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Les deux premiers Metal Gear sortis sur MSX au début des années 90' avaient installé les fondations d'une histoire déjà extrêmement bien ficelée. Les conditions étaient donc idéales pour faire franchir à la série un cap. Et c'est la Playstation qui a eu l'honneur d'accueillir ce que je considère encore aujourd'hui, comme le meilleur épisode de la saga.

Il faudra pourtant attendre l'an de grâce 1998, voire même 1999 chez nous, en Europe, pour voir débarquer cette merveille du jeu vidéo, je parle bien sûr de Metal Gear Solid.


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Je ne vais pas vous le cacher, mais vous avez sûrement tous UN jeu auquel vous pouvez jouer tout les ans et retrouver encore et encore cette sensation, celle de découvrir une histoire, une ambiance, une expérience, qui vous marquera à tout jamais. Dans mon cas, je parlerai bien sûr de Super Mario Bros. et de Ocarina of Time, mais je n'hésiterai pas à ériger MGS premier du nom au Panthéon des plus grands jeux de tout les temps, tant cet opus est réussi sur de nombreux points.

Tout d'abord, la Playstation avait beau en avoir dans les trippes, MGS réussissait le tour de force de proposer un jeu intégralement en 3D tout juste magnifique. Certes, de nos jours, les textures bavent, et l'aventure manque un peu de couleur, mais il est impossible de nier qu'une véritable identité se dégage de ce titre. Certes, il me semble que le jeu ramait à certains moments mais...on s'en fout. Vous êtes sur les lieux, vous êtes abandonnés sur cette île du cercle arctique, la neige obscurcit votre champ de vision. Vous êtes lâchés dans la gueule du loup, et le monde fait en sorte que vous vous sentiez à l'étroit.

Car oui, une autre des grandes qualités de MGS, c'est cette sensation d'être seul face à vos adversaires, de ressentir la supériorité numérique de votre ennemi. Ce troisième épisode respecte donc la tradition de la série. MGS est avant tout un jeu d'infiltration, et il faut absolument que vous évitiez les soldats génomes qui font office d'obstacle sur votre chemin. Le jeu conserve d'ailleurs une certaine rigueur, celle des précédents volets, où il n'est pas difficile de se faire remarquer, pour peu que vous ne soyez pas vraiment attentif à ce qui se passe devant vos yeux.


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Mais en fin de compte, ce n'est pas le gameplay que l'on retient. Bien qu'efficace, cette caméra, placée au-dessus de la tête de notre cher héros, Solid Snake, ce qui empêche le joueur de véritablement savoir ce qui se passe devant lui. On peut affirmer que cela n'aura jamais servi le gameplay, mais en tout cas, cela augmentait la difficulté, et contribuait, peut-être involontairement, à vous rappeler qu'il faut que vous fassiez très attention dans votre infiltration, tant la jauge de vie peut se vider très rapidement.

Non, ce qui est extraordinaire dans MGS, c'est son équilibre à tout les niveaux. Au niveau de la durée de vie, le jeu se pliait en 9 heures, dont environ 4 heures de jeu. Le reste, cinématiques extrêmement bien mises en scène pour l'époque, presque avant-gardiste, ce qui donnait un véritable cachet au jeu, et dialogues par CODEC, cette radio personnelle par laquelle les différents protagonistes de l'histoire s'expriment. Certaines de ces scènes sont parfois des moments cultes à eux seuls, alors que ces séquences sont pourtant minimalistes. On se rappellera ausside l'excellent doublage anglais des personnages. En France, évidemment, on a pas de bol, le doublage était une catastrophe, enchaînant caricatures sur caricatures, et malgré lui, a contribué à former la légende MGS.

Les personnages étaient eux aussi le produit d'un très gros travail de rédaction. Je n'ai pas peur de le dire, tout les personnages de ce Metal Gear Solid sont mémorables. Vraiment. Bien sûr, on pensera tous à Solid Snake, héros exilé en Alaska, qui va accomplir cette mission pour rendre service, tout d'abord, à son ami, Roy Campbell, de retour dans cette aventure. Meryl, jeune militaire capturée durant la révolte de FOXHOUND sur cette île, qui voue une grande admiration pour ce génie de la guerre qu'est Snake. Même les personnages que l'on aperçoit uniquement lors des séquences de CODEC font preuve d'énormément de charisme. Naomi Hunter sera finalement bien plus que l'aide psychologique de Solid Snake, Mei Ling n'hésitera pas à partager ses sentiments sur l'opération et sur ses projets à venir, Campbell, dirigeant de l'opération vous révélera petit à petit tout les secrets et réelles ambitions cachées derrière l'infiltration, et le Master Miller, n'hésitera pas à se rappeller à notre héros toutes les astuces qui font la qualité de combattant et de survivant de Snake dans cet environnement glaciaire.


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Cependant, ne parler que des " gentils ", qui n'en sont pas tous vraiment par ailleurs, ce ne serait pas rendre justice à ces adversaires tellement marquants. Qui ne se rappelle pas de Ocelot et ses fameux revolvers, qui va devenir un véritable personnage majeur de la saga Metal Gear, et perdre un bras dès votre première rencontre. Le choc ! Sans oublier Psycho Mantis et le combat inoubliable qui vous confrontera à un personnage torturé, que vous ne pourrez abattre que d'une manière particulièrement inattendue, Vulcan Raven, cet énorme soldat bodybuildé, dont je regrette l'absence dans les épisodes suivants de la série, Sniper Wolf, kurde en soif de vengeance, très attirée par la virilité de Snake, et dont la mort ne pourra pas vous laisser insensible. Même Decoy Octopus, dont vous apprenez l'existence lors de votre mission, vous marquera par son action silencieuse, et son influence plus que décisive. Et enfin, Liquid Snake, le frère de Solid Snake, dont l'ambition démesurée va même perturber le serpent espion.

D'ailleurs, Solid Snake va apprendre beaucoup de cette opération menée par le gouvernement américain. L'histoire est très riche, et chose rare dans la saga, se suffit à elle-même. C'est simple, on peut se contenter uniquement de ce volet là et profiter d'une histoire extrêmement complète, sans zone d'ombre, remplie de retournements de situations, tellement d'ailleurs, que même Snake ne saura plus qui croire à la fin, tout comme vous d'ailleurs.

Côté scénario, FOXHOUND, dirigée par Liquid Snake, en charge de la surveillance d'armes nucléaires dans la base de Shadow Moses, située sur une île proche de l'Alaska, décide de prendre de force le Metal Gear, Rex, présent sur les lieux, et menace de bombarder la Maison Blanche, si les restes physiques de Big Boss, ne lui sont pas remis. Solid Snake est alors appelé par Roy Campbell et le gouvernement américain, pour sortir de sa retraite, et partir à l'assaut de l'île afin de neutraliser le déclenchement de l'ogive, et se débarrasser de la menace FOXHOUND.

 

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Se déroulant sur 8 h, il me semble, l'opération d'infiltration va en apprendre beaucoup sur la véritable personnalité des différents protagonistes de l'histoire, sur la vérité derrière cette mission dont on pense que l'objectif initial est purement justifié par la protection des civils, alors que ce n'est finalement pas du tout le cas. Les trahisons seront nombreuses, et c'est vraiment dans MGS, que l'on comprend que Solid Snake n'est qu'un pantin, manipulé par ses supérieurs et par ses adversaires, et n'aura jamais la possibilité d'agir de sa propre initiative, jamais de sa propre volonté.

L'introspection est un aspect très développé de cet épisode, on découvre tout les tenants et aboutissants du scénario, tout les personnages ont un rôle ici, sur Shadow Moses, et ont tous un intérêt à participer à la mission. Dans Metal Gear Solid, l'ambivalence est maîtresse. Rien n'est laissé par hasard. Il y a même un aspect science-fiction, fantastique, parfaitement intégré et qui jamais ne jure avec le ton sérieux et réaliste de l'expérience. Bien au contraire. Les pouvoirs télékynésiques de Mantis intriguent, beaucoup, tout comme l'entente de Wolf avec ses frères loups, et celle de Raven avec ces corbeaux géants. C'est ici que l'on comprendra les rôles multiples de Revolver Ocelot qui vont faire de lui le personnage le plus important de la série.

Bref, ce Metal Gear Solid est une expérience extraordinaire. Doté d'un scénario en béton armé, le jeu est très riche en séquences cultes. Quand ce n'est pas un combat mythique, c'est une révélation bouleversante, ou un événement inattendu, qui rompt tout sentiment de monotonie.

 

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Jamais on ne s'ennuie en jouant à MGS, le rythme narratif est parfait. Tout est excellement réalisé, ce qui a fait la légende de ce troisième épisode.

Un remake de ce jeu sortira d'ailleurs en 2004 sur GameCube, et permettra à de nombreux nintendomaniacs, dont moi, de tomber sous le charme d'un jeu dont l'histoire fait tout. Beaucoup reprocheront la refonte des cinématiques, qui mettent en scène un Snake plus souple que jamais, plus Matrix que jamais, plus ridicule que jamais, au final. Mais ici encore, le scénario fait son effet, et sert à oublier le ridicule de certaines situations, trop américaines, ou trop asiatiques, pour être de bon goût.

Cela ne m'empêchera pas de considérer MGS The Twin Snakes comme un de mes jeux préférés. Assez joli, bien qu'inférieur à MGS2 sorti 2 ans auparavant, avec de nouvelles features, cet opus ouvrait une porte sur la série à un public bien différent.

 

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Pour terminer cette deuxième partie, on peut affirmer sans se tromper que c'est bien MGS sur Playstation, qui va donner à la série une autre ampleur. Pourtant, MGS, à la manière du troisième Solid, est un jeu qui se suffit à lui même. Il n'est pas nécessaire de connaître les antécédents, parfaitement narrés durant la mission, et une seule phrase incite à découvrir la suite annoncée. Ceux qui auront joué à ce jeu se souviendront forcément de leur réaction face aux révélations plus extraordinaires les unes que les autres, de ces personnages d'une très grande profondeur, avec un background travaillé et passionnant, et de ce huis clos qui sera l'occasion de mettre au point tout les problèmes qui plombent la société. L'armée, la génétique, la corruption et la politique, seront de nouveau évoquées de manière assez fine...bref, tout dans ce MGS est bien traité, avec génie, même.

 

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