Il fut un temps ou tout ce qu'il y avait dans notre chère passion, c'était le challenge, sous forme de dextérité ou de réflexion. Mais les choses ont changé aujourd'hui. Le support s'est enrichi. Musiques, graphismes, ambiance, histoire, le jeu s'éloigne parfois de plus en plus du pur jeu d'arcade.
Sur ce constat de départ, on entend souvent dire que les jeux sont plus faciles qu'avant. Mais c'est peut être car le challenge est parfois devenu secondaire... Petit tour de la question avec le point de vue personnel d'un gameur "blasé".


Avant, c'était dur (DOOM, 1993)...

Le challenge, je connais. J'en ai bouffé des heures d'entrainement sur  des Shmups, pour finir le jeu sans perdre de vie et me faire allumer en deux secondes par le boss de fin. J'en ai fait des sessions en ligne sur Blazblue. Je l'ai bien pété le score à Tetris et Guitar Hero. J'en ai passé des heures sur Bayonetta pour maitriser les commandes sur les bouts des doigts.
J’en ai marqué des succès à la con en faisant tout ça. 
Et j'ai kiffé, et il faut le dire, en fait, je kiffe toujours. l'adrénaline que peut procurer un run parfait sur Dodonpachi, ou une remontée spectaculaire lors du dernier round d'un match de Dead or Alive... Autant de situations jouissives au possible, autant de raisons de jouer aux jeux vidéo ! Et avec l'entrainement, en plus, je deviens doué pour ça ! Encore plus grisant !


...Mais ça l'est toujours autant ! (AKAI KATANA, 2010)

Mais le jeu change, et ne se limite pas aux jeux de combats, autres Beat'em'all et Shmups. D'autres genres règnent en maître sur nos machines : Les jeux de sport, les jeux de courses et les FPS. Je n'évoquerais pas les deux premiers, je n'y joue pas, et aussi car ils se rapprochent des sensations que l'on peut retrouver dans les jeux de combat. Dextérité, connaissance des mécanismes de jeu et prise de décision rapide pour apport d'adrénaline.

Les FPS (et par extension, les TPS), par contre, font partie de ces jeux dans lesquels la difficulté n'est, je pense pas essentielle. En effet ici, le challenge est faussé. Le challenge est crée artificiellement en baissant la barre de vie du joueur, et en augmentant le nombre de mobs et leurs dégâts. S'il peut être ridicule de rouler sur ses ennemis sans se mettre à couvert et tuer les boss au "piou-piou gun", l'inverse est aussi vrai et se faire tuer par un mob qui nous bute en deux coups de bâton de bois, quand il nous faudra vider 3 chargeurs de BFG pour en venir à bout est juste complètement débile.
D'un certain point de vue, pour finir un de ces jeux en difficile, il faut mourir, apprendre, recommencer. Dit comme ça, on à la description d'un bête "Die & Retry" à l'ancienne. Et ce n'est pas si faux malheureusement. J'ai en tête l'exemple du dernier succès de Call Of Duty 4 Modern Warfare, ou on doit libérer un otage dans un avion en moins d'une minute. 12426 essais répartis sur 3 jours, à apprendre le déroulement par c½ur de cette mission d'une minute... Die. Retry. Die. Retry. Die. Retry.


StarWing : Un choix original de difficulté dans un Shmup qui change complètement l'expérience du joueur.

J'ai l'impression que quand on parle sur l'internet 2.0 de jeux "plus faciles qu'avant" on parle souvent de ces jeux d’action. Ce qui est normal vu leur domination. Mais je pense sincèrement, comme je l'ai peut être un peu démontré dans le paragraphe précédant, que la difficulté et le challenge présents dans ces softs sont des gadgets sans véritable sens.
Certes, on sera fier d'avoir fini Call Of en vétéran ou Gears en coop en dément, mais au final, si on aura plus galéré en apprenant des patterns d'attaques ennemies, La nouveauté que nous propose le jeu aujourd'hui restera la même.

En effet, que vous jouiez en en difficile ou en facile, Aerith mourra toujours au CD1, et Sheppard sauvera l’univers à la fin. Comme je le disais en introduction, un autre plaisir à fait son apparition dans le monde vidéo ludique.
L'expérience cinématographique (ou littéraire pour certains jeux).
Un scénario, une musique, une ambiance, un dialogue, qui crée un tout, une histoire dont on veut connaitre la suite et le dénouement. Et peut importe la difficulté dans ces moments là, puisque cette salope, quand elle est mal dosée ou abusive, m'empêche de passer au niveau suivant !
Alors que je me forçais à jouer certains softs en difficile pour ce "faux" challenge qui nous est proposé (bien souvent pour un succès/trophée), cette prise de conscience de deux plaisirs de jeu différents m'a fait évoluer dans ma pratique du jeu vidéo. Et régulièrement depuis, sans aucuns scrupules, je lance la partie en Easy !


Mass Effect 3 nous incite à faire un choix sur notre façon de jouer.

Pourquoi m'emmerder à me cacher partout, me faire pécho et ne pas arriver à tuer mes ennemis dans MG2 à cause de la visée moisie, alors que tout ce que je veux, c'est écouter une histoire ? Allez hop, "Very Easy" !
Pourquoi me faire chier avec des phases de Puzzle dans Catherine alors que tout ce que je veux, c'est draguer & recevoir des textos cochons sur mon portable ? Allez hop, Youtube !
Pourquoi m'ennuyer avec les énigmes de Virtue's Last Reward, alors que tout ce que je veux, c'est voter dans le AB Room ? Hop, soluce !
Pourquoi me faire les DLC de Mass Effect 3 en dément alors que j'ai fini le jeu il y a plus d'un an ? La seule chose qui m'intéresse, c'est l'histoire et les révélations ! Hop, Easy !

Bien sur, le choix inverse est aussi possible, et lancer un Resident Evil en facile ne me parait pas adapté à l'expérience qui doit nous être proposée. La difficulté choisie pour jouer doit être évaluée pour chaque soft et choisie en adaptant ses envies à ce qui nous est proposé.
Donc en fait parler de jeux "plus faciles qu'avant" en parlant de nos AAA est selon moi un contre-sens, puisque la plupart du temps, ces jeux ne sont pas conçus pour être difficiles, mais pour procurer au joueur du plaisir en lui racontant une histoire !
Cette offre de jeux "spectacles" existe tout en proposant aussi des jeux "à l'ancienne" basés sur le challenge comme les jeux de combat ou les shmups.


Deadly Premonition Director's Cut : Ce jeu illustre à merveille mon propos, le choix de la difficulté à tout simplement disparu, ne reste que le mode facile dans ce jeu dont l'élement principal est son scénario et son ambiance.

Donc non, je ne pense pas que l’on puisse dire que les jeux sont plus faciles aujourd’hui. Ils sont différents. Et si c’est du challenge que vous cherchez, vous en trouverez dans tous les Shmup, jeu arcades ou indés qui, pour le coup, sont plus durs que leurs ancêtres !

« On peut prouver tout ce que l’on veut, la vraie difficulté est de savoir ce que l’on veut prouver »Emile Auguste Chartier.

 Sur ce, je vais jouer à BEYOND et je vous emmerde !