Beaucoup de hype s'est développé depuis un moment autour de Tim Burton. Parce que ça fait bien d'aimer l'univers macabre et second degré du réalisateur fantaisiste. Personnellement j'ai vu Nightmare Before Christmas gamin, puis Beetlejuice et j'avais les cassettes de Batman et Batman Returns. Mais avant de voir au cinéma Corpse Bride, je n'avais jamais fait le lien entre ces films qui m'ont tous marqué. C'est alors que je me suis intéressé au cinéaste (et au cinéma par extension) avec beaucoup d'intérêt et que j'ai finis par voir toute sa filmographie; le gentillet mais très beau Big Fish, le sans personnalité remake Planet of the Apes (peu représentatif du travail de Tim Burton) le fou Ed Wood, le gothique Sleepy Hollow, le sanglant Sweeney Todd, le merveilleux Edward Scissorhands ou encore le trop sucré Charlie and the Chocolate Factory...et tous sauf Pee Wee's Big Adventure (que je n'ai pas vu et que je n'ai pas en DVD) je les ai aimé, certains par nostalgie (les deux Batman) mais tous pour l'univers fantastique et la personnalité ébouriffée de ce réalisateur si particulier, l'un des rares à préférer l'animation en stop motion et les costumes à la 3D. Le cinéaste qui ne compte jamais sans ses proches, Helena Bonham Carter et Johnny Depp au casting et le génialissime Danny Elfman à la musique, a pour moi le don de faire des films hors norme, un peu comme Terry Gilliam, mais en gothique. Seulement au vu de leur dernier film respectif peut se demander si l'image de synthèse est faite pour eux...

Je blablate beaucoup (c'est le nom de mon blog) pour introduire un peu qui est Tim Burton et ce que représente son travail pour moi à savoir des heures de plaisir que je revois avec le même œil heureux à chaque fois. Quand on s'intéresse un peu à sa vie et à ses films, on se rend compte qu'il a toujours été un peu à part, avec ce goût pour les monstres et leur décalage d'avec le monde normal. La normalité qui est sans cesse remise en cause par la mort ou la monstruosité qui sont toujours plus "drôle" dans ses films. Films qui prennent en général le partie du plus faible ou du plus marginal. Tout ça remonte apparemment à son enfance ( je ne serais pas formel sur la chose je ne le connais pas personnellement!). Mais il y a un deuxième fait qui est à mon avis assez intéressant et atypique dans le parcours de Tim Burton, au delà de son enfance assez empreinte de solitude, c'est son passage tourmenté dans la firme de Mickey.

Pour ceux qui ne le saurait pas, Tim Burton a été dessinateur et animateur chez Disney (je ne sais plus combien de temps) et il est notamment responsable des animations de Rox dans Rox & Rouky. Pour un mec qui passe son temps à dessiner des momies et des squelettes ça la fout un peu mal. Il semblerait que sa période de travail dans la firme ait été particulièrement compliquée et vecteur de dépression pour le réalisateur. Il avait assez peu de liberté pour faire ce qu'il voulait et surtout quand on créé quelque chose dans les studio de Disney, cela appartient à l'entreprise. C'est ainsi que le passif de Tim Burton avec Disney a refait surface quand il s'est agit de faire un film du personnage de Jack Skelington en 1993. Un problème basique de droit, Tim Burton avait créé SON personnage et un univers autour, mais Disney affirmait qu'il l'avait fait durant ses période de travail au studio et par conséquent les droit leur appartenaient...finalement le film est sortie (mon film préféré de tout les temps) pas réalisé par Tim Burton directement mais par Henry Selick, Nightmare Before Christmas sort sous la bannière Touchstone, la branche un peu adulte de Disney, très peu marcketté le film bide il me semble. Même si aujourd'hui il est clairement à la mode.

Tim Burton travaille de nouveau avec Disney: "Je vois que ça vous étonnes, je l'aurais parié!"

Tout ce développement n'a pour but qu'une chose, vous faire comprendre à quel point une association entre Tim Burton et Disney m'a parue suspecte quand j'ai vu que mon réalisateur favori se lançait dans la réalisation d'un Alice in Wonderland. Comment après tant de souffrances et de galères face à cette entreprise (qu'au demeurant j'adore hein entendons nous bien) il pouvait de nouveau collaborer avec eux. J'ai malgré tout attendu le film avec beaucoup d'impatience, espérant y retrouver tout ce que j'ai aimé et que j'ai précisé plus haut, surtout parce qu'un film de son réalisateur favori ça ne se loupe pas. J'étais à l'avant première de Sweeney Todd, je verrais Alice au cinéma. J'avais malgré tout peur de deux choses; la première de retrouver un univers ultra bariolé jusqu'à la saturation comme pour Charlie (qui reste génial grâce à Johnny Depp) et surtout la deuxième, malgré l'affection que je porte à Disney, il fait avouer qu'il n'est pas facile de faire un film "Burtonien" avec eux...la bande annonce m'avait rassurée car elle était très prometteuse au moins esthétiquement. J'ai quand même finis par déchanter...ou pas.

Bon après cette introduction horriblement longue (en même temps c'est mon blog je fais ce que je veux), je vais pouvoir vous donner mon avis sur le film à proprement parler. Je l'ai vu en 3D relief, avec deux paires de binocles donc, les miennes et les autres rouge qui niquent le nez (pourquoi cette forme triangulaire sérieusement??). Je vais le dire sans détour, cela n'apporte pas grand chose. Moi j'adore ça la 3D relief, sûrement une réminiscence de mes fiches sur les dinosaures que je regardait avec les lunettes aux verres rouges et verts. Quoi qu'il en soit d'un point de vu purement objectif, ça ne sert à rien, tout juste cela est exploité pour une petite scène "toboggan", même si moi j'ai beaucoup aimé le voir avec cette accessoire visuel. Au delà de ça, le premier choc, c'est que le film est entièrement réalisé avec des artifices de synthèse. Pas de décors en maquette, le film exploite à fond le mélange entre acteurs réels et modélisations 3D.

J'ai trouvé l'ensemble particulièrement jolie, et parfois même très réussi en terme à la fois d'esthétique que de technique. Le chat de Cheshire, la chenille ou encore la Reine Rouge font partie des personnages que j'ai trouvé vraiment savoureux en terme de design. A la fois et je vais le répéter plusieurs fois pendant ce commentaire, l'ensemble ressemble très peu à Tim Burton. Alors attention quand on voit, Mars Attack, Big Fish ou Sleepy Hollow, on peut dire que l'esthétique du réalisateur prend diverse formes, mais à chaque fois on arrive à voir les images sortie de sa caboche un peu secouée. On visualise les crayonnés au stylo noir. Et là c'est très beau qu'on ne s'y trompe pas, j'ai trouvé vraiment le tout réussi, mais avec un côté très graphiste. On imagine plus les artworks fait par des mecs engagés pour le tournage que le côté torturé et assez peu consensuelle des croquis façon l'enfant huître. Pour un film de Tim Burton c'est une première déception, sans en être une. J'ai apprécié l'univers dépeint mais je n'y ai pas retrouvé l'appropriation du réalisateur.

De plus le film aborde assez peu les thème cher au réalisateur et dans l'ensemble on est vraiment devant un Disney. Les personnages rencontrés sont tous du côté d'Alice, sauf la Reine Rouge, la grande méchante. Et finalement c'est cela la vraie déception pour moi Alice au pays des Merveilles. Tout y est assez consensuelle, sans réelle folie. Bien sûr tout est très bariolé, le Mad Hatter de Johnny Depp parvient à quelques savoureux moments délire, le lièvre également et surtout la Reine de Cœur finalement que j'ai trouvé particulièrement amusante sur quelques répliques (Helena Bonham Carter a un vrai don pour ce genre de personnage). Quand à Alice j'ai été vraiment charmé par l'actrice et sa façon de jouer. Cependant, si quelques scènes ou personnages tirent leur épingle du jeu de fou, l'ensemble est très surfacé. On ne se sent pas vraiment la folie émaner de Wonderland, on a plus l'impression qu'elle a été fabriquée ou forcée (la scène de la danse assez ridicule). Un sentiment curieux que peut-être vous comprendrez en le voyant. Même l'histoire en elle même est assez basique. Alice retourne à Wonderland, ce pays de ses rêves (ou réel?) qu'elle avait visité plus jeune, parce qu'une sorte de prophétie voudrait qu'elle batte la Reine Rouge et libère ainsi Wonderland de son joug coupeur de tête. Un peu classique, un peu décevant.

J'ai également personnellement eu l'impression que Tim Burton a eu beaucoup de mal avec le tournage sur fond bleu. Il n'a jamais été très bon pour les dialogues, mais dans chacun de ses films il y a une force narrative portée par l'univers qu'il créé, et celle ci donne du liant à l'ensemble. Je suis sûr que le côté non immédiat des images de synthèse (on tourne et puis on attend en post production voir ce que ça donne) a due lui poser des soucis. Quoi qu'il en soit, le résultat est assez bizarre. On a l'impression de regarder un enchaînement de scènes, plus que de regarder un tout.

Au final, Alice in Wonderland est une semi déception. Loin d'être un mauvais film, il est cependant un mauvais Tim Burton, ou plutôt il n'est pas un Tim Burton. On ne reconnaît jamais la patte artistique du cinéaste, et si la musique toujours grandiose de Danny Elfman (seule trace de l'univers burtonien) est bien là, l'ensemble visuel très réussi ne parvient pas à me faire oublier la virtuosité et l'originalité des Edward Scissorhands ou même Big Fish. L'ensemble du casting compte beaucoup d'habitués que j'adore et que je suis très content de retrouver (Johnny Depp et Helena Bonham Carter en tête) avec quelque nouveaux venus dans le sillage de Tim Burton. Pour moi ça fonctionne bien, certains ont des tics assez marrant et globalement la performance m'a vraiment fait plaisir. Mais le côté chaotique et un peu saccadé de la narration ainsi que le manque clair de folie de Wonderland m'ont réellement questionné sur la perspicacité d'une telle équation: Tim Burton + Disney + synthèse + 3D relief = pas vraiment convaincu. Je me le prendrais malgré tout en DVD à sa sortie, mais surtout j'attendrais avec impatience, Dark Shadows et Adam's Family qui risque de réveiller le Tim Burton gothique que j'aime tant...