Le 13 décembre 2010 :

Lundi, c'est rangement des examens complémentaires. Cette galère...
Marie, ma coexterne, s'est mise en tête de ranger tous ceux qui traînaient sur le bureau depuis des jours. Elle est folle de faire ça seule... Mais je ne peux que louer son courage ! Sinon, matinée calme : une observation pour un patient venu pour une endartériectomie [dites-le dix fois sans reprendre votre souffle !].

Ah, et j'ai failli oublier : je suis arrivé en retard au staff ™ et pendant mon absence, le chef de service a ordonné que je fasse marcher le patient en fonte musculaire suite à son séjour en réa (cf. semaine précédente). Je ne savais pas que je devais assurer la kiné des patients, première nouvelle...
Et finalement, le pauvre était incapable de tenir debout. Bon...

Le 14 décembre 2010 :

Encore une fois, journée tranquille. Mes patients n'ont pas bougé. Edwige m'a donné des dossiers à traiter avec l'assistante sociale, mais cette dernière n'est pas dans le service aujourd'hui.

Seule chose notable, je me suis occupé d'un des patients de Nicolas Z., absent pour cause de formation SAMU.
L'observation n'étant pas faite auparavant, je ne savais strictement rien de lui. Edwige m'a d'ailleurs bien tiré les oreilles à ce propos. Toujours est-il que ce patient, présent pour une subir une dilatation de l'artère fémorale droite sténosée, était sur le départ. Je devais donc, grande première, lui faire un contrôle des flux.

Malheureusement, avec mes gros doigts, sentir les pouls n'a jamais été une sinécure. J'ai donc beaucoup peiné avant d'entendre quoi que ce soit avec le mini-doppler. Mais, après moult tâtonnements, j'y parviens. Une observation pour la forme rédigée à l'arrachée, et j'en ai fini pour aujourd'hui.

Le 15 décembre 2010 :

Ce matin, je vais directement voir l'assistante sociale pour parler de la mise en centre de convalescence de mon patient en fonte musculaire. Ma CCA m'ordonnait hier de lui demander le numéro d'un centre dans l'Aisne.
Etonnamment, elle m'oppose un refus ferme mais courtois. Elle ne veut pas participer à son départ dans une structure diamétralement opposée à son domicile et à sa famille. Vider les lits, oui, mais pas n'importe comment... Après une discussion serrée avec Edwige, cette dernière consent à faire plus de démarches sur les centres plus proches.

A part cela... Un de mes patients, amputé de la jambe, est parti dans un centre. Un nouveau patient, sans domicile fixe, amputé des orteils du pied droit, arrive d'un bloc de la veille. Rien de particulier sur l'observation que je lui fais.
Visite demain.

Le 16 décembre 2010 :

Jour de visite ! Rien de particulier à dire : mes patients n'ayant pour la plupart pas bougé, je les connais par cœur. Elle s'achève à 13h40, j'ai cours à 14h. Hm...

Le 17 décembre 2010 :

C'est le début de ma semaine de bloc.
Cela me fait un peu mal de quitter les malades que je suivais, mais je vais enfin avoir l'occasion de savoir ce que leur font les chirurgiens avant de nous les expédier.
Peu de temps après le début du staff (auquel je suis arrivé à l'heure, une fois n'es pas coutume), Amélie, une de mes CCA, reçoit un coup de téléphone : son patient est prêt. Je me décide à la suivre.
Première impression : les blocs de vasculaires sont nettement moins vétustes que ceux d'orthopédie ! Nettement plus spacieux aussi, bizarrement.
Je m'habille, j'oublie de faire des trous dans mes manches, et ils n'ont pas de gants à ma taille : ça ne pouvait pas mieux commencer.

L'opération du jour : une endartériectomie, au niveau du trépied fémoral, où se situe une sténose d'origine athéromateuse. Le malade est allongé sur le dos.

Première étape : bien exposer la zone d'action. Il faut couper peau, graisse, muscle puis repérer l'artère ; ensuite, il faut la détacher du tissu environnant au ciseau afin de l'isoler. C'est fastidieux.

Deuxième étape : on clampe l'artère en amont, puis en aval, pour interrompre la circulation sanguine. On fend l'artère dans sa longueur, on cure un peu le gras qui en tapisse le fond et on attache le patch au fil de suture, pour ajouter de la surface à l'artère et ainsi augmenter le diamètre de celle-ci.
On déclampe pour tester l'étanchéité ; résultat : Alexandros, l'interne grec, se prend une bonne giclée et le patient commence à fuir avec un début proche du tuyau d'arrosage percé.
Perdu dans mes pensées, je commence à paniquer, mais eux restent imperturbables. L'interne aspire la flaque, tandis que la CCA suture la zone de faiblesse. Le patch est posé.

Troisième étape : le dispositif de radiographie mobile est appelé pour débuter l'artériographie. Mais personne n'a pas pensé à me prévenir qu'un tablier était nécessaire pour l'intervention. Bon... J'observe de loin, en sécurité derrière la vitre, pendant un très long moment. Ils posent quelques stents via une sonde en amont du patch.
Une fois la machine à balancer des rayons X partie, j'y retourne. La CCA referme puis s'en va. L'interne pose la sonde urinaire puis s'en va.

Durant l'opération, ils n'ont même pas répondu à la moitié de mes questions. Soit ils me faisaient comprendre que j'étais naze, soit ils m'ignoraient simplement. Et là, ils partent sans me dire quoi que ce soit.

4 heures ont passé. A quoi ai-je servi, au juste ? L'orthopédie me manque...

 

 

 

La magnifique vue qui s'offre à nous du bureau : la faculté et la passerelle qui la relie à l'hôpital.

 

Illustrations endartériectomie : J. Dasic pour Persomed, 2007, tous droits réservés.