Ai-je droit de ne pas aimer Kaminos passionnément. Assurément non.

Ayez au préalable lu:

-Kolia

-Kaminos

 

Mon cher Kaminos, est-ce que chat va bien?


Dans une lettre adressée à un adorateur satanique de rousse, tu lançais un débat bien contre ta volonté féline sur non pas culture japonaise, point de départ de la réflexion kolienne, mais bien sur la passion, ce qu'elle implique ce qu'elle signifie en terme d'investissement. Tu jugeais alors à l'emporte yen qu'aimer le poisson cru et se clamer adorateur de l'archipel nippon était une hérésie. Je ne relèverais pas le fait que pour un chat, demander le pugilat de mangeurs poissons crus tient sans aucun doute de l'hôpital qui se fout de la charité, mais je me dois de répondre à cet article qui m'a blessé au plus profond de mon être.

Par pudeur, pour épargner l'étalage de nos querelles amicales sur la place publique des serveurs gameblogiens, j'ai préféré ne pas te répondre par le biais des commentaires de ton article mais d'agrafer cette réponse épistolaire à mon blog, place intime de mon cœur de passionné. Et de passion je vais te parler.

 

Je pense que le principal grief que j'ai à ton encontre est le fait que ton humeur de fauve éteint, de chat enfermé dans sa vie de pacha parisien à fait de toi un animal de tout ou rien. Tu n'exprimes plus la demi mesure, tu ne suis plus la voie du milieu. Est-on obligé de n'aimer que passionnément? Est-on obligé de ne connaître de la vie qu'une chose sur le bout des doigts?

Je prendrais bien évidemment mon exemple, pour enjoindre à cette complainte un cas parlant. Du Japon, je n'en ai plus autant cure qu'il y a quelques années. J'étais de ces kikoolols, mais le temps faisant son office, la sous-culture que représentait l'exotisme japonais s'est transformé en mode, en fierté. Tel le flamboyant Kolia, je lisais Love Hina, ne manquant pas de rire et d'apprécier chaque petite information que cette lecture parmi d'autres, pouvait m'apporter. Je jouissais d'un certain plaisir à me savoir plus savant ou plus épris de ce pays que la majorité. Mais c'était avant l'explosion. Le nouveau millénaire a chamboulé cela, et l'occident a fait se coucher le Soleil Levant dans mon esprit.

 

Aujourd'hui c'est avec grand peine que je regarde un animé sans y voir toutes les tares du genre que je trouve galvaudé. Puisque la culture japonaise est devenu dominante dans notre hexagone, je me suis réfugier dans la culture de l'oncle Bill si dépréciée depuis le regain de patriotisme exalté par l'anti-terrorisme. J'en viens même, honte à moi, à renier mes amours de jeunesse, criant à qui veut l'entendre que Sangoku est ennuyeux au possible avec ses affrontements qui n'arrivent jamais, ou qu'Olivier devrait se reconvertir dans le marathon et arrêter le football. Je glorifie l'homme chauve-souris et ses acolytes, les sauveurs masqués, par opposition peut-être. Je deviens l'anti-toi. J'aime le Japon, mais plus passionnément et je n'en aime que ce que je n'en aimais pas auparavant.

Je n'en aime plus particulièrement les productions électroniques, ou artistiques, littéraire, cinématographiques mais j'en apprécie la gastronomie fine et les paysages saisissants. Je n'y connais plus rien et pourtant je l'aime et je rêve toujours de fouler son sol un jour, sans pour autant pouvoir rivaliser de connaissances avec toi ou tout autre passionné que je ne suis pas. Et pourtant je l'aime.

 

C'est en fait ici que je voulais t'amener avec douceur. Mes passions, mes vraies passions se comptent sur deux doigts. Le cinématographe et le jeu vidéo. L'un ne passant jamais vraiment devant l'autre désormais, je me suis énamouré des deux médias avec la même violence et soif de découverte. Je tente de creuser chaque jour la terre qui me sépare du trésor enfoui, celui de la toute connaissance dans ses deux milieux. J'accumule les anecdotes, les expériences, les avis que je tente de partager chaque jour. Parfois le partage est entier, complet, comme ici sur Gameblog, parfois il est amputé de certaines répliques qui auraient pu se justifier si la personne avait été aussi passionnée. C'est aussi cela le jeu. Surtout, ces deux passions sont dévorantes et engloutissent mon maigre pécule ainsi que la plus précieuse ressource après laquelle tout homme ou chat courre, le temps.

Dans ces conditions comment puis-je m'encombrer d'une passion de plus? Je ne le peux et je ne le veux. Et c'est à mon plus grand regret que je ne peux jamais développer ma culture littéraire si faible ou ma culture musicale si commune et gorgée de morceaux faciles à écouter. Bien évidemment si j'y trouvais autant de plaisir, peut-être en ferais-je l'effort, mais je me contente d'un plaisir instantané. Pourtant j'aime lire, j'aime écouter de la musique, sincèrement. Cet amour doit-il être déprécié sous prétexte que je ne suis pas le plus érudit dans ce domaine?

 

Pour finir, je tiens également à dire que tu devrais envisager la possibilité qu'il n'y ait pas de scission ferme dans chaque domaine entre passion et désintérêt. J'aime le Japon, j'aime la littérature et la musique classique mais pas au point de m'y investir pleinement. Je ne pense pas pour autant qu'il faille me moquer quand je viens à parler de ces pans culturels, surtout si cela est fait sans prétention.

 

Sincèrement à mon chat préféré.

Seblecaribou

 

PS: Pour paraphraser le sémillant Alexandre Astier, ça mon Kaminos, c'est pour ton p'tit cul.