Bonjour à tous,

La tempête médiatique s'est vite calmée. Une fois Megaupload fermé et ses fondateurs mis derrière les barreaux, les journaux se sont désintéressés de l'affaire aussi vite qu'ils l'avaient placée à la Une. Pourtant, les choses n'ont jamais cessé d'évoluer. Vous le savez peut-être, cela fait déjà un bon moment que Kim Dotcom -Kim Schmitz de son vrai nom- s'en est retourné vivre dans sa résidence de Nouvelle Zelande -depuis le 22 février, en fait. D'abord sous caution, en liberté surveillée, Kim Dotcom vit depuis peu en totale liberté, un juge néo-zélandais ayant décidé d'annuler les conditions de sa liberté sous caution. En clair : le fondateur de Megaupload n'est désormais plus assigné à résidence, n'est plus surveillé par un bracelet électronique et, surtout, dispose désormais d'un accès libre à internet, après avoir été contraint à un accès maximal d'une heure par semaine ces derniers mois.

Evidemment, il n'en fallait pas plus pour que le gaillard engage les représailles.

Sur un terrain communicationnel s'entend, hein. Voici maintenant quelques semaines, Kim Dotcom a ouvert un compte twitter sur lequel  il parle aussi bien de lui, de sa famille, de ses amis, que du FBI et de la procédure en cours. Et c'est plus qu'intéressant. Car si l'affaire a longtemps été mise en attente, la demande d'extradition des Etats-Unis devant être examinée par la Nouvelle-Zélande le 6 août (ce qui a été fait le 10 juillet, finalement), le vent a doucement commencé à tourner : le juge David Harvey, en charge du dossier pour l'heure, semble en effet assez peu apprécier le goût du secret dont font preuve les Américains dans cette affaire. Il a donc demandé à ce que TOUTES les pièces du dossier monté par les USA contre Megaupload lui soient transmises, ceci afin de permettre à la partie défendante d'organiser sa défense -au nom du droit d'extradition qui stipule que l'extradé doit pouvoir se défendre dans les meilleures conditions possibles. Je vous mets le document rédigé par Harvey ci-dessous :

Important, parce que les Etats-Unis ont en tête, visiblement, de gonfler les chefs d'accusation retenus contre Dotcom. Voici peu, l'on apprenait ainsi que des fichiers pédopornographiques avaient été hébergés sur certains comptes MU, et que les autorités US envisageaient de poursuivre Dotcom également pour cela. Sans doute un artifice devant permettre de simplifier l'extradition du gaillard : les violations de copyright, expliquait un internaute du site numerama.com (https://www.numerama.com/magazine/22718-megaupload-et-le-fbi-sort-la-carte-de-la-pedopornographie.html) visiblement au point sur les questions de légalité, peuvent faire encourir jusqu'à quatre ans de prison aux USA... Or, l'extradition néo-zélandaise n'est accordée que pour des faits condamnables à plus de cinq de prison.

Du côté de Megaupload, la défense s'organise également. Elle a notamment demandé que toutes les charges retenues contre la société soient abandonnées. Ceci pour une raison très clairement explicitée : selon l'avocat Ira Rothken, Megaupload n'avait aucun bureau sur le sol américain, et ne peut donc être poursuivi par les lois fédérales américaines (chapitre 4 du document ci-après). Il y a plus (notamment la question de l'accès aux ressources gelées de Dotcom), mais c'est à lire dans un jargon d'anglais légal qui me donne du fil à retordre. Je vous mets néanmoins le lien, disponible depuis un peu plus d'une heure, sur le compte twitter de Dotcom : https://www.techfirm.com/storage/usmega/Megareply.pdf

Pendant ce temps, Kim Schmitz a visiblement commencé à lancé la bataille sur le terrain de l'image. Depuis quelques semaines, les figures les plus célèbres du monde informatique viennent soutenir Dotcom, jusque chez lui. Le dernier en date a un goût particualier, vu ce que je vais écrire plus loin : il s'agit de

Steve Wozniak, oui. Le co-fondateur d'Apple.

Vous allez me demander pourquoi c'est si ironique. Tout simplement parce que, dans le même temps, Dotcom vient de relancer le fameux  projet Megabox, son site gratuit de stockage de fichiers musicaux. Pour faire simple, je résumerai l'histoire en rappelant que Dotcom voulait, par ce biais, permettre aux artistes de se libérer des contraintes d'une maison de disques. Leur rémunération devait se construire sur la base d'une régie publicitaire gérée par la société de Dotcom et imposant à l'utilisateur que 15% des pubs visualisées par ses soins proviendraient de cette source (https://www.zdnet.fr/actualites/megabox-le-concurrent-d-itunes-bientot-lance-39773247.htm).

Or, c'est précisément ce Megabox qui a inspiré la fameuse théorie du complot qu'on a pu voir fleurir sur le web à l'époque de la fermeture de Megaupload : selon cette thèse, encore relayée via les tweets de Dotcom-, ce serait les maisons de disques, mais aussi le concurrent Itunes, qui seraient à l'origine des attaques contre la société Megaupload. Non à cause des activités de stockage de données, mais parce que le modèle économique de Megabox leur faisait peur.

Dotcom, dans un tweet tout chaud, en rit beaucoup :

«Les gros labels de la musique prenaient Megabox pour mort. Artistes, réjouissez-vous. Ça s'en vient et ça va briser vos chaînes»

Megabox n'est pas opérationnel pour l'heure. Mais il y a fort à parier qu'au-delà de la provocation délibérée que constitue le lancement de ce service par Schmitz, le concept connaisse dès sa sortie un succès plus que considérable -s'il est bien réel s'entend. Manière de dire que les joutes légales avec les Majors et l'Etat américain vont être plus acharnées encore que ces derniers mois...

En revanche, je n'ai pas forcément de bonnes nouvelles à l'attention de ceux qui avaient des documents pero stockés sur Megaupload : si la MPAA a bien accordé aux utilisateurs le droit de récupérer leur bien, on ne sait ni quand, ni de quelle manière cela sera rendu possible. Et il n'est pas exclu que l'opération soit payante, personne ne semblant prêt à prendre en charge financièrement le coût de la recherche des fichiers sur les serveurs de MU...

Le compte twitter de Kim Dotcom, c'est par ici : https://twitter.com/#!/KimDotcom

 

[MAJ] 01/07 : Nouveau revers pour la justice américaine et la police néo-zélandaise : la saisie des biens de Kim Dotcom  en Nouvelle-Zélande a été jugées illégale. Le FBI doit restituer toutes les données informatiques saisies au domicile du fondateur de Megaupload.

[MAJ] 11/07 On a appris, aujourd'hui, que la procédure d'extradition est pour l'heure gelée et reportée au 25 mars 2013. Au mieux. La justice néo-zélandaise a en effet tranché en faveur de Kim Schmitz, et relève que la procédure menée jusqu'ici à l'encontre du fondateur de Megaupload a été entachée d'irrégularités. L'objectif serait donc de permettre à Schmitz de préparer au mieux sa défense, sachant que lui ont été restitués les ordinateurs et biens saisis lors des perquisitions à son domicile, jugées illégales. Ce dernier soupçonne de son côté une manoeuvre dilatoire des Etats-Unis pour retarder le retour de ses activités au maximum. Et couler économiquement sa société. Kim Dotcom s'en est plaint dans un tweet.