Yo minna !

A peine de retour de mon trip nippon que déjà je trépigne d'impatience à l'idée de partager ce qui a constitué mon cinquième voyage là-bas depuis 2006 - et sans doute le plus réussi à ce jour. Pour le coup, je suis parti avec des amis, ce qui m'a incité à effectuer un petit retour aux sources et à repasser par des contrées que j'avais déjà arpentées, à savoir Tokyo, Hakone et Kyoto. Mais l'avantage de ce genre de voyage, c'est que l'on s'emploie autant que possible à sortir des sentiers battus pour s'offrir des moments un peu plus "authentiques", si j'ose dire, que les traditionnels clichés de cartes postales. Je vous le dis tout de go : en la matière, le séjour a dépassé largement mes espérances.

Grosse différence avec mes précédents séjours, j'ai pu suivre quelques cours de japonais, ce qui me permet désormais de baragouiner quelques phrases et de comprendre sommairement ce que l'on me dit, du moins si cela se cantonne aux choses simples. Je me rends à l'évidence : cette maîtrise sommaire de la langue a sans doute beaucoup joué dans les relations que j'ai pu nouer avec les Japonais, même si j'ai l'impression, également, que leur ouverture sur l'extérieur est plus franche qu'il y a une dizaine d'années. De manière générale, j'ai pu lancer des conversations en faisant usage de leur langue, pour découvrir que cette pratique très sommaire les rassurait quant à leur maîtrise de l'anglais : les discussions pouvaient donc se mener sur un mix intéressant de japonais et de langue de Shakespeare, auquel venaient s'ajouter quelques gestes en langue des signes lorsque nous buttions sur des termes précis. Mine de rien, cela nous a permis d'aborder des sujets assez variés, tout en m'amenant à constater que mes interlocuteurs faisaient preuve d'une véritable curiosité. C'est, pour moi, une nouveauté.

Comme je l'indiquais précédemment, c'est par Tokyo que nous avons débuté le trip. Comment d'ailleurs faire l'impasse sur cette métropole tentaculaire, gigantesque, dont chaque quartier est une ville à part entière, avec son ambiance propre, ses commerces, ses centres vitaux ? Tokyo reste égale à elle-même, fabuleuse d'urbanité, de verticalité, mais capable de mémoire, de culture au détour de chaque coin de rue. Nous avions choisi de loger à Shinjuku, le fameux quartier des "plaisirs" - rassurez-vous, ça ne va pas chercher bien loin - afin de pouvoir profiter de nos nuits pour sortir autant que possible. C'est un choix que je ne peux que conseiller : non seulement celui-ci permet-il de se conformer aux us très alcoolisés des Nippons - mon dieu ces maux de tête matinaux ^^ - sans risquer l'accident et sans avoir à surveiller la montre pour guetter le dernier métro, mais il nous a aussi amenés à mieux connnaître cette ville dans la ville, qui vit 24h/24, dans laquelle chaque petit escalier peut mener à un bar miraculeux et insoupçonné. L'on y doit toujours prendre garde à ne pas tomber dans un bar à hôtesses, mais ces agréments se repèrent rapidement, ce qui permet de les éviter sans difficulté. Mon conseil : n'hésitez pas à pousser les portes pour voir ce qui se cache derrière. Le seul risque, c'est que vous soyez enchantés de ce que vous allez trouver...

 

 

I. Une petite envie de yakitori

Shinjuku, donc, pour commencer. De mon point de vue, il faut entamer la découverte des lieux en faisant le tour de la gare elle-même. Cela permet de s'orienter - ce qui n'est pas négligeable tant les lieux peuvent être labyrinthiques -, et cela vous amènera sans doute à tomber sur Omoide Yokocho, petite ruelle assez connue des touristes, mais aussi des Tokyoïtes eux-mêmes, parce qu'elle abrite des restaurants à yakitori du genre "plus typique, tu meurs". Omoide Yokocho  se situe sur l'une des parallèles à la gare, lorsque vous descendez en longeant cette dernière depuis la station de bus de la West Exit.

Pour voir le lieu sur une carte : https://www.thinglink.com/scene/517676470894592001

 

J'ai pu lire ici et là des commentaires pas toujours très sympathiques de la part de voyageurs qui se sont estimés floués par l'un ou l'autre de ces restaurants d'extérieur (il n'y a pas de murs, juste un comptoir et des sièges). Il m'est effectivement arrivé à l'occasion d'être victime de pratiques un peu limite - encore que cela ne soit jamais allé bien loin - aussi je me permets de vous livrer un petit conseil pour éviter les mauvaises surprises : rendez-vous à Omoide Yokocho aux alentours de 18h et arpentez la ruelle du nord au sud pour voir comment se comportent les restos, quelle est leur fréquentation. La chose est simple : si vous n'y voyez que des occidentaux, méfiez-vous. En revanche, si des Japonais y élisent domicile, voire font la queue pour accéder aux lieux, n'hésitez pas à suivre leur exemple : c'est que vous êtes tombés sur une petite perle d'izakaya, qui se surcroît vous surprendra probablement par des prix très bas. Pour tout vous dire, nous nous sommes offert un gueuleton d'une bonne quinzaine de brochettes chacun, à quatre, avec fruits de mer, poulpe, poulet, boeuf, anguille, thon, saumon, noix de Saint-Jacques, j'en passe et des meilleures, le tout arrosé de deux bières chacun et de saké à foison, pour moins de 10 000 yens, soit moins de 80 euros. Je n'ose imaginer combien un tel repas aurait coûté dans nos contrées...

 

II. Un bar pour le plaisir

Shinjuku, ce sont aussi des bars à perte de vue, avec du bon et du nettement moins bon. Comment s'y retrouver ? Il n'y a pas de recette miracle, il faut entrer dans le bar et tenter l'aventure. Si une demoiselle s'assoit à votre table, fuyez, l'addition risque d'être très salée. Mais si vous découvrez un petit comptoir de rien du tout, avec quelques places à peine, ne reculez pas d'office : ces mini-bars sont bien souvent d'excellents lieux pour faire connaissance avec des Japonais, qui raffolent de ce genre d'endroit. Les prix y restent corrects - comptez 7 à 10 euros le verre de whisky, breuvage qui constitue souvent leur spécialité, mais sans exclusive - et vous pourrez bien souvent entamer une sympathique discussion avec la barmaid (la plupart du temps, c'est une femme qui tient le bar), puis avec les Nippons qui viendront vous rejoindre. Nous avons trouvé une chouette adresse, que je partage ici avec vous : le bar Kurebawakaru Part 2, petit spot au premier étage d'un ruelle paumée au nord-est de la gare de Shinjuku, est une très belle découverte. Pour vous y rendre, je vous mets la map ci-dessous. Repérez la promenade dans la coulée verte, la ruelle - qui n'a pas de nom - est la première à droite si vous venez du sud, le bar se trouve tout au bout sur la droite, au premier étage.

La map : https://www.thinglink.com/scene/517682071565500417

Sinon, vous avez aussi la possibilité, pour le plaisir, de vous offrir le bar en roof top de l'hôtel Hyatt Park : le New York Bar. C'est aussi à Shinjuku (impossible à rater d'ailleurs tant la tour est gigantesque), et la vue laissera immanquablement tout le monde bouche bée (c'est dans ce bar qu'a été filmée la scène mythique de Lost in Translation). La contrepartie, c'est le prix du cocktail (comptez 2000 à 3500 yen) et le droit d'entrée, fixé à 1000 yen par personne. Astuce : venez avant 20h, vous y échapperez. Et ne vous trompez pas en cours de route : il y a plusieurs bars au fil des étages, le NY Bar étant au 52e niveau.

 

III. Les perles de Tokyo : Shibuya, Harajuku, Yoyogi

Le long de la Japan Rail Yamanote, vous ne pourrez pas passer à côté si vous faites escale à Tokyo : les quartiers de Shibuya, Harajuku et Yoyogi sont les points de passage obligés pour tout visiteur qui se respecte. Je vais passer rapidement sur ces spots : les guides sont bien assez riches d'infos sur le sujet.

 

Shibuya, c'est la statue du chien Hachiko autour de laquelle tous les Tokyoïtes se donnent rendez-vous, mais aussi le plus grand croisement piéton du monde, des magasins à perte de vue, un resto sushi sur tapis roulant d'enfer (Genki Sushi, voir ci-dessous) : pour faire simple, si vous avez envie de faire des emplettes, c'est ici que ça se passe ! En cherchant un peu, vous trouverez même un Mandarake en sous-sol, enseigne qui se charge de vendre du manga en veux-tu en voilà, mais aussi des figurines (beaucoup) et du jeu vidéo (beaucoup moins). J'y reviendrai, d'ailleurs : le jeu vidéo est en perte de vitesse à Tokyo, et ceci même à Akihabara. Inquiétant.

Pour trouver Genki Sushi : https://www.tripadvisor.fr/Restaurant_Review-g1066456-d4234509-Reviews-Genki_Sushi_Shibuya-Shibuya_Tokyo_Tokyo_Prefecture_Kanto.html

Harajuku, c'est avant tout Takeshita Street, artère dans laquelle se vendent les tenues des jeunes et jolies Tokyoïtes branchées et/ou gothic, voire gothic lolita. Instant shopping pour ces dames donc (le magasin Laforêt est, selon les demoiselles présentes lors du trip, une référence), et puri kura de rigueur puisque le quartier regorge de ces photomatons typiquement nippons. Ensuite, retournez vers la station de métro Harajuku en rebroussant chemin dans Takeshita, prenez sur votre gauche et empruntez le pont sur votre droite : c'est ici que les cosplayeurs nippons se donnent rendez-vous, surtout le week-end. Pour les photos fun, l'endroit est incontournable. Enfin, pénétrez dans le parc Yoyogi et laissez-vous porter : un temple, un jardin payant (mais à voir !), pas mal d'espaces verts dans lesquels flâner... Yoyogi est une petite merveille pour peu que vous ayiez envie de vous mettre un peu au vert. Et n'hésitez pas à sortir des axes principaux, bondés de touristes : les petits chemins du parc sont un régal de chaque instant.

 

IV. Moins connu : le quartier de Yanaka

Je pourrais vous dire de faire un petit tour par Ginza, Asakusa ou même Akasaka et Ikebukuro. Tous ces quartiers sont cependant très bien traités par les guides. Aussi, je vous conseille pour ma part de vous rendre au nord-est du centre, au nord de la station d'Ueno (à voir également, ne serait-ce que pour son parc fabuleux), afin de découvrir le quartier de Yanaka. Epargné par l'incendie ayant ravagé Edo en 1657 et par les bombardements de 1945, le quartier fait partie des quelques endroits donnant encore une image authentique de Tokyo, de cette capitale riche de sa culture et de ses traditions. La structure du bâti renvoie à un habitat dense, mais peu étagé, dans lequel se glissent moult petits (et grands) temples, des cimetières, des échoppes artisanales ayant échappé à l'internationalisation.

On s'y perd avec délectation dans les ruelles piétonnes pour la plupart, on s'arrête dans les petits cafés qui rythment la balade - peu d'occidentaux à l'horizon, d'ailleurs - goûtez le tofu, le thé, achetez un peu de papier chez Isetatsu (vous ne serez pas déçus du voyage). Yanaka est un petit moment de détente si vous en avez assez d'entendre parler français un peu partout : le tourisme hexagonal se fait particulièrement présent ces temps-ci au Japon, aussi est-il plaisant de sortir quelques heures durant des allées mentionnées par les guides.

 

V. Tsukiji, le jour

Tout le monde vous le dira : il faut aller à Tsukiji à l'aube, et si possible être là-bas dès 4h du matin pour faire la queue et gagner le droit d'assister à la criée du petit matin. Pour autant, il est également sympathique de s'y promener en journée, un marché se tenant autour de la criée pour revendre le poisson pêché du jour. Les odeurs, les couleurs, tout est là pour vous inviter au voyage, et surtout à faire halte dans l'un des sushis bars qui fleurissent sur place. Difficile de vous planter : la fraîcheur du poisson est telle que la moindre bouchée est un régal.

Attention toutefois : certains restos se spécialisent dans des sushis moins accessibles a priori aux occidentaux, ce qui peut rendre la dégustation un peu difficile. Surtout, ces sushis bars ont également pour pratique de lever les filets sur le poisson vivant, pratique ô combien barbare que je trouve difficilement soutenable, quand bien même l'on me répondra que la saveur est incomprable. Voir un poisson dépecé continuer à se débattre sur une pique tandis qu'un consommateur se charge de manger les filets est un spectacle auquel je ne souhaite plus jamais assister. Vous êtes prévenus...

 

VI. Akihabara en perte de vitesse ? Vite, un maid café !

Blog jeux vidéo oblige, je ne pouvais pas passer par Tokyo sans faire une petite escale par Akihabara, la Mecque des gamers et, surtout, des retrogamers. Mais quelle douche froide ! Comparé à mon dernier passage, en 2010, la plupart des enseignes où j'ai mes habitudes ont beaucoup perdu de leur stock, au point que j'ai repéré à peine une vongtaine de jeux Neo Geo AES (dont quinze dans le Trader, c'est dire) sur les quelque dix boutiques que je me suis employé à décortiquer lors de mon passage. Il semble qu'Akiba peine de plus en plus à proposer des oldies vraiment rares de l'époque 8 et 16 bits, même si la Super Famicom reste heureusement bien représentée. Et encore : s'il reste possible de trouver quelques pièces à prix décents côté logiciels, il est beaucoup plus difficile de mettre la main sur du hardware. Je n'ai pas vu une seule Neo Geo, ou même une Coregrafx voire une PC Engine GT, ce qui donne une petite idée de ce qu'il est en train de se passer dans le quartier.

Ma petite acquisition sympa, à défaut d'être vintage : la retroduo portable V.2

Je ne pense pas, en revanche, que le retrogaming soit réellement en perte de vitesse : les boutiques sont toujours bien présentes, mais considèrent que le vintage renvoie désormais à des machines comme la Saturn, la Dreamcast, la N64, la Gamecube, la PS1 et la PS2. En l'occurrence, il y a là aussi bien du hardware que du software, et à des prix encore souvent très doux.

J'ai lu ici et là que les maid cafés occupaient de plus en plus le quartier. C'est vrai, mais je ne suis pas de ces ayatollahs qui y voient un crime de lèse-majesté. Akihabara est suffisamment grand pour accueillir plusieurs types d'activités, et il est assez agréable, l'un dans l'autre, d'arpenter les boutiques de jeux, de figurines, d'électronique, tandis que votre moitié s'offre un petit instant shopping dans une boutique de fringues, avant de se retrouver en couple pour aller profiter d'un maid café. Car non, CE N'EST PAS SALE. Loin de l'image qu'on leur colle en occident, ces endroits sont avant tout un vrai moment de détente et de plaisir, tant ils savent distiller la bonne humeur. Les demoiselles qui assurent le service sont bien souvent charmantes, très gentilles et aux petits soins pour vous, ce qui vous permet de passer un excellent moment.

Nous avons cette année opté pour le Maidreaming (https://maidreamin.com), qui présente l'avantage de vous mettre au contact de maids qui ont sorti récemment un album de J-pop. Le show s'accompagne donc d'un véritable spectacle chanté sur scène, au fil duquel les jeunes femmes font preuve d'un vrai talent d'artiste. Bon, et je ne vous parle pas des salary-men qui enlèvent leur cravate et la font tournoyer pendant le show, histoire de bien montrer qu'ils sont des groupies inconditionnels des chanteuses en goguette. Un moment rare de fou rire inextinguible et partagé, puisque ces Japonais ont bien rigolé avec nous, eux aussi : nous avons joué le jeu et soutenu comme il le fallait la comparaison avec ces fans assumés ^^

C'est ici que s'arrête la première partie de ce trip nippon. D'ici quelques jours, on fera halte dans une partie bien plus traditionnelle du Japon : la région d'Hakone. On y parlera d'oeufs tout noirs, de ryokans, de nature, d'un lac fabuleux et de mésaventures mettant en avant l'incroyable gentillesse des Japonais. A très vite !