Nouvelle chronique avec un titre qui résume le concept. Un rapport de mission à la première personne. Evidemment il y aura probablement plus de jeux guerriers ou d'infiltration cités ici...mais sait-on jamais, une quête de jeu de rôle pourrait faire l'objet d'une d'un de ces billets. Ne jugez pas trop sévèrement mes défauts littéraires, il ne s'agit ni plus ni moins que de partager mes missions préférés, de manière un peu différente qu'un simple résumé.

Une mission. Deux cibles. La première était un chanteur d'opéra. Celui-ci a été accusé de pédophilie. La véracité de le rumeur importait peu. On ne juge jamais une cible. Le second était un admirateur. Ambassadeur des Etats-Unis au Vatican, il était mêlé à divers affaires de prostitutions. Les deux cibles se sont retrouver dans le même opéra Parisien durant les répétions d'un spectacle prenant place durant la Première Guerre Mondiale, spectacle qui n'aura jamais lieu.

La principale difficulté était simplement d'atteindre les cibles. La zone entourant la répétition était réservée à la troupe d'acteurs et la deuxième cible par son statut d'ambassadeur bénéficiait d'une protection rapproché sur le balcon d'où elle observait et de deux chiens de gardes postés devant la porte de ce balcon. Sans compter la police locale, et les diverses gardes qui patrouillaient dans les allées, c'était là que se situait vraiment le problème majeur.

Par chance l'opéra était en rénovation et les ouvriers et visiteurs représentaient déjà une bonne source de distraction pour les autorités. Cela me donnait une opportunité d'accéder aux coulisses à condition de porter les habits appropriés. La première étape fut donc de trouver une personne qui me fournirait une tenue pour passer les gardes. En entrant l'opéra, je me suis dirigé vers la réception pour récupérer un mauser dissimulé dans un smoking du vestiaire. Ca me serait peut-être utile plus tard. Au moment même où je rangeais l'arme hors de vue du réceptionniste, un ouvrier se dirigea vers les toilettes. L'opportunité était trop belle. Vingt secondes de «tête à tête» et je ressortais des toilettes en simple travailleur, le pistolet bien rangé au fond de la caisse à outils. Le produit que j'avais injecté à cet ouvrier n'agirait qu'une heure, je devais donc me presser de mettre en place le plan. J'aurais pu me servir de la corde à piano, mais je préfère éviter les drames...tant que ce n'est pas nécessaire.

Toujours est-il qu'ainsi déguisé, j'ai pu entrer dans les coulisses sans soucis, les gardes ne déployant pas un zelle exemplaire pour fouiller entièrement chaque personne allant et venant. Rapidement je devais m'introduire dans la loge du chanteur pour lui distribuer les adieux de mon client. Seulement entre chaque répétition de la sempiternelle même scène d'exécution pendant laquelle ma cible feignait une mort par arme à feu, j'ai remarqué que les deux chanteurs prenait le temps de se soulager. J'ai décidé alors que ce n'était pas moi qui allait exécuter le présumé pédophile...j'entrais dans la loge du deuxième chanteur l'espace de quelques secondes, suffisamment pour pouvoir échanger l'arme factice avec le mauser que j'avais récupéré plus tôt.

Le problème était que la répétition suivante n'allait pas tarder. Une fois les deux ténors de nouveau sur scène je n'aurais pas beaucoup de temps pour exécuter la deuxième partie du contrat. La panique gagnerait rapidement la bâtisse. Les repérages m'avaient laissé la possibilité de me servir du lustre. Le faire tomber d'une telle hauteur me permettrait à la fois de déclencher le tout à distance, et de faire passer l'ensemble de la mission pour une suite de coïncidences, d'accidents malencontreux...

J'avais exclu cette option pour une raison évidente de bruit. Surtout, amener l'une des deux cibles sous ce lustre aurait été trop aléatoire et au vu de l'entourage de l'ambassadeur, si l'on me voyait à proximité j'avais peu de chance de m'en sortir sans forcer la porte de sortie. Après tout j'étais le mieux payé de l'agence parce que j'étais le plus silencieux. Pourtant à ce moment précis lorsque je sortais de la loge avec l'arme factice dans ma boîte à outil, l'option me semblait la plus efficace. Un accident qui suit un accident. Que de drame. Cela hanterait cet opéra pour les années à venir. Je me précipitais dans les escaliers menant à la structure haute du bâtiment. Un peu de plastique séparerait le lustre du plafond.

Evidemment c'est lorsque le déroulement du plan nécessite d'être réglé comme une montre suisse, qu'un grain de sable vient altérer le mécanisme. L'accès au lustre était facile, malheureusement un ouvrier un peu bavard me bloquait la voie. La musique repartait...la répétition était en train de reprendre. L'ouvrier ne semblait pas vouloir quitter les lieux. La voix de ma cible s'élevait en échos dans la coupole qui surplombait la salle. S'il s'éternisait dix secondes de plus, je lui briserait la nuque. Le deuxième ténor entama sa partie du récital, mais la voix d'un autre homme couvrit le chant. Un des chef du chantier appela l'ouvrier qui me laissa le champ libre pour agir.

Avec sang froid, je mettais en place le petit explosif. L'avantage de travailler avec Diana, c'est que le matériel était fiable et performant. De n'importe où dans l'opéra, je pourrais le déclencher sans soucis de signal. Je n'avais tout au plus qu'une minute trente pour prendre une position idéale. Je redescendais jusqu'au niveau de la réception et j'observais le spectacle dans l'ombre d'un échafaudage de la salle.

Quand la balle du mauser atteint la poitrine du chanteur, la scène parue plus vraie que nature à son partenaire. Comme prévu la réaction fut assez rapide. Le metteur en scène monta rapidement constater par lui même la mort de sa star et ce ne fut qu'une affaire de secondes pour que l'ambassadeur ne sorte de son balcon blinder et ne s'expose à la chute du lustre. Le timing était parfait. Le bruit et l'agitation me permirent de passer récupérer mon costume en tout aisance, laissant sur l'ouvrier inerte et presque nu sur la cuvette, ses habits qui m'avaient été d'une grande utilité. Quand j'ai quitté l'opéra, deux personnes étaient mortes dans des circonstances qu'on mettrait longtemps à déterminer. Est-ce que le monde se porterait mieux sans eux? Je ne juge jamais une cible.