Dans notre belle industrie du jeu vidéo, certains prophètes de malheur prédisent un renversement de la chaîne alimentaire. Ce n'est plus le gros poisson qui mange le petit mais les smartphones qui auront raison de la console de salon. Devenu un concentré de technologies tentaculaires, le téléphone moderne ne se refuse rien et promet de bousculer tous les dinosaures de l'industrie. Mais un homme ne croit pas à ce phénomène de cannibalisation, cauchemar que caressent quelques vautours de la scène indé.
 
Cet homme c'est Warren Spector. L'un des plus fins esprits et game designer de génie dont le pédigrée rendrait jaloux les faux prophètes qui font passer des amuse-gueules sur téléphone mobile pour des jeux vidéo : "comment voulez-vous réaliser un jeu... Je ne vais pas mâcher mes mots, alors de quelle manière envisagez-vous de créer un jeu sur un dispositif qui ne possède ni bouton ni joystick ?" s'étrangle Spector dans les colonnes du site Theverge.com.
 
Ce coup griffe pourrait ressembler à un combat d'arrière-garde : "cela fait 30 ans que je fais ce métier" prévient Spector. Ses productions ont toujours été l'expression d'une expérience à vivre alors que les jeux sur smartphone proposent une simple progression du joueur "le temps d'une pause café". Pour autant, ce dernier est bien conscient que le progrès technique pousse ces véritables couteaux suisse de l'univers du high tech à prochainement rivaliser voire même dépasser en puissance la PlayStation Orbis (!). Mieux encore, son formidable taux de pénétration avec "plus d'un milliard d'utilisateurs" attire désormais l'attention des développeurs du monde entier.
 
Mais rien n'y fait, pas même ces perspectives économiques alléchantes qui ne sont qu'un leurre pour le game designer de génie. Il voit en cette force montante une complémentarité et non une rivalité avec les consoles de salon. Par un jeu de vase communicant, les développeurs intéressés par ce marché florissant doivent avant tout envisager des interactions avec les plates-formes des grands constructeurs : "s'ils ne l'envisagent pas alors ils ne se projettent pas assez" dans leur métier. Et nous avec.