Lorsqu'on passe du temps à regarder des films, à lire des livres, à écouter de la musique ou, soyons fous, à jouer à des jeux vidéo, il arrive tôt ou tard que l'on ressente l'envie de passer de l'autre côté du mur. Hélas, c'est avec fracas qu'on finit bien souvent par s'y heurter ; on croit alors pouvoir l'enjamber comme un banal trottoir, quand il s'agirait plutôt de demander à une pleine équipe de basketteurs dégingandés de vous faire la courte échelle pour espérer en apercevoir le sommet.
Hm ? Acheter une véritable échelle ? Bah pourquoi, elle est pas bien ma métaphore ?..

 

Non parce que, c'est une chose d'avoir un esprit génial et torturé, des idées à la pelle et un concept révolutionnaire ; il faut aussi être en mesure de concrétiser tout ça, de le matérialiser par du son, du visuel, de la jouabilité, bref, tous ces machins-là qui servent vaguement à faire un jeu vidéo. Or, comment ne pas se noyer dans des abysses de lignes de code alambiquées, quand leurs significations nous échappent comme autant d'anguilles trempées dans la vaseline ? Comment ne pas s'auto-affliger quand, dessinant le visage du protagoniste que l'on espère classieux, on se retrouve face à ceci ou encore cela ? Comment composer des mélodies enchanteresses dignes des plus grands maîtres du genre sans se ruiner en dolipranes et anti-dépresseurs, abattus que l'on est à l'écoute de nos résultats, dignes tout au mieux des meilleures compils de musiques d'ascenseurs en panne ? Mais surtout, surtout !, comment ne pas rejeter toute assistance de gens qualifiés dans ces domaines, quand à l'évidence ceux-ci seraient bien incapables de retranscrire avec fidélité notre vision d'origine, si incontestable, si génialement insensée, si formidablement étriquée !...

 

Et puis, un beau jour, on tombe sur un simulateur de chèvre.

 

Et là, on se dit qu'après tout, on peut bien faire n'importe quoi et appeler ça du jeu vidéo. Au diable la programmation, le bon goût artistique et les mélopées divines ; pourquoi s'en embarrasser quand on peut faire plus simple, seul, à moindre coût, à moindre effort, et toujours malgré cela vendre par pelletées virtuelles entières le produit "fini" ? Pour la satisfaction d'avoir produit quelque chose d'abouti ? Ha, vous êtes naïfs...

 

Bref, c'est dans cette optique que m'est venue l'idée de développer Meditation Simulator 2014, un jeu au concept simple mais non moins révolutionnaire, que je vous propose de découvrir sans plus attendre par le biais d'une première image de gameplay :

 

 

Comme vous pouvez le constater, nous avons choisi de développer le jeu par le biais d'une vue à la première personne, afin que le joueur puisse vivre une expérience méditatoire aussi immersive que possible à travers les yeux, fermés, d'un moine bouddhiste du Tibet oriental. Vous me voyez ainsi fier de vous présenter ce qui me semble être le premier First-Person Meditator (FPM) de toute l'histoire du jeu vidéo !

 

Le principe du jeu en lui-même est très simple : il s'agit de rester immobile devant votre écran, sans toucher à rien, sans bouger d'un iota, sans la possibilité de boire ni manger, tout en surmontant les diverses perturbations ambiantes à même de vous sortir de votre concentration, et de vous précipiter ainsi vers un game over fatidique. Ignorez le gazouillis insistant des oiseaux, oubliez les bruits de manifestation grévistes aux portes du temple, et faites fi de vos pensées les plus égarées du droit chemin de l'amour et de la paix ; car le succès vous conduira aux portes du Nirvana, où vous attendent le bonheur éternel et Kurt Cobain, dont j'attends d'ailleurs toujours d'obtenir les droits pour le générique de fin.

 

 
Ci-dessus, un marteau-piqueur vous déconcentre.                    Et là, une guêpe vient d'entrer dans la salle !     

 

Le jeu est déjà disponible sur Steam depuis quelques jours, bien qu'on m'ait reporté qu'un bug faisait disparaître le jeu de l'interface Steam pour certains utilisateurs, "de goût" m'a t-on même précisé.

 

Ça ne m'empêche pas néanmoins de vous dire deux mots concernant le prix du jeu, que j'ai souhaité abordable ; bien que je sois resté sûr de mes ambitions et de ce qu'elles représentent dans cette industrie aseptisée, gangrénée par des productions toutes plus grand-public et insipides les unes que les autres, et qu'on ose nous proposer à des prix indignes flirtant parfois avec les 70€ !

 

70€ !

 

Je dis non.

 

 

Je vous annonce également dès à présent que le jeu aura droit à un portage sur consoles de salon, avec, notamment, une version Kinect qui m'intéresse au plus haut point. Imaginez ! Grâce au capteur de mouvement, le jeu pourra savoir si vous bougez ou si vous dandinez sur place en vous retenant d'aller pisser, et vous sanctionnera immédiatement. Ajoutez à ça la fonction microphone que je prévois déjà d'ajouter à la version steam, et le jeu pourra même repérer vos ronflements en cas d'assoupissement malencontreux, et vous réveiller d'un game over spécial qui ne manquera probablement pas non plus de réveiller tout votre immeuble.

 

Mais vous l'aurez compris, toutes ces fonctionnalités ne verront certainement jamais le jour, puisque étant en totale contradiction avec ma nouvelle politique de développement minimaliste. Vendre du rêve, ça par contre, ça demandait pas trop d'effort.

 

Une version collector sera néanmoins proposée sous peu. Celle-ci comprendra un boitier, un artbook de 56 pages, ainsi qu'une panoplie de moine bouddhiste composée d'une robe et d'un rasoir ; le tout pour la modique somme de 149,99€, frais de port exclus. Il n'y en aura pas pour tout le monde, donc moi, à votre place, je foncerais !...

 

 

Ah, mince, le droit d'image. Flüte. Quelqu'un aurait son numéro de portable ?...

 

Par ailleurs, s'il sortira sur "PS360" avant la fin de l'année, je suis au regret de vous annoncer le report des versions PS4/Xbox One à 2015, en raison d'une trop forte fièvre procastrinatrice couplée à la mode du moment qui veut que tous les jeux prévus sur ces supports soient reportés à l'année prochaine. Après tout...

 

Mais ça s'appellera toujours Meditation Simulator 2014, hein !

 

À moins que je fasse passer ça pour une nouvelle version ?...

 

Hmm...

 

 

Bref, voilà à peu près tout ce qu'il y avait à dire sur ce Meditation Simulator 2014 qui, comme vous avez pu le constater, fait déjà l'unanimité chez ceux qui ont pu s'y essayer !

 

S'il ne deviendra peut-être pas le porte-étendard du "fait à l'arrache", comme je l'espérerais, il n'en restera pas moins, j'en suis certain, un concept innovant et rafraichissant qui se paie le luxe, en plus !, de prôner la paix intérieure et l'amour dans le monde.

 

Achetez donc ce jeu, vous vous sentirez plus léger.

 

De plusieurs euros, même.

 

*****

 

Et sur ces bonnes paroles, je vous laisse avec le trailer du jeu, qui comporte près de sept minutes (!) de gameplay intense et sans temps mort. Vous pourrez ainsi vous faire une idée des obstacles qui vous y attendent, entre les bruits du dehors et cette voix intérieure qui tente de vous dévier de la paix et de l'amour. C'est un peu long mais, hey, regardez-en ce que vous voudrez.

 

L'important, c'est de ne surtout pas passer à côté de ce que cet homme, à 4:49, souhaite vous dire.

 

(Mince alors, j'ai fait un effort sans m'en rendre compte. Bah !)