Quand j'ai appris la disparition de Terry Pratchett, en rentrant d'une journée de boulot particulièrement chargée et particulièrement peu gratifiante (mon quotidien, depuis un an et demi), comme beaucoup d'entre nous, j'ai reçu la nouvelle comme un crochet du gauche en pleine machoire, le genre qui te cueille par surprise et t'envoie au tapis sans te laisser le temps de réagir ou de sauver la face. Puis qui te colle plein de coups de pieds dans les côtes quand tu es plié en deux sur le carrelage.

 

 

On le savait qu'il était malade, pourtant. Des années, qu'on était au courant. Des années qu'on essayait de ne pas y penser et de faire comme si de rien n'était, comme si ce n'était qu'un rhume chronique ou une mauvaise toux. Parce qu'il continuait d'écrire, et d'écrire, et d'écrire sans trêve, on a pu faire l'autruche, se convaincre que son état n'était pas si grave, que son grand oeuvre n'aurait jamais de fin, qu'il écrirait toujours dans dix, vingt, trente ans de ça.

 

Et puis sans que rien ne l'annonce, il s'est éteint, discret, paisible, un sombre jeudi de mars, laissant un vide immense dans le cœur de milliers de lecteurs désemparés. Avec, pourtant, assez de force d'âme, et assez de courage pour « s'écrire » jusqu'à son dernier souffle, et poser par-là même son propre point final par une série de tweets d'une déchirante beauté.

 

La littérature de l'imaginaire y perd un de ses meilleurs éléments. Peut-être même la littérature tout court.

 

 

Et alors que nous n'étions tous que chagrin, déni ou incrédulité, et que nous parcourions la toile afin de trouver le lien salutaire qui nous annoncerait « you've been RickRolled » - tout en sachant très bien que nous n'en trouverions pas -, je me suis senti l'irrépressible besoin d'écrire. Et de faire écrire. Pour rendre hommage, pour prolonger, pour faire comme s'il était toujours des nôtres, par plumes interposées. Comme s'il vivait toujours. En nous.

 

J'ai donc proposé à celles et ceux qui souhaitaient en faire autant de m'emboîter le pas, afin de constituer un « mur du souvenir » virtuel, sur lequel nous posterions fiction, dessins, témoignages, tout ce qui nous viendrait – et tant pis si ce n'était pas forcément littéraire, ou long, ou directement lié à cette triste nouvelle.

 

L'essentiel, comme souvent, c'était de créer. D'être sincère. De ravaler les larmes, pour certains et certaines.

 

Et de partager.

 

Un mois plus tard, c'est donc ce mur que j'ai le plaisir de vous inviter à découvrir, après avoir moi-même explosé mes propres records et être passé « d'un texte simple et sans fioritures de 2 pages » (rires) à une Arlésienne de 19 qui n'aura eu de cesse de ralentir l'avancée du projet (mes excuses sincères aux contributeurs qui en ont indirectement pâti). Ce qui implique, oui, vous l'aurez compris, qu'il va vous falloir lire, prendre le temps, laisser les chatons de côté - et ce ne serait que justice rendue à Sir Terry. Et puis, qui sait, peut-être l'envie vous en prendra-t-elle de nous rejoindre et de poser votre pierre à l'édifice ? Toutes vos contributions seront les bienvenues (du moment qu'elles respectent certaines exigences minimales, qui sont explicitement détaillées là-bas), ma boîte à MP reste ouverte, alors n'hésitez pas.

 

 

Un grand, grand, grand, pour ne pas dire immense merci à nos Pratchettophiles (ou pas) qui ont répondu à l'appel. A savoir, par ordre alphabétique :

 

Anne-Laure

 

Celim

 

Critobulle

 

Dan

 

Migaru

 

Otaku San

 

RetroPlayerMan

 

Ryuukusan

 

Strife

 

Petite pensée spéciale pour Corto, Locutus et Snake_in_a_box, qui avaient l'idée comme l'envie mais ont manqué de temps (il n'est jamais trop tard, les bros).

 

 

Nous sommes TOUS Terry.

 

 

Pour prolonger :

 

Vade-Mecum, le site (incontournable) du fan-club français.

Un hommage improvisé, rendu à Sir Terry par le sieur Corto (sus-mentionné) et moi-même, lorsque nous avons appris pour sa maladie.