À l'heure des rétrospectives, il
s'avère que cette année vidéoludique - que l'on annonçait déjà très fournie en
décembre dernier - n'a pas joué les mijaurées. Comme je suis quelqu'un de
raisonnable, je ne possède qu'une seule console next-gen à la maison et, déjà,
je fus comblé. Moi qui avais peur de « ne plus avoir de vie », j'ai
dû me concentrer sur la PS3 afin de pouvoir conserver quelques heures pour
d'autres activités (rémunérées, sociales ou purement divertissantes). Il faut
dire que je m'en suis pas mal tiré, car j'ai pu vivre d'intenses moments de jeu
vidéo (tout en laissant quelques titres de côté) sans pour autant avoir à plaquer
mon travail, mes amis ou ma sexualité. Ouf.

Au milieu de ce cru d'exception, un
titre se détache clairement du reste : Red
Dead Redemption
est un jeu comme on n'en voit pas vingt dans une vie de
joueur. La qualité immersive du dernier chef-d'œuvre de Rockstar, sa grande
classe « naturelle » et surtout son écriture magistrale en font l'une
des étapes majeures dans l'évolution du média. Désormais, le jeu vidéo peut tout
nous raconter à travers ses propres codes : ici, c'est l'histoire d'un
pays, la disparition d'une époque et l'avènement des structures sociales telles
que nous les connaissons aujourd'hui, avec toute la part de violence et de
dérive qui y est associée. Avec Red Dead
Redemption
, le recours au cinéma, qui servait jusqu'ici de béquille au jeu
vidéo, n'a plus lieu d'être. Comme John Marston, son héros inoubliable, ce
western crépusculaire est un modèle d'indépendance.

Red Dead Redemption, encore plus fun que de jouer à chat

Les détracteurs de Red Dead Redemption avancent un certain
manque de fantaisie dans le gameplay. Certes, ce n'est pas du pur jeu vidéo
contrairement à Bayonetta - qui est cette
année mon numéro deux. Avec Bayonetta,
et bien que j'y aie joué sur PS3 (mais franchement c'est tellement bon qu'on se
fout que le portage soit raté), je me suis éclaté comme rarement. Système de
jeu au poil avec des dizaines de combos et de vertigineuses esquives qui font
perdre la tête, style ultra-pop bigarré et barré qui rappelle que le jeu vidéo
c'est avant tout du « plaisir », une capacité hallucinante à nous
surprendre constamment, à se réinventer sans cesse, à nous offrir un sens de la
démesure qui ne fait que grandir alors même que le jeu démarre sur les chapeaux
de roues. Bayonetta est tellement
sexy que je n'ai même pas eu de remords à faire cette infidélité à Kratos, dont
la dernière aventure en HD m'avait pourtant scotché. Qui a dit que le jeu vidéo
japonais était mort ?

Bayonetta c'est
vraiment le pied !

And
ze number three iz French.
Que l'on aime ou non le résultat,
il faut avouer que la démarche d'Heavy
Rain
reste l'un des évènements les plus audacieux et les plus originaux de
cette année. J'ai aimé le titre parce que j'ai apprécié sa réalisation
artistique, l'implication intense qu'il construisait entre le joueur et les
personnages, et je trouve que l'histoire ainsi mise en scène fonctionne
parfaitement - avec une dimension augmentée par le caractère interactif du
récit. Il est clair qu'Heavy Rain est
davantage proche du cinéma que du jeu vidéo, mais je ne considère pas que ce
soit un défaut. Même si je doute qu'on puisse réellement y rejouer, j'ai vécu
une expérience originale et émouvante (que je raconte ici plus en détails) et
cela suffit pour en faire un des très grands jeux vidéo de cette génération.

Heavy Rain, le
premier simulateur de puériculture en HD

Pour résumer, mon top 3 de l'année
sur Playstation 3 :

  1. Red Dead Redemption (Rockstar Games)
  2. Bayonetta (Platinum Games)
  3. Heavy Rain (Quantic Dream)

À venir prochainement : mes
déceptions de l'année, les autres jeux qui m'ont marqué, ceux auxquels je n'ai
pas pu jouer mais que j'aurais aimé essayer, et mes attentes pour 2011.

Stay tuned.