Legend of Dragoon est un RPG ambitieux réalisé par l'équipe japonaise de Sony, clairement inspiré par la vague des J-RPG type Final Fantasy VII-VIII, Star Ocean 2, Chrono Cross et consorts qui marquaient un âge d'or pour le genre.

Blindé de bonnes intentions (j'y viens), le jeu fut néanmoins boudé, relayé au second rang face aux chef-d'oeuvres incontestés de Square et Enix de la grande époque. Après 15 ans, je réalise l'erreur que j'ai commise en le snobant alors que je le découvre si tardivement en cette année 2014.

Le travail de composition sur les arrière-plans est vraiment remarquable... il n'a vraiment rien à envier aux autres jeux utilisant le même procédé (graphismes en CG précalculée).

Pourtant, il a (presque) tout pour plaire :

1/des décors en précalculé somptueux dont la composition rivalisent aisément face aux fresques des ténors, 2/un casting de personnages nuancés et attachants (teintés d'une remise en question du caractère dichotomique des notions de "bon" et de "méchant"), 3/un univers médiéval fantastique richement illustré et véritablement convaincant, 4/un système de combat plaisant et original basé sur la maîtrise de timings (sans oublier les transformations en armures de chevalier dragoon), 5/une histoire plutôt bien narrée, riche en surprises et agrémentée de moult rebondissements.

Sur ce dernier point, si le début semble classique, la trame scénaristique se déploie avec pertinence tout au long de la quête pour finir sur une très intéressante réinterprétation de l'apocalypse biblique dont le genre humain refuserait l'inéluctabilité. En outre, chaque personnage développe en parallèle sa petite trame secondaire (rhaaa, Haschel et sa fille Claire !). Et s'il n'est pas question ici de sombrer dans les affres métaphysiques de la psyché de tel ou tel protagoniste (coucou les FF 7/8/9, Chrono Cross, Xenogears etc.), l'apparente légèreté du propos s'avère pour le coup bienvenue et même rafraichissante (un comble car on reste sur du modèle canonique : haine, vengeance, amour, regret, expiation, loyauté, sens du devoir etc.).

Comme je le disais dans mon billet sur la modélisation de Haschel, la 3d ne brille pas par sa finesse (surtout pour son époque : fin 1999), mais elle reste largement acceptable. A noter également quelques petites cinématiques ici et là, mises en scène avec le moteur du jeu, qui renforcent efficacement les moments clés de l'aventure (en plus des cinématiques en images de synthèse bien sûr).

Le jeu possède quelques défauts (musiques peu mélodieuses voire même déroutantes, absence de mapmonde digne de ce nom, système d'objets limités ultra PAS commode, peu de quêtes annexes etc.), mais ils sont aisément balayés par le grand soin manifeste accordé au reste.

Le système de "timing" à maitriser pour renforcer ses capacités et en acquérir d'autres est vraiment sympa. Je suis étonné que l'idée n'ait pas été repompée autre part (accessoirement, je rêve d'un Legend of Dragoon 2).

Alors oui, pas de grand noms derrière ce titre (pas de Sakaguchi - Kitase - Matsuno à la réalisation, pas de Uematsu - Sakuraba - Sakimoto - Shimomura à la musique, ni de Nomura - Yoshida au design) -et c'est très certainement là son plus gros défaut- mais cela ne l'empêche pas d'être un très, TRES intéressant représentant du genre. A découvrir !

PS : Pour les non-anglophobes, je vous recommande chaudement la version US du jeu pour éviter les soucis de traduction, le 50 hertz atrocement lent et les immondes bandes noires de la version PAL.

Sublime écran de fin qui met un terme à une bien belle aventure ! (Vous remarquerez que j'ai fini le jeu à plus d'une heure du matin... les 5 dernières heures sont vraiment prenantes ^ ^ !)