Chaque fois que je me rends au collège (à pied, je
sais, j'ai de la chance) j'imagine mon père, quelques pièces de francs dans les
poches et un emploi du temps pas trop chargé en fin de journée. Le voilà juché
sur son 103 MVL. Pour tout chemin un détour par le centre ville, à la
découverte d'une salle d'arcade avant un retour au home sweet home. Devant
cette vision féerique, on serait pris d'une vague tsunamiesque de nostalgie.
Dans ma vie, j'ai un copain (bon, il a plus du double
de mon âge mais je ne connais pas de fossé de génération). Le gars, au lieu
d'aller déjeuner le midi, il balançait un tas de sesterces dans la borne
R-Type. Résultat, il peut encore aujourd'hui finir le jeu en une seule vie
(c'est un extra-terrestre, j'vous dis), une sorte de demi-dieu du shoot'em up. Pour moi, une salle d'arcade, quand j'en entendais
parler étant petit, je pensais à une
pièce bordée d'alcôves à l'oriental. Aujourd'hui, dure réalité, en lieu et place
de la salle d'arcade, le seul truc qui reste d'oriental c'est le Kebab d'Omar.
Moi ces salles, j'en ai rêvé et puis Sony les a
défaites. Un mélange de sons, de musiques, de rires, de cris de rage nimbés d'une
fumée de Marlboro pas encore mise à l'index. Toute une ambiance. Une ambiance
limite mafieuse (j'ai eu l'aveu d'un spécialiste incontesté et incontestable du
domaine vidéoludique sur une salle d'arcade parisienne où on trouvait des
flingues dans les bornes, pas vrai AHL ?).
Mais le jeu vidéo a bel et bien évolué. Les bornes
ont été rattrapées puis dépassées. Difficile d'admettre que Sega Rally se
fasse coiffer au poteau avec sa cabine qui vous remue, son vrai volant pas en
plastique à retour de vraie force. Sûr que c'est un peu encombrant dans un
salon... Mais dépassé, certainement pas...
J'y joue sur Sega Saturn en attendant la borne que tonton James va me trouver.
Heureusement il reste des gars passionnés qui font
revivre la légende des Neo et autres Taito. Pas oublier l'époque où Sega était
vraiment plus fort que nous, que tout. Avant l'arrivée des consoles de salon bien puissantes, il fallait
s'expatrier un instant hors des murs, se plonger dans des salles où bipaient,
couinaient, étincelaient nombre de composants électroniques fragiles.
Je vais redescendre de ce nuage de fumée de clope un
peu malsain il est vrai. Parfois la difficulté des jeux était telle qu'on
risquait vite d'engloutir un monceau de cochon tirelire. Les lieux n'étaient
pas toujours très bien fréquentés. Je ne retourne pas ma veste, juste je soigne
la nostalgie à coups d'électrochocs. Je fais que le manque soit moins dur. Non,
la solution idéale serait une immense pièce (ou alors envahir totalement sa
chambre voire la maison toute entière sous couvert de sauvegarde du patrimoine
vidéoludique).
On est passionné ou on ne l'est pas.
Guillaume Nicolas, 15 ans
PS :
Pour la solution, je vais essayer le coup de la maison toute entière, on verra
bien...