Ceci est une courte et rapide réponse à un article posté sur son blog par Yokan, un insider de la profession vidéoludique que je vous enjoins à lire avant de lire le billet ci-dessous.

La question amenée par Yokan est un peu notre marronnier depuis quelques années et le succès flamboyant de la PlayStation puis de la PlayStation 2 puis de l'explosion conjointe de la Wii et des forums de Jeu Vidéo avec le développement en masse de l'Internet haut débit. Je remonte effectivement à quelques années avant la Wii pour parler de la dissociation entre les « true gamer » et les autres. Sony avec sa première console a en effet acquis le statut de petit nouveau dans l'industrie et comme tous les petits nouveaux qui ont l'outrecuidance de réussir, cette boîte a été un peu traitée de parvenu rétrospectivement par les fans des autres constructeurs tel que Sega et Nintendo qui rappelons le ont aussi été des parvenus quand Atari ou Amstrad régnaient sur notre univers.

La PlayStation 2 est encore un autre cas. Non seulement cette dernière a écrasé sa concurrence mais elle a surtout précipité la chute de Sega qui ne s'en est jamais vraiment remis. La fin officielle de sa distribution et les réflexions acerbes du type « Rarement vu autant de gens fiers de s'être fait escroqués » que l'on peut trouver sur le topic dédié au sujet nous prouve qu'il y a encore une classe de « gamer » qui considère que la Dreamcast pour son côté gentille loser de la bataille est le vrai refuge des passionnés. La Wii enfin...que dire sur son acception globale et le désamour que la plupart d'entre nous peuvent lui porter. C'est à elle que l'on doit l'érection du terme « casual » comme un miroir à une façon plus forte ou passionnée de penser, d'appréhender le jeu vidéo.

La Guerre des Consoles...encore un vaste sujet propice au déballage de bêtises.

Pourtant, le débat continue. Quand bien même on saurait que c'est puéril. Quand bien même on saurait que c'est une affaire de moment, de goût de façon d'appréhender le média, il y a toujours une frange de joueurs (dont j'admets aisément faire partie) qui cherche à se mettre dans une place si ce n'est d'élite, au moins de gardiens du temple. Les gardiens du temple ont d'ailleurs diverses façon de se définir. Pour certains on parlera du temps passé sur les machines. Plus le temps est alloué, plus on est gamer. Pour d'autres, il s'agira de performance qui va souvent de paire avec le temps d'ailleurs, pour peu que l'on s'essaye à des expériences qui requièrent un peu de doigté. On ne peut pas vraiment être performant sur un Street Fighter 4 ou un Forza Motorsport 4 sans y passer de nombreuses heures. En ce qui concerne ces deux catégories, ils se rallieront souvent sous le terme de « hardcore gamer ». Ceci dit il y a une troisième catégorie.

Pour une troisième catégorie, dont je fais partie, l'important comme dans toute chose, c'est la curiosité. Et là le problème est purement sémantique. Nous n'avons pas de terme pour nous désigner, nous les curieux de la chose vidéoludique en France. Quand quelqu'un regarde un film de temps à autre sur TF1 ou va au cinéma une fois par an, il n'est pas considéré comme cinéphile. Si certains cinéphiles prendront cette dénomination très à cœur, au point de s'en gargarisé et de former des joutes de connaissances quant à savoir qui a la plus grosse quantité de matériel cinématographique emmagasinée dans le cerveau, d'autre y voit surtout une manière de traduire le terme passionné ou intéressé. Un cinéphile peut tout autant apprécier un film destiné à un grand public qu'un film de niche indépendant. Encore une fois d'ailleurs, ce qui importe n'est pas tant le fait qu'il aime plus l'un que l'autre mais plutôt qu'il ait la curiosité de s'intéresser ne serait-ce que de manière sporadique à l'ensemble des possibles du cinéma.

Il y a encore quelques années, j'aimais et ne voyait que les block-buster américains ou les comédies françaises (pauvre de moi). Dans cette période, j'étais également de ceux qui dénigraient sans les posséder la Xbox ou la GameCube pour x ou y raisons idiotes. Aujourd'hui dans les deux domaines, je ne suis ni le plus érudit, ni le plus performant. En revanche je suis très heureux d'être beaucoup plus cinéphile et également beaucoup plus...ludophile. Pas parce que ça me permet de distinguer de la foule qui ne considère aucun de ces deux médias comme autre chose que du divertissement (encore que tout soit affaire de Distinction) mais parce que j'en vois beaucoup plus la richesse. L'intérêt ensuite est bien entendu de le partager.

Là où je rejoins Yokan, c'est en particulier sur l'association des jeux aux termes « casual », « core » et « hardcore ». Il n'y a pas plus de jeu hardcore que de film cinéphile. En revanche, il y a effectivement des titres, comme au cinéma, comme en littérature, comme en musique, qui demanderont plus d'investissement ou de concentration pour être abordé et qui par conséquent toucheront plus particulièrement ceux qui sont curieux de ce média (ou ceux qui ont été amené à être curieux si on est déterministe).

Évidemment, cette courte pensée n'est qu'un avis dans un océan d'ego à un instant T. Je ne prétends pas inventer un mot et sa définition. D'ailleurs, il ne faut pas oublier que les facilités de langages nous (je m'inclue dans le ''nous'' forcément) font utiliser les mots « hardcore », « casual » ou « gamer » à l'emporte pièce. On ne peut pas sans cesse démarrer une conversation sur une demie-heure de sémantique pour mettre bien les choses à plat. Ceci étant dit, avant de se gausser intérieurement quand un ami pas ludophile pour un sou dit qu'il a acheté une Wii ou une Xbox360 pour jouer à des jeux grand public ou qu'il ne joue que sur son iPhone pendant ses trajets de trains, il n'est peut-être pas nécessaire d'immédiatement se mettre sur un piédestal. On peut tous s'amuser sur les mêmes plateformes : en ce moment je suis tout autant sur Minecraft, que Closure, que Resident Evil 6 que Rocket Islands. La seule chose qui me distinguera de mon ami peut-être pas aussi éduqué dans ce domaine précis, c'est le devoir que je devrais me faire de lui montrer la richesse de ce que le jeu vidéo peut proposer en terme d'expérience.