Il fut un temps où j'avais délaissé les RPG japonais. Un peu las d'un genre qui, je trouvais, s'essouflait, je me suis orienté durant ces dernières années vers des productions plus "occidentales", et souvent moins exotique. Puis j'ai fais la connaissance d'une personne. Un acharné serait un terme un peu violent pour le décrire, alors j'utiliserai celui de passionné. Ce passionné un peu timbré n'avait qu'un mot à la bouche: Persona 3 (et SMT de manière générale). 62H35 minutes plus tard, j'ai enfin compris que le genre n'était pas mort, c'était seulement moi qui lui avait tourné le dos ...

PERSONAAAAAAA !

Persona 3 donc. Où plutôt, Persona 3 Portable me concernant. Certains diront qu'il s'agit d'une version au rabais, et après avoir vu la qualité qui en ressortait de son ainé sur PS2, je peux comprendre cette pensée. Pour autant, P3P (on va l'appeller par son petit nom) cache des qualités qui m'ont fait basculer définitivement dans la Dark Hour.

Commençons d'ailleurs par elle, la Dark Hour qu'on pourrait plus familièrement appeler la 25ème heure. Divisé en deux parties distinctes, le jeu affiche une double personnalité. Une partie journalière où l'on endosse le rôle d'un étudiant lamba qui accompli les tâches qu'incombent les responsabilités de son âge (étudier, faire du sport, sortir entre amis, geeker, travailler à mi-temps). Puis une partie nocturne (comme SMT 3 \o/) où l'on s'engouffre, durant la Dark Hour, dans le Tartarus. Une sorte de tour immense qui fait office de Dungeon-Crawler. 

C'est pendant cette Dark Hour qu'auront lieu les combats. En tant que membre du SEES (Specialized Extracurricular Execution Squad), vous devez éliminez les shadows, des créatures de la nuit qui s'emprennent aux victimes qui auraient le malheur de se perdre durant la Dark Hour. 

 

 

 

Story of my life ...

L'histoire débute de façon assez singulière. En jeune étudiant tout juste déporté dans un nouveau lycée japonais, notre personnage débarque dans une ville pour le moins inquiétante. Les rues ne sont pas vide mais pleine, pleine de sarcophages, de cercueils, de couffins, et que dire des murs repeint de sang. De suite, on sent que l'ambiance de P3P est pesante et qu'il ne s'agira pas d'une promenade de santé dans des verts paturages où faudra sabrer du lapin (no offense Secret of Mana, still love you <3)

Si elle met clairement du temps à démarrer, l'histoire, une fois lancé, il devient très difficile d'en décrocher. A tel point que je passais 5h par jour sur la fin. Véritablement accro, je jouais Persona, je pensais Persona, je rêvais Persona. Troublant et à la fois enivrant, le jeu m'aura accrocher comme je ne l'avais pas été depuis longtemps. 

Pour avoir mis près de 60h à en voir le bout, la durée de vie est dans les normes d'un bon RPG jap. On peut bien entendu la gonfler si on décide de faire toutes les quêtes annexes et puis la doubler voir tripler si vous comptez faire une new game + (et vous en aurez envie). D'ailleurs cette envie vient probablement des plus gros défaults (ou qualités ?) du jeu...

 

 

Je suis censé faire quoi là ?

Le défaut de ce jeu pourrait en effet être considéré comme une qualité, puisqu'il s'agit de la liberté d'action. Le fait est, que cette liberté nous véhicule un sentiment ennuyant, celui d'être perdu. Enfin perdu lors de la phase journalière. Le jeu offre tellement de possibilité d'action qu'on s'y perd. On désire bien faire, mais on sait d'avance que cela sera impossible et qu'il faudra faire des choix. Des choix à la fois dans la gestion des relations et dans notre approche des priorités.

Parlons en des relations, les fameuses S-Link, celle qui vous accorderont le pouvoir suprème des Personas, ces cartes, qui à l'instar de Pokémon, feront office d'invocation vous permettant de terrasser les plus terribles créatures de Tartarus. Les S-Link se développent au travers des PNJ qui accompagneront votre vie de tous les jours, et elles se regroupent en 21 Arcana, chacune d'entre elles offrant un pouvoir plus ou moins spéciales et vous donnant accès à des Persona toujours plus fort. 

Au début, on sera donc complètement paumé. Quel Arcana privilégier ? Quel Persona vaut le coup qu'on y investisse du temps et de l'argent dans la Velvet Room (lieu de fusion des cartes Persona) ? Puis on commencera à comprendre son fonctionnement, à gérer notre emploi du temps, puis on aura l'envie (avant même d'avoir fini) de refaire une New Game+, ne serait-ce que pour s'approcher de la game parfaite...


Avoir les yeux plus gros que le ventre ?

Dernier point que j'aborderai, la difficulté. Si elle n'est pas insurmontable en mode "normal", elle nécessite néanmoins un minium de rigueur et de réalisme. Si je faisais plus haut la comparaison avec Pokémon, à ce niveau, je la ferai davantage avec Fire Emblem. Le moindre mouvement mal-calculé, le moindre excès de confiance et ça peut rapidement tourner au drame. La raison ? Son système de combat dynamique qui privilégie l'initiative et la célérité.

Fonctionnant au tour par tour, le gameplay est basé sur un système de force et faiblesse aux éléments. Jusque là rien de neuf sous le soleil. A l'exception qu'utiliser le bon élément sur la bonne faiblesse peut vous garantir la victoire ou bien une cuisante défaite. 

En touchant un ennemi à son point faible, vous le ferez chuté. Cette chute vous octroiera un nouveau coup. Got it ? Okey, maintenant faisons des maths. Vous avez trois mobs sensible au feu. Comme vous êtes malin, vous le savez et lancé une attaque feu sur le premier, il chute, vous avez un autre tour. Vous réitez l'action avec le suivant ce qui vous donne la possibité d'attaquer le troisième. Si les 3 chutent, alors vous avez la possibilité de lancer une All-Out attaque, sorte d'attaque combiné avec votre escouade.

Mais si ce système fonctionne pour vous, il fonctionne également pour les mobs, et c'est là que ça peut rapidement tourné vinaigre. Pour dire, il m'est arrivé à plusieurs reprises de me lancer dans un combat par excès de confiance, et de vite tout perdre, y compris les 2 lvl de farm que j'avais pex auparavant. Car quand votre héros meurt, c'est Game Over. Pas de respawn, pas de seconde chance, on recharge à la dernière sauvegarde. Et parfois, cette sauvegarde, elle peut-être loin...

 

Grosse baffe pour bibi !

Il est temps pour moi de conclure ce test qui je l'avoue, fait plus ici de ressenti subjectif. Non pas que je ne puisse évaluer le jeu à sa juste valeur, mais car j'avais davantage envie de faire part de mon impression et du plaisir que j'ai eu avec J'ai véritablement été hapé par cet univers riche et mature qu'est Persona 3. Son challenge, son approche de la vie qu'on a tous vécu (où qu'on vit encore) et la façon dont son traité des phénomènes qui nous touchent plus ou moins (échec scolaire, mort d'un être cher, conquête amoureuse) font de P3P un jeu que je recommenderai, ne serait-ce que pour l'expérience. 

Je concluerai par finir en rendant hommage au travail fait sur la Bande-Son et la qualité artistique du jeu (bah ouais, je garde le meilleur pour la fin). C'est donc avec un salut humble mais sincère que je m'incline devant le travail de Shigenori Shoejima fait sur le chara design, ainsi que Shoeji Meguro pour sa B.O. juste... exceptionnelle. Du travail d'orfevre, tenez le vous pour dit !