A nouvelle technologie, nouvel indice de vente ? Stadia n’inaugure pas seulement la fin - à terme, des consoles de salon. La plateforme cloud gaming de Google introduit bien malgré elle, un marqueur aussi approximatif que les chiffres de vente officiels ou le bilan mensuel du cabinet NPD. Et celui-ci, aussi imparfait soit-il, confirme un démarrage douloureux… 

Passage obligatoire pour accéder au service, le téléchargement de l’application Stadia a été effectuée 175 000 fois, d’après les relevés statistiques de Sensor Tower, société de recherche spécialisée mobile. Les chiffres ont été relevés entre le 5 et 19 novembre. Cette performance propulse l’application à la 82ème position sur Google Play, et sans surprise, avec un score de 41%, les États-Unis arrivent en tête des pays où Stadia est disponible.

A première vue, associer téléchargement à vente semble tiré par les cheveux. Mais la faiblesse des précommandes confirme les indiscrétions ébruitées par Kotaku.com, selon lesquelles ce score est en dessous des objectifs de Google. A la lumière de cette contreperformance, Stadia sera-t-il tué dans l’œuf ?

Aguerri au lancement délicat, le directeur de Stadia n’est autre que Phil Harrison, artisan malheureux de la commercialisation de la PlayStation 3 et de la Xbox One. Avant d’exploser dans les tops internationaux, ces deux consoles ont accusé un retard au démarrage. Ce dernier dispose donc de son expérience passée pour avoir les moyens de faire face aux difficultés actuelles de Stadia. Les analystes lui accordent donc confiance.

D’après les projections de Lewis Ward du cabinet IDC, « Google vendrait 700 000 Edition Fondateurs aux USA d’ici fin 2019 ». En lieu et place d’un campagne promotionnelle, la firme de Mountain View capitaliserait sur la version de base l’année prochaine afin de donner un coup de fouet aux ventes. « C’est une opportunité de relance » veut croire l’analyste.

D’autres précédents existent. Selon L. Ward, « PlayStation Now s’est transformé au cours de ces cinq dernières années pour devenir un service qui fait autorité avec un million d’abonnés dans le monde. Sur cent millions de PS4 vendues, le taux de conversion ne dépasse pas 1%. » Un niveau d’adoption dérisoire, ce qui n’empêche pas au PS Now d’être leader en termes de revenus. La performance de Stadia doit donc être appréciée dans ce cadre. « Les prophètes de malheur annonçant la fin de Stadia ont la mémoire courte » , souligne très justement l’analyste. Et ce quand bien même une récente étude d’IDC quantifiant le niveau d’intérêt des joueurs nord-américains pour le cloud gaming place Stadia en 3ème position, derrière le PS Now et xCloud.

Pour le moment, le discours officiel reste cantonné à la promotion d’une plus-value qui tarde à se matérialiser aux yeux des joueurs. La dernière interview lénifiante accordé par P. Harrison au magazine IGN.com l’illustre : « nous fournissons une puissance technologique dont l’expérience induite est impossible à réaliser sur un marché de masse aujourd’hui (…) les capacités de nos centres de données pour jouer surpassent le potentiel des consoles actuelles ainsi que celui de la majorité des ordinateurs personnels ».

Tous les indicateurs sont donc au vert. Les modèles économiques des analystes imaginent à moyen terme le plein épanouissement du jeu en nuage, tandis que le dirigeant de Stadia voit dans la 5G « un starter » capable de signer le véritable démarrage de son service de cloud gaming.