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Cela faisait longtemps que je souhaitais faire l'éloge d'un animé tout simplement hors du commun, et qui a bouleversé ma vision de la japanim' de manière brutale, définitive, mais tellement extraordinaire. Et je profite de la fin de mon voyage vers le dessin animé japonais pour faire un point sur ce qui reste à ce jour, selon moi, le manga qui a tout changé.

 


Après m'être maté avec une joie juvénile et puérile Vision d'Escaflowne, avoir découvert et enchaîné tout les films de Hayao Miyazaki, qui sont de véritables petites merveilles, je termine avec Neon Genesis Evangelion, un animé sorti en 1995 - 15 ans déjà - dont j'ai fini par relire toute la mythologie, et Dieu sait qu'elle est complexe.

Je vais tenter de faire un bref récapitulatif, mais c'est pas gagné, tellement le scénario peut vous faire perdre la tête. 2000. Le Second Impact. La Terre est ravagée par la deuxième plus grande détonation de son Histoire. L'économie est gravement touchée, seulement 1 milliard de personnes vivent sur la planète, les océans sont déchaînés. La vie est dure. Mais dès les années 2010, les Anges, de grandes créatures destructrices dont le code génétique est quasiment similaire à celui des Humains, attaquent le Japon, patrie où se déroule l'histoire. Afin de préserver la survie du genre humainn, la Nerv, organisation militaire supérieure aux nations, débute la construction de méchas capables de rivaliser avec les Anges. Ces Humanoïdes gigantesques seront nommés Eva, créature construite par l'Homme, à son image. Pour piloter ces Eva, de jeunes adolescents de 14 ans, seulement, sont sélectionnés. Ce sera le cas de Shinji Ikari, qui a la demande de son père, Gendo, dirigeant de la Nerv, va conduire ces êtres, afin d'obtenir la salvation de ses semblables.

 

Rei en blanc, Asuka en rouge, Shinji au centre, les trois Children, pilotes des Eva


Il s'agit là d'un très bref résumé, qui ne dévoile en rien tout les secrets de cette série de 26 épisodes. Car le scénario est extrêmement fouillé, profond, tordu, même. Evangelion fait, comme vous avez pu vous en rendre compte, énormément de liens avec des termes issus de la religion, même si ce sujet n'est pas au centre des réflexions. Mais, ce qui est vraiment intéressant dans cette série, c'est de voir comment interagissent les personnages entre eux, et avec eux-même. Le héros de l'histoire, Shinji, n'est rien de plus qu'un simple lycéen en quête d'identité. Fragile, sensible, timide, réfractaire au changement, la peur emplit son coeur à chaque fois qu'il remonte dans l'Eva. Et il est passionant d'étudier le changement de caractère, de comportement de notre héros, car beaucoup de thèmes de la psychiatrie, de la psychanalyse, vont être disséqués. Notre héros va tour à tour découvrir l'amour, évidemment, la haine, le complexe d'oedipe, le " dilemme du hérisson ", qui consiste à affirmer que certaines personnes s'éloignent des êtres chers afin de ne pas ressentir les douleurs infligées par les autres.

 

 

Cruel Angel Thesis, l'opening mythique de la série Evangelion


D'autres personnages vont bien sûr intervenir tout au long de la série. En effet, il ne faut pas oublier que les acteurs secondaires sont tout aussi intéressants. Je parle par exempe de Ayanami Rei, jeune fille totalement dénuée de personnalité, sans aucune pudeur, n'exprimant jamais aucun sentiment, pour des raisons plus qu'occultes, de Soryu Asuka Langley, la charmante étudiante allemande, très expressive et exubérante, plus qu'extravertie, car en recherche de l'attention des autres, depuis que sa mère s'est suicidée. D'autres comme Misato, membre influent de la Nerv, qui recueillir Shinji chez elle, et lui faire découvrir petit à petit les plaisirs de la vie, alors que cette dernière n'arrive pas à se pardonner certaines erreurs qui rendent ses relations avec les hommes complexes. 

Il en exites tant d'autres, mais aussi beaucoup de sujets que je n'ai pas évoqué encore comme le clonage, les bassesses politiques, les croyances irréalistes, l'ambition démesurée des Hommes...Bref, vous l'aurez compris, Evangelion est un animé qui fait réfléchir, beaucoup réfléchir, car rien n'est simple ici. Rien n'est blanc, ni noir, personne n'est ennemi, personne n'est allié. Et c'est dans ce contexte que Shinji va devoir affronter tour à tour les Anges, aux volontés belliqueuses secrètes.

 

De gauche à droite, l'Eva - 01, pilotée par Shinji, et l'Eva - 00, de Rei


Pour ce qui est de l'animé en lui-même, nous sommes en 1995 et l'animation était pour l'époque plutôt exceptionnelle, selon les échos que j'ai eu. Vous aurez aussi déviné qu'il s'agit là d'une oeuvre mature, pleine de sens cachés, et de sous-entendus, de références au monde actuel. Mais ce qui a fait aussi le succès de Evangelion, c'est une histoire riche, passionante, mais incomplète. Car au moment de sa sortie, les créateurs ont dû accélérer pour boucler la série à temps. Cela va donner notamment deux épisodes finaux, qui se résument à des séances de psychanalyse des personnages, qui vont enfin découvrir quel sens donner à leur vie, épisodes plus que contestés par les amateurs de l'univers.

Et si le ton est très sombre, ce sont aussi les secrets du scénario qui font le buzz. Toutes les réponses aux questions évoquées dans la série ne sont pas données, ce qui contribue à renforcer le flou autour de Evangelion. On ne connaît toujours pas tout les tenants et aboutissants, et les rares indices dont nous disposons sont difficiles à décoder.

 

Le film polémique qui conclut de manière très mystérieuse l'histoire de Evangelion


Deux films sortiront ensuite, reprenant le nom de Neon Genesis Evangelion, en 1997. Le premier, Death & Rebirth, n'est qu'un résumé des 24 premiers épisodes. Le second, beaucoup plus intéressant, The End of Evangelion, dévoile la véritable fin de l'aventure. Et autant vous le dire tout de suite, celle-ci laisse planer encore plus de mystère sur ce monde, soulevant de nouvelles interrogations, tout en occultant de boucher des trous du scénario apparus en 1995. Mais ce dernier film donne un final plus que passionant car très différent de l'accomplissement des shonens traditionnels. Je vous laisse le plaisir de les regarder.

Et tout ceci n'est pas terminé, car pour fêter les 10 ans de la série, Anno, son créateur, a dévoilé la sortie dans les années à suivre de 3 nouveaux films, Rebuild of Evangelion. Le premier est apparu en 2007 au Japon, résume les 6 premiers épisodes de l'animé, entièrement refaits, et ça pète. Très bien monté, et réalisé, Evangelion 1.0 You Are ( not ) Alone a le mérite d'être clair, vif, agréable, même s'il ne révèle pas grand chose de plus.

 


Le second, sorti l'année dernière, est une merveille. Il prend beaucoup de libertés par rapport au scénario de la série, mais il apporte tellement de fraîcheur dans l'univers si sombre de Evangelion, que l'on ne peut qu'applaudir devant un tel film. Celui-ci, Evangelion 2.0 You Can ( Not ) Advance, traite des épisodes 6 à 20, mais remplace beaucoup de combats par des scènes très amusantes de vie entre les différents personnages de la série. Je ne vais pas vous mentir, des quelques films d'animation tirés de mangas que j'ai vu, souvent peu passionants, c'est celui qui m'a le plus convaincu, sans hésitation aucune.

Le troisième, quant à lui, devrait pointer le bout de son nez l'année prochaine sur l'archipel nippon, et dévoiler une fin possible et vraisemblable de la saga Evangelion, de manière à ce que l'on puisse enfin savoir ce qui se passe après ce fichu épisode 24, source de toutes les divergences dans le scénario.

 

 

Beautiful World, le magnifique ending des films Rebuild of Evangelion


Je ne vous embêterai pas plus longtemps, mais c'est le coeur lourd que je sors de cette période bénie de mes vacances, pour revenir dans la réalité. Car Evangelion ne peut laisser insensible. Vous êtes obligés de ressortir de l'expérience plein d'interrogations dans le crâne. Et c'est toujours mieux quand ça fait réfléchir, je trouve.

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Si vous souhaitez discuter de la série, partager vos impressions, vos sentiments sur Evangelion, là, n'hésitez vraiment pas à me poser des questions, car en ce moment, je suis à bloc. Je vous laisse, profitez de l'été, et n'oubliez pas de vous brosser.