Certains d'entre vous le savent, je suis bénévole aux restos du cœur depuis près de 5 ans maintenant, et j'ai lancé la saison dernière ces chroniques de la rue. J'avais promis d'en faire une nouvelle pour faire le bilan d'une année difficile remplie autant de belles rencontres que de soirées longues, froides et pénibles (De plus en plus de monde pour autant de nourriture à donner, ce n'est jamais facile).
C'est donc avec plaisir que je relance ces chroniques de la rue pour « fêter » le début de cette nouvelle saison, et je mets bien fêter entre guillemets, puisque les maraudes des restos du cœur, c'est la seule activité que l'on aimerait arrêter alors même qu'on adore. Je vais m'expliquer...

 L'importance de la pause estivale

Les maraudes des restos du cœur, c'est contrairement à ce que beaucoup croient, toute l'année. De Septembre à Juin, tous les soirs, des bénévoles vont à la rencontre des bénéficiaires. Durant les mois de Juillet Aout, beaucoup partent en congés et nous manquons cruellement de bénévoles. Du coup, en fonction des bénévoles parmi les bénévoles, nous organisons 2 ou 3 maraudes par semaine, de l'importance de ne pas perdre un contact qui a parfois pris des mois à se créer.

En ce qui me concerne, je le disais en introduction, j'ai eu une année assez difficile, les différentes vagues d'immigrés suite aux révolutions arabes nous ont apportés énormément de bouches à nourrir, de gens dans le besoin.

Ce fut dur, mais pas insurmontable évidemment, et puis 95% du temps, c'est dans la joie et la bonne humeur qui caractérisent les restos du cœur.

Néanmoins, j'ai pour la première fois cette année ressenti le besoin de couper, de prendre une pose et je n'ai donc malheureusement pas tourné une seule fois cet été.

 Retour au bercail

C'est donc dans l'hystérie la plus totale que je suis retourné hier soir à l'entrepôt des Restos du cœur, retrouver ma famille de cœur, tous étaient de retour et j'avais le sourire jusqu'aux oreilles à voir tous ces gens passionnés de retour pour une nouvelle saison. C'est aussi grâce à eux que l'envie de continuer ne nous quitte jamais. L'expression famille de cœur n'est vraiment pas exagérée.

J'ai en ce moment beaucoup de travail et hier fut une journée particulièrement dure, néanmoins, je ne pouvais louper la reprise, symboliquement, et puis surtout parce que je n'y serai pas les deux prochaines semaines, voyage au japon oblige.

Cette année, la « cheftaine » historique du jeudi a décidé d'arrêter, et tant mieux, elle n'avait plus l'envie et ne nous apportait pas grand-chose d'autre que des ennuis...

A son départ, nous avons décidé que le prochain chef serait 3 chefs, les 3 plus anciens de l'équipe (nous sommes une quinzaine en tout), et... je fais parti de ces 3 plus anciens, c'est donc une direction collégiale que nous commençons cette année, pour le plus grand plaisir du reste de l'équipe, et une responsabilité supplémentaire sur mes épaules (j'ai déjà un lapin à la maison, ça fait beaucoup).

 On prend les mêmes et on recommence, malheureusement

Et oui malheureusement, car aussi pressé que j'étais de revoir certaines personnes (Françoise et son mari notamment, dont je vous avais parlé, ils se sont pacsés et leur maison a brûlé, souvenez vous. Sachez qu'ils vont très bien et que la reconstruction de la maison est en très bonne voie !), les restos du cœur sont le seul endroit ou je souhaite aux personnes que je rencontre et que j'adore de ne jamais les revoir, du moins, pas dans ces conditions.

Et à mon grand regret, on les revoit tous, et il y a même des nouveaux. Leur situation n'a pas évolué d'un poil, et ils sont toujours autant dans le besoin, pas de pause pour eux. ET CA ME FAIT CHIER...

Il y a bien quelques bonnes nouvelles comme la maison de Françoise et Nico, ou encore Julie qui après des années de démarches administratives va peut être enfin avoir un logement (réponse du tribunal le 21 Septembre). Pour la petite histoire, Julie vit dans une cabane avec deux frangins malades, au bord de la marne et paye des impôts. Son cas est assez connu, elle est passé plusieurs dans le Parisien pour essayer de sensibiliser les puissances supérieures. Je vous tiendrai au courant du dénouement, ne vous en faites pas ;)

Il y aussi eu le petit moment choc, tristement régulier. Nous avons rencontré une dame en grande détresse, titubant au bord de la route, Alouna. Elle avait apparemment des problèmes avec quelqu'un de son entourage, mais n'a pas voulu nous en dire plus. A l'inverse, elle raffolait de la soupe que nous lui avons proposé, et s'est mise à pleurer devant un simple repas... jusqu'à se prosterner devant nous, littéralement. Extrêmement gênés, nous nous sommes pressés de la relever et de lui remonter le moral, ce que je pensais avoir réussi à faire... nous continuons notre chemin, finissions la maraude et rentrons à l'entrepôt.

Après une bonne heure de franche déconnade autour de quelques mets préparés par mes amis bénévoles, nous rentrons chez nous.

Quelques centaines de metres avant d'arriver chez moi, je recroise Alouna, sur un banc d'arrêt de bus, en train d'hurler des choses qu'elle seule comprenait, elle n'était plus là. Et ne m'a pas reconnu, m'a envoyé sur les roses et a continué son chemin.


C'est sur ces biens tristes nouvelles que je clos donc ces premières chroniques de la rue de la saison. Mais rassurez vous, j'ai l'intention d'être bien plus régulier, et vous ferai part d'autres expériences, plus joyeuses je l'espère. En attendant je suis au boulot, défoncé et déphasé, mais content d'avoir repris, ça fait du bien !

 

PS @ Kaminos : Felix le chien avec qui tu avais pris la photo va très bien !