Le blackout total qu'oppose les constructeurs sur leur prochaine console laisse le champ libre aux sociétés spécialisées dans le middleware d'occuper - un temps - le terrain de la next gen. Et ils ne s'en privent pas. Crytek semble vouloir se livrer à une surenchère verbale contre son ennemi juré, Epic Games. L'Unreal Engine 4, le tout nouveau monstre concentrant toutes les technologies de pointe mis au point par Epic a assuré le spectacle lors de la dernière édition de l'E3. Soufflés par autant de promesses visuelles, les médias ne s'en sont pas encore remis. C'est dans cette ambiance totalement acquise à Epic que Crytek tente d'exister.
 
"Le CryEngine 3 rivalise de qualité avec l'UE4. Cela fait même depuis trois ans. Souvenez-vous de ce que nous vous avions montré lors de l'édition 2009 du GDC" averti Cevat Yerli, le directeur général du studio allemand. Il ajoute modestement : "Ce que nous vous avions dévoilé, l'Unreal Engine 4 le réalise seulement maintenant". Le moteur 3D d'Epic déjà obsolète ? Yerli verse sans scrupule dans l'escalade verbale : "Bientôt, vous pourrez prendre connaissance de la prochaine étape du CryEngine et vous remarquerez que je n'annexe pas de chiffre." Il sous-entend que les améliorations apportées ne sont pas assez décisives pour atteindre une rupture qualitative radicale. Mais assez pour battre à plate couture son compétiteur.
 
La technologie vantée comme "nouvelle génération" est par conséquent un abus de langage pour Crytek : "nous avions d'ores et déjà la maîtrise de tous les effets graphiques [...] DX11 [...] par l'intermédiaire de démos techniques" mais aussi et surtout "de Cysis 2". Et comme si cela ne suffisait pas, le pdg du studio vante l'ergonomie "what you see is what you play" (un simili "wysiwyg", acronyme emprunté à certains logiciels PC) autorisant un "montage en temps réel d'univers graphiques" grâce à l'utilisation d'outils de production puissants et aisés. Il dénonce le retard pris dans ce domaine par son concurrent direct "qu'il n'a toujours pas adopté à 100%" alors que Crytek le proposait "dès 2001". Il prend un exemple précis pour appuyer son propos : "nous sommes 100% temps réel. Regardez notre concurrent, à chaque fois qu'il change une ombre ou une lumière, leur moteur 3D doit calculer ces changements des heures durant. Dans notre cas, l'éclairage est en temps réel."
 
Plus loin dans l'interview qu'il a accordé au site Venturebeat, Yerli aborde la filmographie Computer Graphics type Pixar "accessible très prochainement, dans les deux années qui viennent." Epic se présente comme l'arbitre sifflant le top départ de la next gen ? Crytek crie à l'usurpation du rôle qui lui revient : "en 2008, j'ai prononcé un discours sur l'avenir de l'infographie [...] en 2012 nous aurons atteint la qualité visuel d'un Shrek, et c'est effectivement le cas" jubile l'homme fort de Crytek.
 
Le studio allemand est bien décidé à ne pas laisser Epic faire cavalier seul à la fois en musclant son discours dans les médias ainsi qu'en dopant son moteur 3D d'effets visuels tous plus renversants les uns que les autres. Le bras de fer s'annonce croustillant.