Depuis que je joue sur ma NES avec un signal vidéo décent (cf mon billet sur l'amélioration de la qualité d'image des NES françaises), je me suis mis à rejouer à tout plein de jeux de ma bonne vieille ludothèque (la NES étant ma toute première console). Parmi eux, quelques titres que j'avais achetés à l'époque où tout le monde se foutait du rétrogaming, sans véritablement m'attarder dessus (j'attendais, en vain, un mod RGB pour ma NES avant de m'y pencher sérieusement). Bucky O'Hare fait partie de ces jeux que je soupçonnais d'être intéressants, achetés une bouchée de pain.
Bien oui, un jeu NES sorti en 1992 et développé par KONAMI, ça augure généralement quelque chose de plutôt positif. Pour la petite histoire, Bucky O'Hare est à la base un comics américain, qui s'est vu adapté en animé aux Etats-Unis. Voilà donc une énième adaptation vidéoludique d'une licence cross-médias mais avec Konami aux commandes (qui excelle dans l'exercice), il n'y a pas lieu à s'inquiéter. Sorti la même année sur arcade sous la forme d'un Beat Them All ultra pêchu, l'opus NES fait dans la traditionnelle plateforme matinée d'action.
On commence le jeu avec 4 mondes à choisir, chacun permettant de libérer un membre de l'équipage de Bucky. L'acolyte délivré pourra dés lors, et à tout moment (par une simple pression du bouton select), être contrôlé par le joueur qui profitera alors de ses habilités bien spécifiques. Certains permettent en effet de planer très loin ou de s'accrocher aux mûrs quand d'autres peuvent faire usage de munitions surpuissantes ou tirer dans 3 directions simultanées. Bref, la recette n'est pas sans rappeler un certain Megaman qui règne en maître sur la ludothèque NES, et ce n'est pas pour me déplaire.
Au joueur donc de doser le level design tout en faisant le bon choix du personnage à contrôler s'il veut s'en sortir sans trop de Game Over. AAAaaaah... les Game Over, parlons-en tiens, car vous en verrez des centaines dans le jeu (j'ai dû perdre 200/300 vies). Cela dit, si le jeu peut paraître difficile et extrêmement punitif (si vous allez trop vite, et surtout sans réfléchir, j'y reviens), il n'est jamais injuste et la progression demeure aisée. Remercions les continues infinis et le fait que chaque (courte) section de niveau fait office de Check Point permanent. Au programme donc : des efforts gratifiants pour un cheminement plaisant en toutes circonstances. La justesse du dosage de la difficulté en fait réellement un jeu certes impitoyable, mais jamais frustrant. Et c'est rare !
Un dernier mot sur la difficulté du jeu qui dépendra intimement de votre capacité à analyser les exigences du level-design d'une fourberie extrême. Comme je vous le disais, savoir choisir le bon personnage au bon moment vous facilitera considérablement la tâche. Il ne sera pas rare donc de jubiler d'avoir trouvé soi-même une méthode pour transformer un passage/boss ardu en une véritable balade de santé. Au delà du pur "skills", le jeu exige du joueur un peu de cogitation, voire d'imagination. Et c'est un REGAL !
Graphiquement, nous sommes en 1992 et cela se voit. La NES est maitrisée : le jeu ne souffre d'aucun ralentissement ni de disparition/clignotement de sprites. C'est propre, lisible, plutôt détaillé avec des arrière-plans sympathiques pour le support, des couleurs bien choisies et des gros sprites bien dessinés. Niveau sonore, ça envoie du lourd avec des sonorités bien senties et des mélodies marquantes. Du PUR son chiptune qui sonne tellement "NES" que tes oreilles fondent de plaisir.
Quelques prouesses graphiques qui ne payent pas de mine comme l'animation magnifique des flammes de la planète de lave ou la vitesse ahurissante du scrolling du passage en chariot.
Mais le ravissement le plus marqué, le plus palpable provient d'une maniabilité véritablement exceptionnelle. C'est vraiment LA première chose qui frappe pad en main : ce plaisir incommensurable de mouvoir son personnage à travers un level-design bourré de trouvailles ingénieusement retorses. Précise et réactive, l'exquise jouabilité comble de contentement le gamer qui a la chance de tenir la manette devant ce jeu.
J'ai beau m'être tiré la cheveux à plusieurs reprises sur certains passages, je n'ai jamais ressenti une once de rage devant l'impartialité de ce jeu qui reste juste à toute épreuve.
Voilà à peu prés tout ce qui m'est venu à l'esprit en jouant à ce titre que je considère comme l'un des plus injustement méconnus bijoux de la NES. Bucky O'Hare est à mes yeux l'exécution parfaite d'un condensé de bonnes idées et du savoir-faire du Konami de la grande époque. Un titre exigeant d'une difficulté redoutable qui ne te crache jamais à la figure en t'encourageant à persévérer en adoptant d'autres approches grâce à une grande richesse de gameplay. Un titre qui rayonne graphiquement sur son support et fait frémir de joie tes oreilles en mal d'authentiques sonorités NES 8bits. Un titre fort plaisant à jouer, du début à la fin, tout simplement. Si vous ne le connaissez pas encore, foncez !