sortie donnés, quelques chaleureux remerciements destinés à ma personne et le suturé s'envole vers d'autres cieux ! Même pas le temps de savourer : CH m'appelle au bloc. Je ne veux pas y aller !

11h45 : Déjà sorti ! Une fois n'est pas coutume. CH et Amine, l'interne, s'affairaient sur une fracture per trochantérienne en posant une vis plaque. On a dû s'arrêter là, l'anesthésiste de garde étant appelé ailleurs pour une urgence urologique. Ils vont donc manger tandis que je retourne à mon poste. Pas de traces de mes coexternes...

12h30 : Au lieu de me tourner les pouces, je décide d'aider l'interne d'urologie de garde, descendue pour poser un cathéter sus pubien. Le patient avait des urines si troubles qu'il n'y avait aucun doute sur le fait qu'il avait développé une infection sur le cathéter qu'il portait précédemment. L'interne me dit que cela est fréquent. Nous prenons mille précautions pour éviter une douche fort désagréable...
Elle me charge de vérifier auprès des infirmières le lavage au sérum physiologique du tuyau après l'injection des antibiotiques.
J'assiste Fred pour un ECG sur un homme en état d'ébriété, puis retour à l'état initial.

13h00 : C'est toujours aussi calme... Pour le moment. Fred est parti fumer, Sophie est toujours portée disparue. Beaucoup de patients en état d'ébriété. En même temps, un dimanche, quoi de plus normal...

13h54 : Fred et moi sommes allés examiner une patiente qui se plaint de lombalgie irradiante sur la fesse et la partie latérale de la cuisse. Je pense que nous avons fait l'examen neuro le plus poussif du monde...

14h26 : Bon. A défaut de patients, allons manger.

Le dimanche après-midi ? ...*pleure*

16h35 : A peine sorti de la salle de repos, je remarque la nette hausse d'activité : ça y est, Vivement Dimanche a commencé, les gens courent à l'hôpital...
Je m'occupe d'un premier malheureux qui a glissé chez lui. Je bataille pour lui trouver un box : tous sont pris... Et dès que je suis installé, on m'interrompt sans arrêt pour savoir quand j'aurais terminé. Pour parfaire le tout, Amine me dit que CH a besoin de moi : désolé, mais le gène du poulpe n'a pas encore été décrypté chez moi...
Retour à mon patient : plaie simple au cuir chevelu, je le recouds pendant que lui est assis sur une chaise (aucun lit n'était disponible).

J'enchaîne avec une patiente avec double plaie de la main. Mon box est un véritable moulin, tout le monde entre à loisir, et ce sans frapper, grmbl.
La première plaie est très superficielle, mais faisable. L'autre est aisée. Je remplis moi-même le bon de sortie, je signe l'ordonnance avec la bénédiction de mon chef, et elle s'en va.
Là, je suis censé aller au bloc, mais la flemme...

Pitié : évitez d'aller un dimanche après-midi aux urgences pour quelque chose de ce genre...

22h15 : Le bloc m'a encore pris 6 heures de ma vie sans que je m'en rende compte ! Enfin, si, les trois interventions, je les ai senties passer.
La première : une ténorraphie transcutanée. Ça sonne bien comme ça, mais c'est bête comme chou : sur une rupture du tendon d'Achille, on prend une grande aiguille et on essaie de suivre le trajet normal de celui-ci, dans l'espoir d'en traverser les deux parties séparées.
Ensuite, une espèce de harpon sur le fil attaché à l'aiguille est tirée pour mettre en tension et ainsi remettre en contact les deux morceaux et... c'est tout. Un plâtre et basta. Cela fait très chirurgie du début du XXème siècle, mais il n'y a apparemment pas mieux.

La deuxième : une PTH sur une patiente de 90 ans qui n'avait que la peau sur les os. C'était impressionnant à voir...

La troisième : le traditionnel poignet de chacune de mes gardes. Fracture de l'extrémité distale du radius chez un motard gendarme de 22 ans. Trois broches et c'est plié !

Rajoutez de longues attentes entre chaque, et vous avez vos 6 heures.

22h30 : Rideau pour ce soir en ortho ! Allons manger...

23h00 : Puis une pause avec Fred, histoire de bien digérer.

00h30 : Le chef, bon prince, me laisse aller dans ma chambre souffler un coup... Pourvu que ça dure ! Sophie arrive un peu plus tard : elle était en bloc de plastique et était allée manger.

01h37 : Et non ! On m'appelle au bloc viscéral. C'est ma première hors du bloc d'ortho. Je crains le pire...

03h12 : J'ai donc aidé la chef et l'interne de viscéral, deux femmes (double première !) pour une hernie crurale de l'ovaire ; l'ovaire, contenue dans le péritoine, s'était coincé dans un des orifices naturels du ventre : il faut donc agir vite, avant que l'occlusion sanguine résultante fasse nécroser la glande. Tout s'est bien passé, bien qu'un peu largué avec le nom des instruments...

Je retourne au lit.

07h57 : Ma montre sonne. Je n'ai quasiment pas dormi. On émerge difficilement et on s'en va...