Aujourd'hui nous sommes en 2013, et j'ai enfin fini Flashback, ce jeu que j'ai commencé il y a maintenant 15 ans.

Je me souviens encore, en 1998 donc, j'avais 7 ans. J'ai toujours été relativement en retard question consoles, donc je jouais encore sur ma Megadrive (avant qu'on ait notre premier PC familial vers 2000). Un cousin, lui, était déjà passé sur ce qui était pour moi une machine technologique qui produisait des jeux plus réalistes que la réalité, la Playstation. Du coup, il m'a filé ses très très nombreux jeux. Parmi eux, en vrac, je me souviens de quelques uns qui m'ont relativement marqués : Strider (jamais réussi à passer le second niveau), Streets of Rage premier du nom, The Lost Vikings ou encore Bulls vs Blazers, le jeu qui m'a appris les règles du basket.

Parmi ce cageot de jeux (littéralement, d'ailleurs je me souvient que c'était un cageot de tomates), il y en avait un, sans boîte, qui m'intriguait. L'image de la cartouche, c'était un mec qui me semblait encagoulé, dans l'ombre, avec un laser qui lui traversait le front. Je vous dis pas comment ça me faisait flipper. Je me souviens encore d'une phrase que mon père m'a sorti quand il est tombé sur cette cartouche :"Houlààà, cha doit faire peuR, cha ! Ch'est un jeu pouR lé grands !". Avec du recul, c'est assez rigolo de croire qu'un jeu sur Megadrive peut faire peur, ou être "pour les grands".

Je ne me souviens pas particulièrement de la première fois que j'ai lancé le jeu, ou du moins de pourquoi je l'ai fait. J'en avais probablement marre de Fifa 95 et Sonic 2. En tout cas, n'ayant jamais joué à Another World ou Prince of Persia avant très récemment, la jouabilité "case par case" était vraiment déroutante. Quand on est habitué à Sonic, qui a une jouabilité très précise, au pixel près, Flashback peut faire perdre nos repères de joueur de plateforme. Et en effet, la simple gestion des sauts longue distance est un enfer, principalement quand on a pas la notice du jeu dans les années 90...

 

Evidemment, je me souviens pas de toute mon expérience de Flashback à cette époque. Je me rappelle avoir laissé tomber à New Washington, lors de la troisième mission servant à gagner de l'argent. Ce jeu, c'est aussi la première fois que je regardais une carte pour savoir où aller, puisqu'à New Washington, il y a quatre zones nommées comme les quatre continents, dans lesquelles il y a plusieurs centres d'intérêt. Du coup, quand on nous demande d'aller au centre d'administration (oui oui...), il faut regarder sur une carte pour savoir comment s'y rendre. D'ailleurs je me souviens m'être dit "tiens, c'est comme Flashback" la première fois que j'ai lancé GTA3...

Ce qui est génial avec cette partie du jeu, où on doit obtenir de faux papiers (oui parce que le jeu est quand même une "Quest for Identity" comme l'annonce son sous titre, le jeu a donc un personnage principal, Conrad, d'ailleurs à l'époque j'étais persuadé qu'il s'appelait Connard...), une carte de travail, et réunir assez d'argent pour participer à un jeu TV afin de regagner la Terre, c'est qu'elle a un déroulement finalement très calme. Il n'y a que très très peu de combats, et tout ce qu'on doit faire c'est aller d'un point à un autre pour obtenir les objets nécessaires. Ca peut paraître assez nul dit comme ça, mais quand on a 7 ans, ça nous apprend quelque chose : quand on voudra travailler, on va en bouffer de la paperasse... D'ailleurs, le premier boulot qu'on fera sera simplement d'apporter un colis à une agence de voyage, ou comment apprendre aux jeunes joueurs que quel que soit le métier qu'ils voudront faire, ils commenceront par le bas de l'échelle. Les boulots suivants seront plus palpitants, puisqu'on doit aller à l'équivalent de pôle emploi pour récupérer un petit boulot de tueur à gages. Tout va bien dans le monde.

Nous sommes donc 15 ans plus tard, et l'annonce du remake (qui me fait un peu flipper, notamment au niveau du design, mais bon je ne m'avance pas plus que ça) m'a donné envie de me remettre à ce fameux Flashback. J'en ai toujours gardé un très bon souvenir, mais puisqu'il n'a pas vraiment gardé d'aura gigantesque, du moins pas comme certains jeux ne le méritant pas (notamment ceux dont les initiales sont CT, je dis ça, je dis rien c: ), je n'ai jamais vraiment pensé à m'y remettre. Et bien c'est désormais chose faite, puisque j'ai enfin fini le jeu que je considère comme ma madeleine de proust !

Ces musiques envoûtantes (et meilleures sur Megadrive que sur SNES, étrangement), ces bruitages venant rompre le silence dérangeant, ces cinématiques magnifiques, ces animations absolument bluffantes même aujourd'hui... Aaah Flashback, sans même le savoir, tu m'avais manqué ! La principale différence entre mon expérience de l'époque et mon expérience actuelle, c'est que cette fois-ci j'ai compris l'histoire. Bon effectivement, en ayant pas passé le deuxième monde, il est pas facile facile de tout deviner, surtout quand on a 7 ans. Pour le coup, l'histoire est beaucoup plus simple que je le croyais à l'époque.

C'est un monde futuristique (2147 selon la jaquette) dans lequel on peut facilement voyager d'une planète à une autre. D'ailleurs je ne sais pas très bien si le nom des continents à New Washington est un clin d'oeil, ou si on se déplace vraiment de continents en continents, mais passons. Donc dans ce monde, il y a des mutants qui veulent détruire l'humanité. Il y a donc les mutants qu'on peut voir facilement parce qu'ils ont des tronches de mutants, et ceux qui ont l'apparence d'humains (il me semble qu'on en voit jamais hors des cinématiques). Conrad a réussi à démasquer ce complot, il sauvegarde sa mémoire chez son pote Ian, enregistre sur un holocube toutes les informations nécessaires, le tout au cas où les mutants le choppent et lui effacent sa mémoire. ET COMME DE PAR HASARD, les mutants le choppent, lui effacent sa mémoire, il se casse sur sa moto volante et s'écrase dans les bois, son holocube à la main (d'ailleurs, en écrivant ces lignes, je me demande comment il peut l'avoir. Les mutants fouillent pas les mecs qu'ils lobotomisent ?), et sa mémoire effacée. Voilà comment démarre le jeu.

 

Techniquement, l'histoire de la mémoire effacée ne sert pas à grand chose. Le premier but du jeu, c'est de retrouver l'holocube (qui est à environs 10 pas de là où on commence), qui explique quasiment tout. Le deuxième élément qui explique l'histoire, c'est quand on va chez Ian, qui nous permet de retrouver la mémoire, au tout début du 2ème monde sur 6. A ce stade, on en est à 10/15% du jeu, et on sait déjà quasiment tout de l'histoire, et en tout cas la partie "souvenir perdu" du jeu est terminée. Bonjour le titre qui ne concerne que l'intro du jeu. Il y a encore des bribes de trucs du genre vers la fin du jeu, avec une voix mystérieuse qui nous dit où poser la bombe pour détruire le vaisseau des méchants, mais rien de très intéressant.

Le souci du scénario du jeu, c'est qu'il n'a qu'un seul vrai HUB de jeu, à savoir New Washington. Le reste, ce ne sont que des écrans, avec soit des énigmes, soit des ennemis à tuer de manière plus ou moins intelligente. Il ne prend qu'une seule fois le temps de poser son univers, et c'est vraiment dommage parce qu'on sent qu'en creusant un poil plus, il y aurait moyen de faire plusieurs lieux intéressants plutôt qu'un seul. Le monde sur Terre en est le meilleur exemple. Le jeu se passe dans le futur, il aurait été intéressant d'avoir au moins une once d'intéraction avec cette société futuristique. Malheureusement quand on y arrive, les mutants sont déjà là, et on passe son temps à tuer et résoudre des énigmes. Dommage.

Pour résumer, il n'y a qu'une poignée de mondes dans le jeu : la forêt du début, New Washington, le jeu TV inspiré de Running Man (pour gagner son billet pour la Terre), la Terre, la prison (oui parce qu'on se fait chopper par les méchants mutants), et enfin le vaisseau des méchants découpé en deux parties. Ca fait court, et ça manque encore une fois de zones plus calmes, ou bien de mini niveaux de transition.

Au moins, le level design des énigmes et combats est réussi. Il n'y a pas réellement d'action dans Flashback, on aborde les combats comme on aborde la plateforme, puisque les ennemis ont une IA sous forme de causalité, un peu à la Metal Gear Solid : les règles du jeu sont toujours les mêmes, donc pas d'injustice si on se fait tuer (sauf les deux derniers ennemis qui sont CARREMENT EMMERDANTS). Du coup, on aborde chaque plan avec prudence, ce qui peut être un peu frustrant vu que la course est l'une des animations les plus réussies du jeu, mais il faut s'en passer la plupart du temps, surtout que le personnage met plusieurs cases à s'arrêter.

Le level design évolue également avec le temps, puisque si avant l'apparition du téléporteur on évite les trous, après on a plus tendance à vérifier ce qu'il y a dedans. Le téléporteur peut être utilisé n'importe quand. On a une plateforme de téléportation et une télécommande : on lance le téléporteur où on veut, puis on appuie sur la télécommande pour se téléporter. SURTOUT NE PAS OUBLIER DE RECUPERER LE TELEPORTEUR. Croyez moi. Oh oui croyez moi... Ce qui est cool, c'est qu'à l'apparition de ce bidule fort utile, il est possible d'aborder les combats différemment. Du coup plutôt que d'avoir une approche "comment tuer tout le monde efficacement sur ce tableau", il m'est arrivé de me demander "comment je peux balancer mon téléporteur discrètement sans qu'ils me repèrent ?". C'est pas du Splinter Cell, mais ça apporte une seconde approche, surtout que jusque là il y avait généralement une seule façon d'aborder le niveau.

Il me semble que je commence à parler beaucoup trop de cette vieillerie qui n'intéresse plus que très peu de monde, donc je vais quand même revenir sur ce qui me semble être le point le plus marquant du jeu : le design général. Si les personnages sont globalement satisfaisants, mais pas non plus mémorables (si ce n'est les quelques monstres chelous au début), les décors, eux, sont grandioses. C'est étrange de voir autant de travail fourni qui, au final, ne "sert" par le gameplay à proprement dit. Ainsi, la forêt du début ne ressemble à rien de ce que j'ai pu voir, avec une nature aux formes courbées, un peu comme des serpents qui seraient fait de tronc d'arbres mousseux, le tout plus ou moins adapté par des architectures humaines permettant de s'y déplacer. Il en va de même pour New Washington, qui, malgré son nom, ressemble plutôt aux coins les plus puants de Gare de Nord qu'à une nouvelle ville technologique. Il a beau y avoir des robotisations de partout, on peut entrevoir la rouille sur les murs et les crevasses laissant couler du liquide vert fluo, certainement une nouvelle source d'énergie. Miam. Bref, je vais pas vous décrire tous les niveaux, mais y'a un boulot assez dantesque, surtout à New Washington encore une fois, qui essaye vraiment de donner l'impression d'être une ville, malgré le faible nombre de personnes y vivant. D'ailleurs, c'est tellement réaliste que les filles du pôle emploi local vous envoient deux fois au mauvais guichet pour votre permis de travail. Si ça, ça n'apprend pas aux jeunes à quoi s'attendre pour leur vie active...

Bref, Flashback est pour moi un jeu très marquant. Probablement pas un monument de la Science Fiction comme j'ai pu le lire ça et là (et comme j'ai pu le dire dans mes statuts), mais c'est un jeu à faire. Evidemment, le fait que je l'ai fait étant enfant annule toute mon objectivité, mais là n'était pas mon but. Ce que je voulais, c'était partager mon expérience d'un joueur continuant sa partie commencée 15 ans plus tôt, mais en y découvrant toute autre chose. Là où je voyais des plateformes difficiles à passer, j'y vois une forêt menaçante mais aussi très intriguante (mais quand même difficile à passer, hein). Là où je voyais des missions inutiles où je devais aller chercher une carte de travail, j'y vois une tentative de creuser l'univers en y mettant un peu de paperasse, parce qu'au fond, la paperasse, ça fait aussi partie de notre univers. Pas vrai "impots.gouv.fr" ?

Je conseille ce jeu, principalement via un émulateur sur lequel vous pourrez sauvegarder n'importe quand, sauf si vous avez beaucoup de patience bien sur. Dans tous les cas, c'est une expérience très intéressante, pleine de références aux films des années 80 et plus principalement la filmographie de Schwarzie (Running Man, True Lies, Terminator, Total Recall...), et avec un level design très ancré dans la plateforme des années 90, mais réussi malgré tout. Ouah, que de souvenirs !

 

 

 

PS à moi même : Cher cerveau, pourquoi n'arrives-tu pas à écrire aussi vite et spontanément pour ton mémoire de licence, au lieu de mettre une heure à écrire deux paragraphes ? Cordialement, moi.