C'est un sujet qui revient régulièrement quand je vais au cinéma avec des amis. On finit toujours par parler des bandes-annonces de films français et à chaque fois, je l'admets volontiers, je ressors la même rengaine : « non mais les films français c'est pas possible ». Histoire de mettre noir sur blanc les raisons précises de cette désaffection complète de ma part quant aux productions de mon pays, j'ai décidé de faire le top 5 des trucs qui m'énervent dans le cinéma français tel que je le vois dans les bandes-annonces ou parfois quand piégé par mes parents, je finis par le voir sur ma télévision. Je préfère prévenir que cela paraîtra caricatural à certains sans aucun doute, mais c'est ouvert à débat.

 

Number 5 - Les titres moisis

Les guignols de l'info de Canal+ en avaient fait un gags récurrent au moment du festival de Cannes avec un Denisot absolument désabusé ; les titres des films français de ces dix dernières années sont pourraves. Déjà que les traducteurs de titres de films étrangers font n'importe quoi, en mettant du « sex » à tout bout de champ (Cruel Intentions qui devient Sex Intentions, Wild Things qui devient Sex Crimes) ou en traduisant littéralement mais en conservant le titre original (The Dark Kinght - Le Chevalier Noir, No Country for Old Men - Non, ce pays n'est pas pour de vieux hommes) il fallait en plus que les titres de films deviennent des phrases complètes. Pars vite et reviens tard, Je vais bien, ne t'en fais pas, Ce soir je dors chez toi, Ne te retourne pas, Et toi, t'es sur qui ?, Ne le dis à personne...en les mettant bout à bout on obtient un dialogue à la con. Ce qui m'amène directement sur le point suivant.

 

Number 4 - Des dialogues d'une mollesse que seule la vraie vie peut égaler.

Vous savez, je ne crois qu'il y ait de bon ou de mauvais dialogue...

Si Alain Chabat, Michel Hazavicius ou Alexandre Astier ne sont pas la direction, vous pouvez être sûr que les dialogues vont être à chier. Il fut un temps, quand Lino Ventura côtoyait Jean Gabin, Simone Signoret et Alain Delon, il y avait des mecs comme Michel Audiard qui écrivait des répliques mythiques comme : « -Un jour tu me feras mourir de chagrin ! -Eh bah tant mieux ! Comme ça on retrouvera pas l'arme du crime ! ». Tous les films un tant soit peu sérieux (ou même de comédie finalement) ont des dialogues d'une pauvreté incroyable qui n'ont d'égal que les discussion que j'ai avec mon voisin sourd et muet dans mon ascenseur; voisin fort sympathique au demeurant.

 

Number 3 - Un réalisme de contexte malsain...et à se pendre.

C'est vraiment un truc qui me rend dingue dans le cinéma français en particulier, mais que je pourrais éventuellement attribuer aussi au cinéma Allemand sur la même période. Quelque soit le sujet et en particulier sur les drames, c'est toujours dans des conditions merdiques, pathétiques au possible et pire, qui pourrait t'arriver ! Ce ne serait pas un motif de plainte si ce n'était pas si récurrent. Une grande partie des films français dont je vois les bandes-annonces et que j'esquive, jusqu'à ce que mes parents les mettent pendant le repas (un grand classique), se passe dans des conditions sociales de la classe moyenne parisienne (ou moyenne tout court) et forcément, c'est tellement sur des sujets quotidiens que forcément, ça prend le cerveau au bout d'un moment. Même les « comédies » sont touchées. Pas possible de faire rire sans évoquer le décalage entre adolescents et parents dans LOL, ou sans parler de la religion dans Il reste du jambon (encore deux titres bien à chier au passage). Alors oui, du coup quand on tombe sur un truc un peu plus frais et original comme Mission Cléopâtre ou OSS117, on se paluche dessus...Le pire dans l'histoire c'est que je suis presque prêt à admettre que le trip hallucinogène de Gaspard Noé intitulé Enter the Void c'est du cinéma, simplement parce que pour un coup, c'est pas du cas social qui tape dans le pathos.

 

Number 2 - C'est toujours le même type qui fait les films ou bien ?

Ça recouvre à la fois ce que j'ai dit sur les dialogues et les contextes des histoires, mais je l'élargis de manière à recouvrir le reste à savoir la musique, la direction artistique, le montage, les angles de caméra, la photographie...Les films français moyens se ressemblent tous. On pourrait très bien m'annoncer que cela a été fait par la même personne à chaque fois, je ne tomberais pas des nues. Pitié, les réalisateurs français, essayez de mettre un peu de personnalité à vos films...même un pauvre filtre sur After Effect fera l'affaire au point où on en est.

 

Number 1 - Si c'est pas une comédie ou un drame suicidaire, c'est pas français.

Paris par un français...

Paris par un américain...

Mais merde, ils sont où les films de science-fiction ? Les films fantastiques ? Les films d'animation ? Les films d'horreur ? Les thrillers ? Je veux bien que le budget moyen d'un long métrage en France soit largement plus restreint qu'aux États-Unis, mais des films comme REC ou Moon ont coûté moins cher que LOL (on va croire que j'aime pas Sophie Marceau)...true story. Alors merde, sortez vous les doigts du cul ! Il y a mille manière de parler des humains, arrêtez de choisir toujours les mêmes quatre personnages à la con dans un quartier parisien, faites les partir dans l'Espace, exploitez nos fantastiques légendes bretonnes ou normandes, bref variez les types de films. Babylon AD ou Haute Tension ont montré que c'est possible. Sinon on va finir par vraiment se pendre à la fin de De Rouille et d'os (la bande-annonce qui m'a traumatisé à vie).

 

A chaque fin d'année, quand vient l'heure de la récap' cinéma, je suis toujours assez navré de constater que je n'ai pas ou peu vue de films français. Le fait est que je suis quasiment exclusivement attiré par les productions américaines et quelques asiatiques pour certains genres où ils excellent (les thrillers coréens, les films d'arts-martiaux Hong-Kongais, les récits de vie japonais). Les américains ont des défauts, parfois inverses de ceux des français. Trop dans la caricature pour les films très grand public, trop tirés par les cheveux parfois, pas assez soft sur les effets spéciaux et des dialogues qui ressemblent régulièrement à des parties de ping-pong. Seulement voilà, ils ont pour eux la diversité des thèmes, des styles de films et des réalisateurs. C'est trop bête, j'aimerais tellement aimer les films français. A la place je vais voir The Avengers...