J’avais présenté rapidement, certainement trop rapidement No M(e)n’s Land pendant l’actu blog 13, je ne pouvais pas tout mettre non plus dans une actu et les choses ont donc été publiées ainsi. C'était pourtant bien dommage car ce projet vaut vraiment le détour. Et avec les auteurs, nous avons décidé d’en parler plus en profondeur (sans mauvais jeu de mots).

Un petit synopsis et nous sommes à vous :

Élise fait l'amour avec Yann quand ce dernier se retrouve réduit en millions de particules. La jeune femme est alors absorbée par son miroir et projetée dans un monde où elle doit marcher sur une route sans fin et où les hommes sont interdits sous peine de destruction totale. Au cours de son périple, Élise va rencontrer plusieurs femmes, illustrations oniriques de différentes étapes du plaisir, qui vont l'amener à s'interroger sur sa véritable nature. Au même moment, un être mystérieux au masque de comédien semble la poursuivre...

No M(e)n's Land est une bande dessinée où se côtoie mystère, pornographie, érotisme et onirisme réalisée par Styloide avec Scebha au scénario, Jem au storyboard et Nowaki à la couleur.

Hum…, j’ai comme le pressentiment d’avoir oublié quelque chose ! Bon tant pis, il parait que lorsque que l’on oublie, c’est que cela n’est pas très important. La lala la la !!! Pauvres Scebha (scénariste) et Styloïde (dessinateur)! J’ai oublié de les présenter. Je rectifie donc le tir et après cela on est vraiment à vous :

Dessin & Couleur : Styloide est un jeune illustrateur ayant développé son propre univers à travers de nombreuses illustrations. Il a déjà effectué plusieurs prestations dont récemment une commande d'illustrations pour un livre touristique. Styloide a décidé de passer le pas de la bande dessinée sous l'impulsion de Scebha et de tout donner sur son premier one shot  en tant que dessinateur BD : No Men's Land

Scénario : Scebha oeuvre depuis quelques années en tant que scénariste dans le milieu de la bande dessinée. Après Imperfect, produit avec succès sur Ulule avec Jem au dessin, No M(e)n's Land est un nouveau projet issu d'un scénario écrit en 2007.

Mais qui de mieux placé que Scebha et Styloïde pour vous parler de ce projet, allé place à l’interview :

 Bonjour, à vous deux et heureux de pouvoir faire cette interview ! Si jamais vous désirez ajouter quelque chose à la description de No Men's Land, je vous laisse faire !

Scebha : Pour ma part, je n’ai pas grand-chose à ajouter à part que le projet marche bien et que nous espérons vraiment atteindre le 3ème palier pour pouvoir produire une des quatre figurines ^^.

Pouvez-vous nous parler de ce qui vous à pousser à faire ce projet ? Et pourquoi la BD érotique ?

Styloide : Pour tout dire, c'est le scénario qui m'a beaucoup plu. J'aimerais bien développer, mais ce serait prendre le risque de trop en dévoiler ^^. Pour ce qui concerne le choix d'une BD érotique, là on est plus dans l'érotisme... et la pornographie. L'érotisme, c'est créer le désir, l'envie, la pornographie c'est l'utopie sexuelle. Et c'est ce qui me plaît : dessiner des fantasmes. J'ai toujours aimé dessiner de jolies courbes.

Scebha : Ce qui m’a poussé à créer ce projet ? D'abord des raisons personnelles trop longues à expliquer. Je visais une réalisation cinématographique à l'époque de l'écriture du scénario en 2007, pour montrer qu’on pouvait créer quelque chose de qualité en faisant de la pornographie, que ce soit au niveau du cadrage, de la lumière, du son, du jeu d’acteurs… etc… Mais, faute de producteurs, le projet ne s'est pas fait. Je l'ai alors réécrit pour la bande dessinée.

Vouloir produire  Imperfect puis No M(e)n’s Land, deux ½uvres ero-porn fut un peu un choix par « défaut » car je viens du monde de l'écriture. Mais je savais que j’intéresserais plus facilement les gens avec la BD ou le cinéma qui ont cet avantage, contrairement à l’écrit, d’avoir un rapport direct avec le spectateur. C’est ce rapport direct que je souhaitais d’abord.

De plus, je voulais marquer les esprits avec ce choix de genre qui est méprisé par une grande partie du public et des élites. Mais bon, je pars du principe que pratiquement tout le monde a fait au moins une fois l’amour dans sa vie et que le sujet n'est pas étranger ^^.

Scebha, c’est votre deuxième projet Ulule, pourquoi choisir le financement participatif ?

Scebha : C’est encore le rapport direct que j’ai privilégié. Les éditeurs et les producteurs, j’avoue qu’en 20 ans d’écriture et de projets, j’en ai fait le tour. On attend et on espère pour recevoir au final une lettre type pour nous dire que l’½uvre ne convient pas à la collection. Le financement participatif m’a ouvert de nouveaux horizons avec un accès immédiat au public. On voit très vite si on intéresse ou pas les gens : on fait tout le travail de l’éditeur mais la gratification est d’autant plus grande si le projet rencontre son public. J’en avais assez d’attendre et d'espérer (qui est un peu le crédo des lâches). Je voulais agir et transgresser. Je remercie d’ailleurs Ulule qui se montre une plateforme très ouverte et dynamique.

Styloide : Pour la liberté d'expression ^^

Quelle ont été vos inspirations pour faire No m(e)n’s Land ?

Styloide : Mon imagination influencée par le monde qui nous entoure ^^.

Scebha : Personnellement, je vous parlerai de mon processus créatif : j’ai souvent la chance de voir surgir les idées dans mon esprit que je lie ensuite à mon expérience personnelle afin de les développer. Je trouve une idée générale puis j’y agglomère des détails, de plus en plus de détails. Je peux ensuite développer ma trame générale, puis j’écris. Sur No Men’s Land, j’écrivais encore un peu à l’ancienne méthode où les personnages n’avaient pas encore de point de chute scénaristique (d’où ils viennent, où ils vont). J’ai bâti mon récit en me laissant guider par les mots. Puis au fil des relectures, j’ai densifié les personnalités, les intentions et les buts pour rendre un tout cohérent. La première mouture du scénario avait été écrite dans l'optique d'un court métrage en 2007 (il n’y avait pas tous les prologues avec les différentes femmes que croisent Elise dans le No Men’s Land que j’ai rajoutés pour la BD en 2014 donc).

 

À ce propos, je dis aux écrivains qu’il ne faut jamais détruire une ½uvre qu’on pense vouer aux gémonies. Il faut la laisser macérer. Après des années, elle peut encore être exploitée différemment.

Styloïde, je dois admettre qu’au vu de vos planches, je trouve une ressemblance avec Barbucci.

Styloide : J'adore son trait, il m'a beaucoup inspiré au début mais aussi bien d'autres dessinateurs : Range Murata, Kantoku, Glen Keane, Olivier Vatine... ^^

N’avez-vous pas peur qu’en tant que jeune dessinateur, on dise que vous avez le style de tel ou tel artiste ?

Styloide : Non pas du tout, même si j'ai encore quelques influences qui sont bien encrées en moi. Avec le travail, je pense bien finir par m'en détacher.   

Comment définiriez-vous votre style de dessin ?

Styloide : En un mot : exotique ^^.

Votre projet est un franc succès, pensez-vous retenter l’expérience ensemble ?

Scebha : Oui, j'espère. Styloide a un talent fou et j’ai de la chance d’avoir croisé sa route.

Styloide Pourquoi pas ^^. Après, il faut faire avec les emplois du temps de chacun.

Avez-vous des projets après No M(e)n’s  Land ? Si oui lesquels ?

Scebha : Pour ma part, le tome 2 d’Imperfect est en route. La sortie du tome 1 est imminente. Je cherche éventuellement d’autres dessinateurs pour d’autres projets.

Styloide: J'ai eu beaucoup de demande suite au succès de notre première page No men's Land. Je n'ai pas encore arrêté mon choix.

Je vous remercie d’avoir pris ces quelques minutes pour faire cette interview ! En espérant que No Mens Land explose le compteur, je vous souhaite bonne continuation !

Ullule fourmille de projet BD en tout genre, et parfois il n’est pas simple de choisir, je l’admets. Cepepdant, je comprends toujours pas pourquoi vous êtes là à me lire dans votre coin alors qu’il y a des liens de partout dans cet article pour vous faire un petit plaisir personnel avec No M(e)n’s Land.

La polémique autour de l’érotisme de la position de Spider-Woman par Manara, vous a fait peur ? Promis si vous participez à ce projet, érotique ou pas, je n’en parlerais pas, croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer !