Le 1er avril prochain, je pars au Japon pour deux mois. D'habitude c'est un mois, mais là c'est deux. Je vais chez ma belle famille à Okazaki (près de Nagoya), et seulement deux semaines seront consacrées aux vacances, sur l'île de Kyushu (on fait la tournée des volcans !). Pour le reste du temps, mon souci principal est je n'aurai pas de connexion. Mes beaux parents n'ont pas le net, et c'est compliqué de faire l'installation. Durant mes trois visites précédentes, j'ai parasité un WiFi non sécurisé, mais je ne suis pas certain de le retrouver cette fois-ci ! Donc pendant 2 mois, vous n'allez a priori pas me voir beaucoup. Sauf si je trouve une solution miracle (et vraiment pas trop cher... Je sais qu'il y a des clés WiFi mobiles, mais... enfin, on verra).

S'il m'arrive quoi que ce soit de notable là bas, je vous le raconterai, bien évidemment. En attendant, je peux toujours vous narrer des histoires passées du Japon. J'ai bien une ou deux anecdotes.

La première se déroule au mont Misen, bien connu des touristes nippophiles. Il s'agit d'une montagne sur une île près d'Hiroshima, au pied de laquelle on trouve un temple célèbre et la fameuse porte sur la mer.

Inutile de rentrer dans les détails : nous sommes en 2007, et on se promène là avec ma femme et ma fille qui a un an à peu près. Bien entendu, la visite du sommet est au programme, après le déjeuner. Il existe plusieurs moyens d'y arriver, dont un téléphérique en deux parties, qui débarque les gens sur le second sommet, à partir duquel il y a bien une demi-heure de marche pour aller au top du top. Jolie vue et singes à demi sauvages en perspectives (enfin, aussi sauvages que peuvent l'être des animaux au Japon.)

Mais pas question de prendre le téléphérique, oh non. L'un des chemins le plus connus est fermé pour travaux. On se décide pour celui à l'extrémité gauche (quand on regarde le plan), qui est un peu long, mais qui monte doucement. C'est parti !

Sauf qu'on se plante de chemin. On prend celui quasi au milieu. C'est un trajet court, au creux de la montagne et qui monte directement.

Rapidement, on sait qu'on est en train de faire une connerie : ça grimpe dans la forêt, et on en a pour 1800 mètres... mais bon. Allez, on y croit. On a la flemme de faire demi-tour, et quand la pente se transforme en escaliers, il est trop tard. Ma femme porte ma fille dans un sac en bandoulière. Je porte la poussette, avec un parapluie, et diverses affaires dessus. Ce n'est pas facile ! On croise des ricains qui n'ont pas vu de singes... Bon.

Volée de marche, pause. Volée de marche, pause. Petit à petit, on monte. On fatigue, mais on progresse. Tout semble bien se passer. Mais une légère envie de grosse commission se fait sentir. Pas cool. Je me vois mal partir dans la forêt pour faire caca sur la montagne sacrée, surtout que le terrain n'est pas praticable. Et même ce n'est pas mon style. On continue, je tiendrais bien jusqu'en haut.

Imaginez donc l'ascension, fesse serrée, le bide qui lance, fringue trempée de sueur, souffle coupé toutes les trois marches, qui sont devenues que quelques vestiges d'anciens escaliers totalement irréguliers (c'était joli, remarquez.) Je sens bien le regard de ceux qui descendent en se demandant « mais c'est qui ces tarés ? »

Exténués, nous atteignons la fin du chemin... qui débouche sur la portion de piste qui relie les deux sommets. Ce n'est pas finiiiiii ! On reprend de plus belle. À ce niveau-là, la fatigue est transcendée. Les excréments ont compris que non, ils ne sortiraient pas tout de suite. Le corps puise dans des réserves totalement inconnues (j'étais moins gras en 2007) pour fournir de l'énergie au désespoir. Et on monte ! On croise même des singes. Cool ça.

Tout en haut du mont Misen, on trouve une sorte de petit bâtiment un poil délabré, avec une plateforme panoramique moche. Et des toilettes... à la japonaise. Je n'ai rien contre, mais je ne peux physiquement pas m'en servir : la position demandée n'est pas autorisée par mes muscles et mes tendons. À part tomber à la renverse dans la cuvette, je ne peux rien faire. Pas grave, à ce moment-là je suis zen. J'admire le paysage, je fais un petit tour vidéo à la con, bien gâché par l'apparition de deux pouffes gloussantes. Et puis c'est reparti dans l'autre sens.

On se dépêche un peu pour ne pas rater le dernier téléphérique (c'eut été drôle !) et finalement je trouve des toilettes publiques correctes tout en bas. La délivrance. Alors forcément, je me dis souvent qu'on a été très idiot, voire inconscient (on avait un bébé et même pas une bouteille d'eau), mais finalement ça c'est bien terminé et je peux gueuler sur tous les toits « j'ai fait le mont Misen à pied ! »

Voilà pour la belle histoire d'onc' Fumble. La prochaine fois je vous raconterai ma séance de prière au temple.

En bonus : un panorama du haut du mont Misen, avec les deux pouffes qui gloussent.