Spoiler alert: Cette série d’articles, étalés sur plusieurs semaines, dévoilent la majorité des développements narratifs de Persona 5. Ce post s’adresse donc en priorité à ceux qui ont fini le jeu et qui souhaitent des éclaircissements sur les références mythologiques et tarologique de ce jeu

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III - L’Impératrice - Haru

Quand on voit Haru pour la première fois, on est légitimement en droit de se demander pourquoi a-t-elle hérité de l’arcane de l’Impératrice. En troisième position parmi les lames, on voit une femme assise sur un trône tenant un bouclier et un sceptre, insigne du pouvoir. Figure féminine forte, conquérante, qui contraste avec la Papesse au rang précédent, l’Impératrice est un symbole d’énergie créatrice, un élan qui peut parfois être violent, incontrôlé. C’est aussi l’image de la femme fatale et séductrice (sans qu’il n’y ai rien de péjoratif à cela, notez bien)

Tout cela ne semble pas vraiment cadrer avec l’image de Haru, toute en pull pastel et cheveux fluffy, voleuse hésitante qui rate son entrée poussée par un Morgana revanchard...

Très impressionnant...

Chose assez contradictoire quand on se souvient que cette même arcane à accueillit Mitsuru dans Persona 3.
Il n’empêche que Persona 5 n’est pas du genre à se tromper dans ce domaine, voyons donc plus en détail comment le jeu va dépasser ces apparentes contradictions pour nous révéler comment Haru est en parfaite adéquation avec son arcane.
Si l’Impératrice est une incarnation du pouvoir, cela se voit déjà par le fait que Haru n’est ni faible ni un personnage dédié au soutien. Armée de sa hache, elle fait partie des personnages qui cogne le plus dur (plus que Ryuji d'après mon expérience de jeu) et avec le lance-grenade, elle est le seul personnage à pouvoir toucher tous les Shadows en une attaque.

Comprendre le lien Haru-Impératrice, c’est s’attacher à la biographie du personnage et à ses dialogues de Confidant. Par sa filiation, Haru est liée au milieu de pouvoir. Fille de PDG, elle devra se battre non seulement contre son père qui la voit comme une monnaie d’échange dans les négociations et un futur mari qu’on veut lui faire épouser de force. Tout le combat d’Haru sera de lutter contre cette destinée imposée, autant d’obstacles qui empêchent l’accomplissement de l’arcane de l’Impératrice, symbole d’indépendance, de liberté, de création.

Ainsi, certains tarots n’hésitent pas à montrer cette force créatrice en représentant l’Impératrice enceinte. En son sein réside le fruit de la/sa création qui attend de sortir et de s’accomplir. Cet aspect de gestation se retrouve chez Haru dans sa passion pour le jardinage. Débloquer le Confidant d’Haru, c’est accéder au toit de l’école et à la culture des légumes qui permettent de récupérer des objets de soin. Dans cette activité, on retrouve cet élan créateur qui est le propre de l’Impératrice dans le tarot de Marseille.
Création et élan encore lors des derniers développements du rang de Confidant, où Haru prend pleinement conscience de son rôle d’héritière et décide non pas de suivre les traces de son père ou de vivre comme rentière/épouse soumise, mais de prendre son destin en main en montant sa propre enseigne sur le modèle de son grand-père. Haru est une héritière, mais elle arrive à transcender cela en devenant non pas l'héritière d’un patrimoine, ce qui lui serait aisé, mais d’une volonté, celle de créer quelque chose de ses mains, que ce soit les plantes qu’elle fait pousser ou l’entreprise qu’elle veut mettre en place.

Les Personas d'Haru

Milady : Milady de Winter est la principale antagoniste des Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas. Espionne et intrigante, elle exécutera les ordres du cardinal de Richelieu dans ses complots. Criminelle mais femme indépendante surtout (c’est tout le combat de Haru, voir supra), Soejima choisi par le design de nous présenter une femme dont le corps invisible est dessiné par le profil d'une robe et d’un masque, laissant ainsi la possibilité à chacun de s’y voir et donc de s’y incarner.

Astarte: Déesse phénicienne des étoiles, elle est assimilée à de nombreuses autres divinités dont Ishtar, Sidon, Aphrodite, et quelques autres. Cette divinité aux attributs très vastes (Etoiles, fécondité, guerre, etc...) est peu connue car rapidement intégrée à d’autres cultes et divinités (elle se fondra même dans Anat, la Persona de Makoto), Astarte trouve peut-être son origine de Trickster dans un “Papyrus d’Astarté”, texte très fragmentaire daté d’entre 1300 et 1200 avant JC. On y voit Astarté trompant le dieu Yam (divinité marine du Proche-Orient opposée à Baal) qui aurait demandé un tribut exorbitant.

 

 

 

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