Après deux chroniques nanardes ici et je vais revenir un peu au "vrai" cinéma. Je parle pas mal en utilisant le terme numérique qui pour moi va plus désigner ici le traitement de l'image par des effets créés sur ordinateur, plutôt que l'utilisation d'une caméra numérique (comme le fait Michael Mann)

Je l'attendais depuis un moment ce Lovely Bones. Parce que la bande-annonce était alléchante, mais surtout parce que Peter Jackson, réalisateur et producteur pour ce film, a mon respect éternel pour sa trilogie cinématographique du Seigneur des Anneaux. Après de multiples tentatives à chaque fois avortées par un imprévu (à la con) j'ai enfin pue le voir. Décrit comme un drame fantastique, avec une pointe de thriller je m'en allait voir un chef d'œuvre hier soir. Qu'en est-il finalement?

"My name is Salmon, like the fish. First name Suzie. I was forteen years old when I was murdered..."

Le point de dépard de l'histoire est celui ci. La jeune Suzie qui vit dans une famille aimante est un jour assassinée à l'âge de 14ans par un voisin, Mr Harvey. De l'entre deux mondes, entre le paradis et la terre, elle observe son meurtrier, l'évolution de l'enquête et le deuil de sa famille et de ses amis suite à sa disparition. Pendant ce temps son père et sa sœur restent persuadé qu'elle n'est pas complètement partie.

L'histoire à la base m'a un peu rappelé Ghost (avec Patrick Swayze, Demi Moore et Whoopi Godlberg), ce qui tombait plutôt bien puisque c'est un film culte dans ma famille. Enfin la comparaison s'arrêtera là. Les premières images sont travaillées et c'est aussi pour ça que je suis venu le voir. Il semblait d'après la bande-annonce que le numérique est ici une place prépondérante mais bien utilisée. On suit agréablement l'histoire, narrée par la jolie voix (en VO) de la non moins jolie Saoirse Ronan interprète de Suzie Salmon. Si le début ne m'a pas semblé transcendant, il reste bien maîtrisé à mon goût. Mais le vrai démarrage se fait à la rencontre de Mr Harvey. La scène qui précède la mort de Suzie est d'ailleurs vraiment bien foutue et à la fois stressante (alors qu'on en connaît déjà l'issue) et glauque. D'autant plus parce que Stanley Tucci joue son rôle, de manière un peu classique (les râles malsains pour un tueur c'est un peu déjà vu) mais malgré tout crédible. En fait je dirais d'un point de vu général que la prestation du casting m'a paru vraiment convaincante, même si j'aurais pue avoir des craintes sur certains membres (Mark Wahlberg n'a pas toujours été au top). Mais en fait ce n'est pas vraiment là que réside pour moi l'intérêt du film.

J'avais été d'avance conquis par le côté très esthétique que Peter Jackson voulait mettre dans son histoire. La description de l'entre deux mondes est ainsi particulièrement travaillée, montrant des variations de décors souvent fantaisistes, s'approchant parfois (d'assez loin quand même) d'un délire à la Terry Gilliam pour L'Imaginarium du Docteur Parnassus. Au delà même de la pure utilisation de la synthèse, la mise en scène passe par beaucoup de changements de plans, et une utilisation régulière de caméras grand-angle. Le problème majeur est alors que de manière étrange, Peter Jackson en fait un peu trop sur certains plans. Je dis de manière étrange, car il me semble que le Seigneur des Anneaux (la trilogie complète) est assez dépourvue de ce genre d'abus. On pourra me rétorquer que l'ensemble des films font dans la surenchère mais pour moi cela reste dans un parfait dosage et trois chef-d'oeuvre. Pour Lovely Bones, je me suis souvent pris à me dire que la scène était un peu grandiloquente et c'est bien dommage. Cependant, certains passages reste du pure génie, des métaphores évidentes certes, mais toujours bien amenées et par l'histoire et par la réalisation. Et si comme je l'ai dit certaines images en font trop pour moi (qui pourtant suis adepte de ce genre de traitement) dans sa globalité, le film jouie d'une très belle mise en image de l'histoire.

Et voilà en fait là où je veux en venir pour finir cette modeste chronique. Le film est une adaptation du roman Lovely Bones (La nostalgie de l'Ange en France). Je n'ai pas lu le livre en question et je ne peux donc pas juger si l'adaptation est bonne ou pas, pourtant l'ensemble du film paraît à mes yeux comme une mise en image d'une histoire. Vous allez me dire, c'est un peu ça le cinéma! Mais là il s'agit vraiment de beaucoup de narration du point de vue de Suzie, et finalement les images défilent souvent sans avoir réellement une signification effective où une répercussion direct dans la suite des évènements. C'est la première fois que je ressens ça pour un film. Le fait est que j'ai trouvé ça très agréable sans pour autant pouvoir dire de façon formel que c'est une bonne chose.

A la fin du film je suis donc dubitatif, mais pas de la façon négative que cela sous-entend habituellement. Certaines scènes en font un peu des caisses, mais elles sont contrebalancées par de précieux moment de génie, où l'image parle d'elle même. Entre un suspens en mousse sur la fin (la scène de la maison de Harvey avec Lindsay) et quelques moments de poésie, on sent que tout n'est pas d'égale qualité mais j'ai malgré tout réellement pris du plaisir à voir ce film. N'est-ce pas un peu le but? En gros pour moi, Lovely Bones n'est pas le chef d'œuvre que j'attendais et pourtant je n'en ressent pas une réelle déception. A chacun après d'aller se forger son avis au cinéma. N'hésitez pas à partager vos avis!