La carrière de justicier vidéoludique
est l'une de celle qui m'a toujours le plus attirée. Il faut
dire qu'ayant été nourri aux films d'action hollywoodiens des
années 80 et 90 qui voyaient des mecs super burnés courser en
voiture et à pied puis tabasser des bad-guys pour les coller au
trou, j'ai développé un engouement naturel pour la profession dans
sa représentation plus ou moins spectaculaire. Pourtant autant que je m'en rappel,
peu de jeux demandent concrètement d'arrêter ou de descendre des
malfrats en préservant l'ordre, ou d'enquêter sur les lieux d'un
crime. Soit on ne cible pas et on passe son temps à tout détruire,
soit on joue carrément les bad-guys et forcément, on ne risque pas
de menotter qui que soit
.

C'est pourquoi, le peu de fois où j'ai
pu expérimenter ce sentiment du devoir accompli après une
arrestation, je ne manquais pas de le noter et d'apprécier sinon le
jeu, au moins l'effort mis dans une telle démarche. Voici les rares
expériences que je retiens aujourd'hui...

 

Dick Tracy (1991) sur NES

J'ai été exposé à ce jeu par un
vrai hasard puisqu'à ma connaissance il n'est pas arrivé sur NES en
France
. En revanche, une version développée par Sega, sous la forme
d'un bête side-scroller est elle sortie dans nos contrées sur les
consoles de la firme, la Master-System et la MegaDrive. Ce dont je me
souvient de la version NES américaine, c'est un jeu super dur qui
mêlait enquête, balade en voiture dans une ville et phase en
side-scroller où l'on devait tuer ou seulement assommer les
méchants
. Au final, je n'ai jamais réussi à vraiment saisir étant
petit ce que je devais y faire. Oui, parce que le jeu était en
anglais pour commencer, mais surtout parce qu'il était très mal
foutu. Je m'y suis réessayé il y a peu via un émulateur et je n'ai
pas halluciné le fail que représente le jeu en comparaison de ses
ambitions (qui sont palpables pour un titre 8 bits). Même en
comprenant parfaitement l'anglais, il fait partie d'un genre connu
sous le nom de « putain par où je vais? ». Pour tout
vous dire, James Rolfe l'AVGN en a fait une vidéo...voilà à quel
point il est raté au final, malgré un concept qui doit vous
rappeler quelque chose (chut j'en parle à la fin).

 

Max Payne (2001) et Max Payne 2 (2003)
sur PC

Max Payne nous met dans la peau d'un
flic qui a vu Matrix. Pour l'époque, je me souviens d'avoir été
ébloui par l'aspect visuel, mais surtout par l'ambiance sombre et
glauque. Le jeu n'exploite absolument pas le fait que Max soit membre
de la police de New York pour servir un gameplay en relation. Comme
pour sa suite (et son autre suite sans doute) on se contente de
mitrailler avec classe, de sauter au ralentit et de tomber dans les
cauchemars migraineux de ce type qui a tout perdu
. L'ambiance et
l'histoire sont ce qui fait le jeu au final. On incarne un pauvre gars
qui est du bon côté de la barrière et qui va commencer une grosse
vendetta en même temps qu'il résout l'injuste crime de sa famille.
C'est un jeu qui a la classe.

 

Still Life (2005) sur Xbox

Still Life c'est la preuve qu'en terme
de point&clic on peut raconter absolument ce que l'on veut. Une
escapade colorée à la Runaway, une exploration givrée à laSyberia ou un thriller glauque à la Se7en. Still Life tout comme Max
Payne
vaut énormément par son ambiance assez mortifiante il faut
bien l'admettre. Il s'agit de suivre les traces d'un assassin dans la
peau de l'agent Victoria McPherson du FBI tout en établissant des
parallèles avec une autre enquête menée en 1920 par le grand-père
de celle-ci (si ma mémoire ne me trompe pas). C'est un jeu
relativement méconnu, tout simplement parce qu'il n'a rien de plus
qu'un simple point&clic. Au final on résout les énigmes une à
une, sans quoi on avance pas. Notre participation à l'enquête n'est
pas vraiment basée sur de quelconque déduction. Encore une fois
c'est très dirigiste et un peu dommage.

 

True Crime: Streets of L.A (2003) etTrue Crime: New York City (2005) sur NGC

J'ai été sujet de quelques railleries
à l'époque quand je venais à déclarer que j'adorais True Crime,
souvent considéré comme un GTA-like de piètre qualité et beaucoup
trop buggé. Honnêtement, ce n'est pas tant le délire de conduire à
toute berzingue dans L.A ou New York qui me faisait triper, mais
simplement le fait de pouvoir arrêter les criminels. C'est con à
dire mais la plupart des jeux qui nous mettent dans la peau d'un
personnage identifié comme un « gentil » et à plus
forte raison un « gentil policier » nous pousse à
envoyer ad patres tous les contrevenants. Sérieusement depuis quand
on prend une balle dans la tête quand on a grillé un feu rouge?

Je tiens donc à rétablir la sérieTrue Crime (malheureusement stoppée avant le troisième opus) non
pas comme un modèle à suivre, mais bien une tentative originale
pour diversifier le genre GTA-like qui se contente de reprendre en
moins bien les règles créées par R*. Dans la peau d'un super flic
hollywoodien, il est plus ou moins permis d'utiliser la manière
forte pour parvenir à une arrestation mais le jeu sanctionne les
bavures. Ne serait-ce que cet état de fait encourage à vouloir
faire les choses bien. Un violeur s'en va la quéquette au vent? Une
bonne raclée suffira à lui apprendre la vie avant qu'il subisse
lui-même son propre crime en prison. S'il s'éloigne trop, un coup
de bullet time et une balle dans le gigot suffiront à le mettre au
sol et à l'appréhender sans lui ôter la vie
. Alors certes on est
pas dans une simulation de bon policier, mais une tonne d'idée de
gameplay apporte une vraie crédibilité malgré le grand n'importe
quoi du jeu (non parce que le flic qui fait du kung-fu et qui roule
en Dodge Viper, on me l'a fait pas à moi).

Tiens, ça pique hein counard!

Il est par exemple sanctionné de ne
pas faire un tire de sommation avant de flinguer quelqu'un. En effet
la personne peut se rendre sans luter si elle se sent sur le point de
se faire abattre. On peut également fouiller n'importe qui dans la
rue, ou n'importe quelle voiture dans le but de faire une saisie au
jugé de drogue, d'arme ou de faux billets. Tout cela reste dans un
cadre léger évidemment (parfois un peu malheureusement). Il n'est
pas rare de fouiller trois loubards et d'en sortir bredouille pour
trouver dix secondes plus tard un M16 dans le sac à main d'une
vieille dame...mais où va le monde.

Fouiller n'importe qui dans la rue, c'est un peu abusif, mais c'est un bon moyen pour avoir l'impression d'être actif.

S'ils passent essentiellement par une
histoire qui alterne baston, fusillade et course-poursuite dans la
veine d'un jeu d'action classique, les deux True Crime ont
l'intelligence de renouveler leur aspect bac-à-sable en trouvant une
activité drôle et assez tripante de gardien de bon ordre d'une
grande ville. Les deux titres ont par contre deux défauts qui en ont
gavés certains (à juste titre, je vous l'accorde). Premièrement
l'aspect technique n'était pas toujours bien fini et les bugs
étaient parfois assez surprenants. Surtout la prise en main était
quelquefois assez crispante et on en arrivait à une bavure alors que
l'on avait simplement l'intention de tirer un coup de sommation ou
simplement mettre les menottes à un mec à terre. Pas les jeux du siècle certes, mais dans le domaine
c'est pour moi ce qui s'est fait de plus probant dans l'incarnation
de la justice en uniforme.

 

Les apports de RockStar dans le
domaine: Grand Theft Auto et Red Dead Redemption

La plupart des jeux de la firme, pour
ne pas dire la totalité de leurs production depuis la création de
la boîte, propose d'incarner des malfrats, voir des tueurs. State of
Emergency
qui nous mets dans la peau d'un émeutier, Midnight Clubqui nous pose en danger routier, Manhunt qui pousse le délire du
meurtre sordide assez loin et bien sûr GTA qui à son premier
épisode proposait un héros au sein de la mafia (et qui en plus
éructe et gaze à volonté). A première vue on sent que ce n'est
pas le crédo de RockStar que de proposer de jouer les mecs (ou les
meufs) biens. Pourtant leur série phare a été dès le premier
épisode 3D sur PlayStation2, l'occasion de faire baisser la
criminalité dans les jungles de béton. Ainsi dès GTA3, il était
possible de prendre un véhicule de police et de descendre les
criminels que l'on nous envoie chasser
.

Sur GTA: Vice City puis GTA: San
Andreas
, le concept de ces missions libres n'a pas vraiment changé.
Il s'agit systématiquement de descendre les voyous parfois à pied,
parfois en véhicule (ou dans plusieurs véhicules à stopper un par
un). GTA IV a été l'occasion d'un nouveau délire qui en fait est
exactement la même chose mais en un tout petit peu plus immersif.
Lorsque l'on s'empare d'une voiture de police, il est possible de se
connecter à l'ordinateur de général de la Police. On peut ainsi
voir les crime en court ou voir la liste des criminels recherché. On
peut également rechercher par nom et constater que ses potes dans le
jeu ne sont pas vraiment des saints. Quoi qu'il en soit, le but reste
le même que dans les précédents opus. On arrive sur place et on
descend le crétin qui a eu l'idée de faire du trafique de pan-cake
illégale avec le Canada (ou quelque chose dans ce goût là). Ce
n'est pas très subtil, mais c'est parmi les features que j'ai
toujours adoré dans les Grand Theft Auto.

Red Dead Redemption a apporté un
quelque chose qui m'a fait très très plaisir: le lasso. La quête
des têtes mises à prix a dès lors une saveur supplémentaire à
celle de GTA, il s'agit simplement du fait de pouvoir capturer les
gredins, plutôt que de faire son Judge Dredd. Au final cela rejoint
l'aspect plaisant de True Crime, celui de capturer vivant les
salopards et pas de se conduire comme un psychopathe.

 

Ce que je n'arrive pas à saisir, c'est
qu'avec la quantité phénoménale de films et séries parfaitement
réjouissante dont on dispose sur nos écrans pour parler de la
police (notamment américaine) il n'y ai pas un développeur autre
que Luxoflux qui s'est dit que ce serait une idée louable de faire
un jeu où l'incarnerait un policier dans l'exercice de ses
fonctions. Un jeu où on ne devrait pas être soit le cul vissé sur
son fauteuil à résoudre des énigmes à la con pendant des heures
pour choper un seul type, ou alors faire pleuvoir les balles sur des
trouzaines de voleur un hot-dog. Pour moi l'essence même du policier
et pour être un peu caricatural, ce n'est pas l'Inspecteur Harry (et
surtout pas Derrick) mais bien Horacio Kane, le mec qui certes enlève
ses lunettes quinze fois par épisode, mais qui ne lâche pas
l'affaire tant qu'il n'a pas bouclé le criminel. L'idéal serait
donc un mixe entre Dick Tracy et True Crime, en moins farfelu...L.A
Noire
.

 

Ça y est c'est la première fois que
je parle du jeu pour dire autre chose que « je l'attends ».
Au fil de cet article j'ai essayé de vous faire saisir tout ce qui
pouvait me faire réellement tripper dans la carrière virtuelle de
policier. Mener l'enquête sur le terrain, interroger les suspects et
arrêter les criminel pour les envoyer devant la justice (bref avoir
un minimum de responsabilité sur les épaules et ne pas tirer à
tout va). Peut-être parfois avec des morts mais toujours en dernier
recours. C'est pour cette raison que L.A Noire est désormais le jeu
que j'attends le plus en 2011
, plus encore que Deus Ex Human
Revolution
qui pourtant m'a inspiré ma déco de blog new age. Il est
ambitieux, tape exactement dans mes envies, prends une époque que
j'idolâtre d'un point de vue de la mode et de la musique y ajoute un
truc qui va changer la façon de regarder un personnage de jeu vidéo
(sans déconner je rejoue à Mafia II et c'est honteux en
comparaison). On peut certes émettre des réserve sur l'équipe en
charge du titre, mais avec RockStar à la production, j'ai très peu
de doute sur la qualité finale du titre...priez avec moi!