Bon les p'tits gars on va parler sérieusement.
Ouais, on est pas là pour se marrer car on va causer meurtre...
En l'occurence celui de Bill Robbins poignardé comme un chien au sortir d'un bar huppé de la ville. Un brave type bien comme il faut : bonne situation, belle femme, belle baraque et aucun travers connu. Apparemment il n'y a aucune raison de la buter et aucun suspect en vue.
Dans ce genre d'affaire foireuse, un seul homme peut dépatouiller ce bordel : JB Harold !
Si je vous dis qu'on va parler d'une série de jeux vendus à plus de 20 millions d'exemplaires dans le monde et que cette série est méconnue chez nous, vous me croyez ?
C'est pourtant le cas, JB Harold Murder Club est une série sortie à l'origine sur PC japonais, MSX, X68000, FM-Towns et autres (plus récemment il est sorti sur Nintendo DS et iOS). Mais la version qui nous intéresse, c'est la version PC Engine, sortie en 1990 pour promouvoir la fabuleuse puissance du CD-Rom !
C'est Hudson Soft qui s'est chargé de la conversion de ce hit de Riverhill Soft (sorti en 1988). Et on peut dire qu'ils ont mis le paquet : tous les dialogues sont entièrement doublés en Japonais... et en Anglais ! Phénomène assez rare à l'époque mais nul doute que Nec et Hudson Soft comptaient sur ce titre pour entrer en force sur le marché américain. Pas de bol pour eux : ce jeu a été entâché d'un petit scandale qui lui a plombé sa renommée. En effet dans le jeu, on évoque une affaire non élucidée : "rape at Downs Hills" (viol à Downs Hills). Vous imaginez la réaction des puritains américains : "Quoi on parle de viol dans un jeu pour enfants ! Mais c'est scandaleux". La presse spécialisée de l'époque sera assez critique avec ce titre et évitera soigneusement de le mettre en avant dans ses colonnes... Pourtant il n'y avait absolument rien de choquant, aucune image explicite, aucune scène de violence, juste du texte relatant un dossier non classé...
On a donc affaire à un classique digital comic (le but du jeu est de questionner des personnes, relever des indices, les analyser au labo et mener des interrogatoires) mais à la sauce américaine avec une enquête plutôt bien ficelée, avec son twist bien comme il faut et surtout avec une ambiance "so 80's".
L'introduction était un magical coup de force à l'époque avec des morceaux de saxophone et de piano qui ont marqué toute une génération de joueurs. Les concepteurs ont pompé allégrement les génériques TV des années 80 et le résultat est plutôt bien réussi.
Ce qui est rigolo avec cette intro, c'est qu'à l'époque Nintendo communiquait sur les fabuleuses capacités du Mode 7 de la Super Famicom... Du coup on a droit à des effets de mosaïques et de distorsion de sprites au passage, histoire de montrer que la PC Engine sait aussi en faire... Bon avec le recul on pouffe quand même car on est très loin du mode 7...
Ceci dit le jeu reste quand même très classe si on le resitue dans le contexte de l'époque où la concurrence se nomme Megadrive, Famicom et Master System (la SFC arrivera en novembre 90). Avec une musique qualité CD et des digitalisations vocales à foison, le jeu en imposait.
Aujourd'hui il a méchamment vieilli mais il conserve un charme désuet, "so 80's" quoi !