Cela fait
longtemps que je voulais parler de ces sites internet dédiés aux jeux vidéo qui
fleurissent à tout bout de champ sur Internet. Bon sang, il y a tellement à
dire. Personnellement, j'ai commencé à fréquenter la belle époque de l'Internet
ou tout était nouveau, jeune, frais, ambitieux. Je trainais sur Lost Treasures
FR (ces forums s'en souviennent encore) j'ai fait partie d'une dizaine d'équipe
de sites amateurs sur le jeu vidéo et j'en ressors complètement dégouté, triste,
en colère. De voir tout d'abord le gâchis qu'en ont fait tous ces soi-disant
gamers qui n'y connaissent rien ou plus simplement le manque de
professionnalisme de tout cela.

Car amateur ne veut pas dire débile, ne veut pas
dire qu'il faut tout faire à moitié. Pour beaucoup, malheureusement, c'est juste
le meilleur moyen de ramener des gens sur un site, de gagner des sous via les
publicités et de se dire journaliste alors que l'on n'est rien d'autre qu'un
pion marketing. Les sites amateurs étaient une vraie mine d'or, ils sont devenus
ce qu'il se fait de pire pour le marché, la passion et avant tous les
joueurs.

Tout d'abord
parce qu'ils parlent sans savoir. On ne recherche pas des talents, des
connaisseurs, des férus de jeux vidéo, mais juste des gens capables d'écrire
dans Wordpad et de prendre de leur temps pour alimenter les sites. Les fautes ?
On n'a strictement rien à faire. Elles fleurissent, sont grossières et tout le
monde pense que c'est normal, qu'on devrait dire merci à tous ces gens qui font
ça bénévolement alors qu'ils alimentent le cerveau des plus jeunes de fautes
"normales" qu'il est "possible de faire de temps en temps". Personnellement bien
atteint par le syndrome des accents manquants et des possessifs qui déconnent, je
me remets toujours en question et sais quel est mon piètre niveau en la matière
et malgré ça, souvent, on m'assure que j'écris bien. Moi ? Non, ce sont les
autres qui écrivent mal. Pourtant, nourris aux tests magnifiques de Julien
Chièze sur Metal Gear Solid (une oeuvre d'art), au bon rédactionnel jamais
pompeux de Canard PC, du Joystick de l'époque voir même des débuts de Gamekult
qui sortaient radicalement du lot, les joueurs oublient tout cela et ne lisent que le lamentable. Ils récompensent, félicitent, des gens qui ne savent pas écrire, qui
pensent faire quelque chose de bien tout en ne se rendant pas compte qu'ils
desservent totalement le monde du jeu vidéo. Sur un blog, c'est compréhensible,
mais sur un site beaucoup moins. On en vient à adorer des sites poubelles pour
le simple fait qu'ils sont bénévoles. Un beau foutage de gueule.

L'association
avec les éditeurs est immensément honteuse. Les sites ne sont pas traités avec
respect et se font envoyer des jeux au compte-goutte pourvu qu'il en reste dans
les bacs presse et les éditeurs espèrent ainsi avoir une jolie image de
"gentil". Quand le test est méchant, on se fait rarement engueuler. On s'en
fout, c'est le net, ça va vite et puis de toute façon si on est un connard on a
déjà posé les valises pleines de billets (ce qui se fait quand même de moins en
moins, il ne faut pas mentir). Quand le test est gentil, on a le droit de
faire des concours et de rappeler l'agence marketing pour en recevoir "peut-être" d'autre. Que du bonheur de sous-fifre. Mais le rédacteur est
heureux, on le caresse dans le sens du poil lui et ses fautes monstrueuses et il
reçoit des jeux gratuits. Il croit faire un "second boulot" (ou en parallèle
avec ses études, le plus souvent) des plus merveilleux et va jusqu'à faire des
podcasts en solo pensant naïvement qu'il est de la même trempe que les gros
sites d'actualités, que les magazines qu'il trouve dans les points presse. Bref,
il s'y croit. Deux ans plus tard, un truc arrive, il n'a plus le temps, pas de
motivation à faire ce qu'il fait, il est blasé, se dégoute du jeu vidéo et fait
tout n'importe comment. On s'en fout, il sera vite remplacé par un djeunz qui en
veut et qui saura se démener pour ouvrir Wordpad et écrire des articles
aseptisés.

Ce qu'il y a de
bien aussi dans ce domaine c'est la hiérarchie. On se dit tous sur un même
piédestal, mais il y a des niveaux. Il y a celui qui reçoit les jeux, celui qui
habite Paris et qui est donc invité à toutes les présentations, le riche qui va
acheter tous les jeux que le site ne reçoit pas et il reste les newseurs qui se
partageront les miettes. En clair, la hiérarchie se base sur le boulot effectué,
boulot qui en fonction du lieu de vie, de l'âge ou de la tchatche est forcément
plus ou moins grand en fonction des rédacteurs. Au final, personne n'est égal à
un autre et les jalousies commencent. Machin est nul, Truc fait mal son boulot,
pourquoi Bidule a le droit à ça et pas Chose ? Ça se casse la gueule, un mec se
barre en posant sa haine dans un forum et tout recommence avec d'autres.
Classique.

Franchement, qui
pense encore que les sites amateurs sont intéressants à lire dans leur aspect le
plus pur ? Ils n'ont pas une étiquette pro et seule une originalité quelconque
leur permet de sortir du lot. Il y en a qui y vont cash avec de la "déconne" mais ils se cassent vite la figure à cause d'une idée toute bête : déconner
intelligemment et de façon utile, c'est encore plus dur à réaliser à l'écrit que
lorsque l'on est posé et sérieux. Quelques sites s'en sont particulièrement bien
sortis tels que NoFrag, FactorNews, Gameblog en l'occurrence. Tous sont plus
âges, ne sont pas (ou plus) amateurs, sont posés, savent ce qu'ils font et
surtout : se connaissent, travaillent ensemble, posent de réelles et solides
bases. Le reste, on l'oublie vite. 

On a tous
actuellement un petit site qu'on met en favoris pour avoir les dernieres news en
date, mais cela ne veut pas dire qu'on en apprécie le style ou la présentation.
On le veut juste pour ses news et sa réactivité, malgre des traductions très
approximatives et un manque de communication total avec les éditeurs. Ces sites ne
sont qu'une sorte de grand flux RSS mis en page avec des fautes et qui manquent
cruellement de coeur, d'âme. Alors bien sûr on ne va pas voir un mec en lui
disant que "son site c'est de la merde". Déjà parce que c'est inutile, au fond
de lui il le sait très bien et surtout : c'est très immoral. Vomir sur le
travail des gens cela ne se fait pas. Je me
permets de le faire un tout petit peu ici juste parce que j'ai besoin de ce coup
de gueule qui dure maintenant depuis 10 ans exactement et dont je souffre,
bizarrement, au quotidien. Mais je ne juge personne en particulier.

N'essayez jamais
d'être original ou trop pro sur ces sites. Vous voulez fédérer toute l'équipe
pour remplir et mettre à jour une base de données vieillissante ? Faites le tout
seul, vous n'y arriverez jamais. Seules deux choses peuvent forcer un site
amateur à mettre à jour sa base de données : une nouvelle version plus
"encyclopédique" dans quel cas la base de données nouvelle tiendra deux mois
avant d'être pourrie par les mauvais titres de jeux rentrés à la va-vite entre
deux news. Ou alors, l'arrivée d'une nouvelle console. Bref, la seule raison
pour laquelle un site est amélioré c'est parce qu'il faut qu'il tienne la route
un minimum face à un imprévu qu'il va falloir apprendre à gérer. L'information,
la culture, le tri, la beauté de la chose : rien à faire, on oublie. C'est beau,
l'amateurisme enthousiaste.

L'avis du
testeur ou l'avis du site ? Ça dépend. Quand on écrit un test, celui-ci est
correct vis-à-vis du site lorsqu'il est accepté par la plupart des testeurs. Si
l'un d'entre eux n'est pas d'accord, il y a là aussi deux cas de figure : soit
on le change parce que ce qui est dit n'est pas bête et qu'après tout, tous les
avis sont bons à prendre. Soit on change parce qu'on n'a pas le choix, parce que
l'on n'a "rien compris", parce que l'on a forcément tort. Bah oui, on habite en
province, chez papa-maman, on fait des études pourries et on est timide : pas
intéressant le gaillard. Parce que les conditions sociales sont aussi très
importantes et comme dans la "vraie" vie, son boulot on l'a pas toujours quand
on le mérite, mais aussi en fonction de son statut social. C'est beau, le
télétravail.

J'en pleure. Je
suis dégouté d'avoir connu d'aussi bons projets, d'avoir vu l'Internet devenir
le coeur même de tout ce qui est bon aujourd'hui (la passion, l'amour du
partage, la connaissance) devenir un énorme foutoir à cause de quarts d'heure de
gloire totalement futiles. Je suis triste aussi de voir qu'aujourd'hui la
tendance est à se déchirer l'esprit, les comptes bancaires et la vie sociale
pour essayer de construire des trucs solides permettant aux joueurs d'avoir
autre chose à se mettre sous la dent que ces sites amateurs complètement nocifs
pour certains. Je suis en larmes pour toutes ces passions que l'on fout en l'air
juste pour faire de la visite, du chiffre, du concours de bite par chiffres
interposés montrant aux éditeurs que "regardez, on fait autant de visites dans
le mois, filez-nous des exclus".

Bref, comme
d'habitude, je suis à bout, mais j'ai confiance. Parce que de tous ces projets
amateurs sont nés d'autres projets d'exception. Des sites aujourd'hui
obligatoirement posés en favoris (FactorNews, Gameblog...), des sites amateurs
"nouveaux" sans prise de tête tels que Console Syndrome ou Press Start Button.
Des projets "en durs" tels que Pix'n Love. Et des dizaines de blogs passionnants. Comme quoi
peut-être, un jour, les gens comprendront que le meilleur moyen de communiquer
sa passion c'est tout simplement sans fioritures, sans en
abuser. Juste jour par jour, avec amour. Alors après quelques années de boulots
amateurs et professionnels, peut-être qu'une équipe de vrais passionnés, de
vrais bosseurs, de vrais motivés, voudront de moi et peut-être que je m'y
remettrais car, mine de rien, ça me manque beaucoup de bosser sur un site. Mais
désormais, je laisserai ouvert ce blog le plus longtemps possible. Car c'est
exactement ce qui me manquait dans ma vie "professionnelle" pour pouvoir
communiquer sur ce que j'aime au maximum. En espérant un jour bosser pour
quelque chose de conséquent et oublier toutes ces mésaventures pour n'en tirer
qu'une seule et unique bonne chose : l'apprentissage, l'évolution et les
différentes amitiés qui y sont nées.

Longue vie aux
passionnés. Aux vrais.