NIS, ça vous parle ? Oui, les gonzes à l'origine des Disgaea et de ses spinoffs, dont "Prinny ! Can I really be the hero" est le plus connu. Probablement piqués au vif par Half Minute Hero et son succès mérité, voilà que cette bande de marioles s'est mis en tête de nous pondre un rétro-RPG à leur sauce.

Pauvre plagiat ? Coup de maître ? Kamoulox ? Pour moi c'est tout vu : coup de maître. Explications...

 

CLADUN, THIS IS AN RPG. AN RPG ? YESSIR !

Très clairement le jeu n'a pas volé son titre. ClaDun : Classic Dungeon. Tout est dans le titre. Vous vous apprêtez à plonger un vrai RPG rétro tout comme il faut, avec graphismes 8 bits.

L'idée de départ est assez simple : une jeune fille en quête de trésors part chercher un lieu nommé "Arcanum Cella", où l'on raconte qu'elle pourra trouver son bonheur. Jeune et frêle, elle est accompagnée de Souma, son garde du corps. Le duo trouve le lieu en question (il y tombent, bien évidemment), y rencontrent une sorcière nommée Despina (semi-hostile mais pas trop) qui y habite et leur explique un peu comment ça marche, à savoir qu'Arcanum Cella n'est qu'un hub vers plein de donjons avec pleins de trésors. Jusqu'ici tout va bien.

La chute, c'est que c'est NIS qui nous a pondu ce bestiau donc bien sûr rien ne va être vraiment normal...

 

NIS-TOUCH

Le postulat scénaristique de départ est assez banal et fut-il resté ainsi je ne vous cache pas que Cladun n'aurait jamais squatté ma PSP. Mais quand on porte l'estampille "NIS", on n'est jamais vraiment banal. La preuve.

Déjà "la frêle jeune fille", Pudding (sic), est une garce de première en fait. Vulgaire, sans gêne, vénale, dès les premières minutes elle se fera un plaisir de briser les clichés de la J-RPG-girl de base à grands coups de masse. Son côte frêle ? Simple : elle est gravement malade (sortez les mouchoirs...) : si elle rit trop fort, elle mourra. Au temps pour les mouchoirs.

Quant à son garde du corps, Souma, on sent dès le départ que ce gazier-là s'il pouvait être sur son canap' en train de siroter un cocktail, il ne s'en porterait pas plus mal. On pourrait presque croire au départ qu'il ne cherche qu'à protéger Pudding ou qu'il est vaguement trouillard, mais en fait non. Il n'a juste aucune envie de se lancer dans cette aventure. Tant et si bien qu'après les quelques scripts de départ, vous pouvez purement et simplement passer une "porte" (un trou dans un arbre en fait) pour quitter Arcanum Cella et... mettre fin au jeu, rien de moins.

Et surtout tous les PNJ que vous rencontrerez sont du même accabit. Partant de là forcément, on a déjà plus de plaisir et d'envie de les cotoyer. Comble du bonheur, NIS a conçu un gameplay basé sur la théorie du bouclier humain. Ou comment cesser d'être gonflé par des PNJ insipides et mièvres et les exploiter au mieux. Littéralement.

Le plus drôle étant qu'aucun personnage n'est à proprement parler "principal" (hormis dans le pur cadre scénaristique) : vous pourrez choisir entre deux donjons de changer de personnage à volonté, sachant que visuellement, c'est uniquement celui-là que vous contrôlerez et verrez dans les donjons. Pour aller encore plus loin dans la série des personnages originaux, Cladun va aller jusqu'à vous permettre de créer (à tous les sens du terme) votre propre héro : une fois l'histoire un peu avancée, vous pourrez créer votre avatar de toute pièce à l'aide d'un éditeur graphique 8 bits qui marche pas trop mal. C'est gadget ? Ouaip, mais c'est fun.

Les "héros" de Cladun. En tout cas ceux que vous rencontrerez...

... et l'éditeur de personnage, où vous pourrez laisser libre-cours à votre imagination multi-binaire


 

ICH BIN ENCERCLED

Le gameplay n'a STRICTEMENT rien de basique. Et en parler, c'est attaquer un des gros morceaux du jeu. A l'instar d'Half Minute Hero (sans le plagier), Cladun dépoussière joyeusement le gameplay basique des dungeons-crawlers pour donner quelque chose de vraiment unique.

En gros, oui vous contrôlez bien votre perso principal dans les donjons, genre "haut / bas / gauche / droite / attaque / défense / rush". Sauf que la force de votre perso résidera autant dans son niveau et son matos que dans le "cercle magique" qu'il s'est créé autour de lui. Non, on va pas jouer avec le fondement de la sorcière initialement rencontrée.

En fait le "cercle" est une invention unique, qui fonctionne comme suit :

Un cercle magique, copieusement garni. Limite endgame quand même.

Comment ça "c'est pas clair" ? Bon résumons : le perso que vous incarnez (ici Pudding) se trouve dans le cercle central. Chaque "cercle magique" (ouais, vous en débloquerez plusieurs au fil du jeu) est en fait un schéma de cercles annexes positionnés autour du cercle central.

Dans chaque cercle annexe, vous pouvez placer l'un des PNJ qui vous accompagne. A chaque cercle annexe sont associées des cases.

Dans ces cases, vous placerez des artefacts (glânés dans les donjons ou achetés dans l'inévitable boutique) qui procureront au PNJ concerné un bonus. Attention, chaque case ne peut recevoir que certains types d'artefact, et pour que le bonus soit gagné, faut un contact avec un cercle ou une autre case remplie elle aussi.

Compliqué ? Attendez, j'vous fais un dessin : O = cercle annexe, # = case vide, $ = case avec un artefact dedans. Voilà ce que ça donne :

O-$-# = l'effet de l'artefact placé est activé (la seconde case est vide donc on s'en fout)

O-#-$ = l'effet de l'artefact placé est inactif

O-$-$ = l'effet des deux artefacts est activé

Essasserakoi ? Simple, les artefacts donnent des bonus (vie, mana - ce dernier sert à définir combien d'artefact chaque PNJ peut assumer -, vitesse de marche, sorts, amélioration de caractéristiques, etc...) aux PNJ. Et ceux-ci, selon dans quelle case annexe vous les aurez placés, vont vous servir de bouclier au combat. En gros, le PNJ placé dans le cercle en bas au milieu sur le screen protègera vos arrières, quel que soit le sens dans lequel vous ferez avancer votre perso.

Du coup, des PNJ plus forts, c'est (entre autres) une meilleure protection (disons qu'ils mourront moins vite). Et certains bonus vous retombent dessus aussi. Quant à la force intrinsèque de votre perso, elle est surtout régie par votre niveau et votre matos. Et là tout devient logique.

Fini de s'emmerder à devoir équiper des péons à l'IA défaillante. NIS a inventé LE truc qui roxx en RPG : les PNJ utiles, vraiment. Même s'ils veulent pas. Comble de la finesse, jouer un perso (quel qu'il soit) en tant que "principal" vous permettra, en le faisant monter de niveau (là le matos on s'en cogne), de faire de lui un PNJ annexe de plus en plus efficace. J'vous laisse entrevoir les perspectives pour ceux du genre "power-grinder".

**Interlude**

Juste pour la blague : on parle ici d'un dungeon-crawler 8 bits genre retro-old-school-c'tait mieux avant hein. Et il faut au moins 30 lignes d'explications pour ne parler que d'UN aspect du gameplay... J'dis ça, j'dis rien hein.

**Fin de l'interlude**

En gros, le cercle est ce que vous passerez le plus de temps à gérer dans le jeu, en dehors des phases en donjons bien sûr. Bien agencé, ce truc peut rapidement devenir surpuissant... et retarder votre mort suffisamment longtemps pour vous permettre de boucler chaque donjon.

 

"DONJON", VOUS AVEZ DIT "DONJON" ? NON ! "DONJONS" !

Forcément, voilà un point crucial. Et là aussi, NIS a fait fort.

Dites-vous déjà qu'il vous faudra environ une quinzaine d'heures pour boucler l'histoire principale, ce qui est déjà fort honorable. Mais à cela il faut ajouter les 99 donjons à explorer. Aléatoires de surcroît. Hé ouais, rien que ça. Et même si certains se bouclent en moins d'une minute, croyez-moi en matière de durée de vie vous en aurez pour votre pognon.

Pièges, ennemis retors, dalles à bonus (vitesse, soins, etc, activés quand vous marchez dessus), loots à gogo, tout y est. Non sérieusement, rien ne manque. Côté ambiance, le style 8 bits on aime ou pas, c'est selon. Mais les
thèmes (plus usuels, eux) sont tous là : ambiance marécage, caves de
chateaux, magma, etc, etc. Dur de perdre ses marques avec Cladun. Mais
ce classicisme-là, on l'espère tous alors on va pas se plaindre hein.

Et pour parfaire le tout, vous évoluerez dans une ambiance sonore qui pourra être, à votre choix (dans les options), soit une bande-son bien JRPG avec une qualité bien moderne, soit carrément la même... en version 8 bits elle aussi. Trip garanti.

Petit détail qui a son importance à mes yeux, question graphismes : là où un Half Minute Hero n'est pas très gratifiant avec votre matos (les armes, version pur 8 bits ne ressemblent à rien, faut être honnête), Cladun l'est nettement plus avec votre outil principal : les armes bénéficent en effet juste du niveau de détail suffisant pour n'être ni anachroniques ni ridicule. Et ça c'est bonheur, car avouez que matraquer du grosbill avec votre groOosse épée +12 contre les zombies morts c'est plus meilleur quand elle ressemble à autre chose qu'à cure-dent pour plombier moustachu.

 

CONCLUSION ?

On va tâcher d'être concis autant que synthétique : Cladun, ça roxx. Grave.

Et on va finir par le truc qui vexe : il n'est pas encore disponible en Europe. Rassurez-vous, ça va venir. Quand ? J'en sais foutre rien. Soyez patients. Et dites-vous que pendant ce temps, moi j'y joue. Mais non j'suis pas sarcastique...

Une qualité au hasard : le cercle magique

Un défaut au hasard : parfois un peu dur d'être bien placé pour frapper les ennemis