Quand j'ai lu pour la première fois Les Robots (I, Robot) de Isaac Asimov, je n'ai pas pu m'empêcher de sourire. On y présentait en 1996, le premier robot "intelligent" c'est à dire capable de communiquer "normalement" avec un humain lui donnant par la même un début de conscience. Cette merveille qu'est le cerveau positronique, et bien sûr imprégné par les Trois Lois de la Robotique, pose là une des bases de la représentation des robots dans la science fiction.
Si le motif de l'être artificiel n'est pas contemporain au XXème siècle, c'est la technologie de ce siècle qui a permit de faire de ce fantasme humain une quasi-réalité.

Projection de craintes existentielles et fantasmées aux débuts de la science-fiction. La réalité va, au final, faire du robot un simple outil corvéable. Puis les progrès dans le domaine aidant, ce sont les premières craintes métaphysiques qui vont ressurgir. Les robots échapperont-ils à notre contrôle au point de se rebeller contre nous?
Si il s'agit là d'une crainte récurrente de l'Homme (les Dieux de l'Olympe ont refusé le feu aux Hommes. Cronos dévorait ses enfants pour ne pas être renversé lui-même), la lenteur de la technique et des progrès de la robotique ont tôt fait de battre en brèche les délais que fixait la science-fiction. L'an 2000, frontière du fantasme de l'Homme qui pensait que la technologie deviendrait toute puissante et par la même angoissante, s'est révélé au final bien pauvre en rebondissements... (on notera quand même le retour des comédies musicales, l'arrivée de K-Maro et de Tragédie niveau musique).

Mais baste! Si les robots continuent de monter des voitures, nous trouverons bien le moyen de connaitre le frisson existentiel autrement. Ah! Les ordinateurs! Voilà un sujet en plein boum technologique! Toujours plus petit, toujours plus puissant, il est celui par qui le miracle arrive. Quel miracle me direz-vous? Eh bien, celui de dépasser l'Homme! Parmi les plus vieux d'entre vous, qui ne se souvient pas de la mine déconfite de Kasparov vaincu par Deep Blue? Choqué par les réactions humaines de la machine, il préfère abandonner le match, défait et confus.

Quand le mythe du robot que l'on combat s'effondre, le nouvel adversaire qui vient prendre le relais est alors l'IA. l'Intelligence Artificielle, fille de l'ordinateur. Soudain, on craint l'éveil de cette IA. Et si elle prenait conscience de son existence? Qu'elle puisse dire "je" et "vous" (après souvent, elle dit: "emmerde" avec une bordée de missiles intercontinentaux sur les capitales du monde)?

On va alors se mettre à craindre non plus les robots, mais les ordinateurs gigantesques, tout-puissants dans un monde de connexions et de technologie que l'Homme ne contrôle plus. Cette peur qui est un peu en voie de disparition tout de même, va accompagner et cohabiter avec une autre, celle du "nouvel humain". Si la robotique ne peut pas donner un être artificiel tout prêt, alors peut être que l'homme va devenir lui-même cet être artificiel. Il va chercher à se modifier, à palier une lacune, qu'elle soit génétique dans Bienvenue à Gattaca, ou technologique dans Deus Ex (on aura des exemples mieux foutus plus tard, je les gardent sous le coude). Se pose alors la question de l'humain et de ce qui fait un humain. Un cyborg est-il toujours un Homme? Même quand il troque son corps contre une machine? Dans la même veine, le développement d'Internet et des réseaux interroge sur la nature de la conscience. peut-on la transmettre? La dupliquer, la pirater?
Tout ceci montre le vaste panel qui englobe l'analyse des robots dans la science-fiction littéraire, cinématographique, télévisuelle ou vidéoludique. Ces questions seront abordés par la comparaison entre les cultures occidentales (États-Unis, Canada, Europe) et japonaises. Nous allons voir comment les mêmes faits, les mêmes cas de conscience posés par la technologie peuvent être différemment perçus. Si philosopher sur le sujet reste très intéressant, il n'en reste pas moins que toutes ces cultures sont visuelles, les différences vont aussi transparaitre par le biais des designs, il sera donc question aussi de jeter un œil sur les machines elles-mêmes et d'expliciter les différences de formes et de couleurs qui sont elles aussi conditionnées par les différences de perception de la technologie et les règles tacites de narration propres au genre.

Dans cet article, la terminologie fonctionnera comme suit: un mecha sera entendu comme une machine contrôlée par un humain, un robot sera une machine autonome. Un cyborg désignera un humain modifié qui reçoit des parties mécaniques et/ou électroniques faisant de lui un hybride humain-robot. Les termes androïde, humanoïde (oui même quand ils sont Associés, blague éditeur BD) ne désignent rien: Robocop est un cyborg, Terminator est un robot par exemple.
De même, mes exemples ne sont pas là pour être jugé sur leur plastique. Je veux dire par là que je vais peut-être parler de films ou de jeux que vous n'aimez pas. Ils ont peut-être une réal' de merde, un jeu d'acteur indigent mais ils posent les bonnes questions et sont représentatifs du mode culturel que l'on va analyser. Je vous prévien saussi des éventuels spoils que vous pourrez rencontrer mais bon, c'est la documentation qui veut ça.

On est okay? Alors après cette introduction, je vous invite à cliquer sur les bannières ci-dessous qui conduiront par la magie d'Internet à la partie en question.

1er Partie.

 

2ème Partie.

 

3ème Partie.