Jason Rubin, brillant game designer à la tête de Naugthy Dogs s'était retiré de l'industrie du jeu vidéo non sans laisser éclater au grand jour son amertume sur l'état désastreux des relations d'affaires entre éditeurs et constructeurs. Friand de challenge, il revient sur le devant de la scène avec pour tâche de remettre sur pieds THQ, un éditeur au bord de la faillite qui a raté le virage de la HD. Une course folle s'engage pour Rubin bien décidé à nettoyer le catalogue de jeu de l'éditeur américain et réorienter la stratégie de développement dans des investissements d'avenir, les jeux dématérialisés en tête.
 
L'homme en est convaincu, le modèle économique des consoles de salon est appelé à changer pour embrasser celui "du PC caractérisé par une offre jumelle boîte et digitalisée." La forte disparité du marché aura vécu, les jeux triple A écrasant des jeux à petit budget de développement sur le même linéaire des détaillants est de l'histoire ancienne. Tout le monde serait logé à la même ancienne d'après le pdg de THQ "chaque titre pourra se faire une place au soleil" grâce à la dématérialisation. Les développeurs ne sont plus tributaires d'une levée de fond de plusieurs millions de dollars pour assurer à leur titre une visibilité commerciale autrement réservée aux gros hits. C'est le marché in fine "le joueur qui arbitrera entre les titres appelés au succès et ceux qui feront un flop parce qu'ils caractérisent le (choix du) consommateur final" semble se réjouir Rubin.
 
Mis sur un piedestal par Sony Computer grâce au triomphe international de Crash Bandicoot sur PSone, le game designer s'est ensuite laissé grisé par le succès avant de contester au géant japonais la surexploitation commerciale de sa franchise star. Les décideurs de Sony ne voulaient que du Crash, écartant de facto tout autre projet original. Son combat d'arrière-garde dans "la promotion des talents en faveur des jeux créatifs" selon la description de sa fiche wikipédia rejoint la tendance de marché vertueuse qu'il semble chérir. Les jeux créatifs n'auront plus à souffrir de l'absence de soutien marketing des éditeurs/constructeurs.