Raizing n'est peut-être pas un développeur qui vous est familier. Et pour cause, sa courte existence, ses réalisations souvent cantonnées au marché de l'Arcade ou au territoire nippon, et le fait que leur identité soit le plus souvent assimilé à leur nom actuel, Eighting, en font un acteur en mal de visibilité dans le monde du jeu vidéo. Et pourtant, au cours de sa courte destinée, Raizing va nous proposer quelques uns des plus grands titres dans un genre ou ils excellent alors tout particulièrement: le Shoot them'up. En effet, entre 1993 et 2000, nous allons voir débarquer quelques trop rares titres, mais ô combien réussis, qui vont, à défaut de révolutionner le genre, proposer une patte technique et une atmosphère unique, portant Raizing vers de nouvelles altitudes. Tout ceci n'est pas le simple fruit du hasard: La qualité des productions issues de ce développeur sont sans aucun doutes la somme des talents qui composent ses équipes, parmi lesquelles on retrouve de nombreux transfuges d'autres sociétés phares du Shoot them'up, telles que Toaplan et Compile, qui elles sont bien connues des amateurs. On peut même considérer que les productions de Raizing sont une évolution logique et naturelle de ce que propose le genre au tournant du millénaire, dans la continuité de ce que ces deux studios de légende on pu offrir quelques années plus tôt. Le talent est toujours présent, et ce même si le patronyme à été modifié! 

Pas avare de son talent, Raizing va également connaitre le succès au travers de quelques titres qui sortent de son style favori, et proposer par exemple avec Bloody Roar une déclinaison intéressante du Beat Them'up. Une manière supplémentaire de faire parler leur classe et élargir leurs horizons. Cette ouverture leur permettra par la suite de se diversifier, et sous le nom d'Eighting, de poursuivre leur aventure sur consoles pendant de nombreuses années. Mais le sujet du jour concerne aujourd'hui bien Raizing, et plus particulièrement sa prestation de virtuose sur ces quelques années, ou ils ont fermement décidé de proposer au joueur le Shoot Them'up parfait! Y-sont-ils parvenus? S'en sont-ils même rapprochés? C'est ce que nous allons voir sans plus tarder, à travers une présentation des 5 plus grands Shoot them'up proposés par Raizing dans les années 1990.  

 

Numéro 5: Battle Garegga sur Arcade et Saturn

On débute ce classement par un des rares titres de Raizing qui a connu les joies d'un portage sur console. A la sortie de Battle Garegga en Arcade, début 1996, va se succéder un portage quasi-parfait sur la Sega Saturn seulement quelque jours plus tard. Et ce pour la plus grande joie des amateurs du genre, il est désormais possible de trouver une version du jeu, certes onéreuse, sur console. Car Battle Garegga a acquis au fil des années un status de Shoot them'up culte, qui en fait de lui un incontournable de la ludothèque sur la 32 bit de Sega. Mérite-il tant d'égards? Sans doutes, puisqu'il s'agit, après quelques essais en demi-teinte ou expérimentaux, du premier Shoot them'up qui dégage une identité forte à sortir des murs de Raizing. La profusion d'éléments métalliques prêts à exploser dans tous les sens, donnant au titre un aspect steampunk fort appréciable, le place un peu à part dans la horde de jeux aux thèmes souvent plus convenus. La réalisation est également plusieurs crans au-dessus des précédentes productions du studio, dont on voit tous les progrès réalisés depuis la sortie d'un Kingdom Grand Prix mis sur le marché dix-huit mois auparavant. Alors pourquoi une simple cinquième place pour ce titre superbe? He bien parce qu'il se trouve que Raizing a fait bien mieux lors de ses essais suivants. Battle Garegga sous ses atours très alléchants, possède en effet quelques défauts de lisibilité, notamment, qui l'empêchent de viser plus haut. Rien de rédhibitoire, entendons nous bien, et pas de quoi lui contester le status de jeu culte, mais un simple petit quelque chose qui a mes yeux l'empêche d'atteindre la perfection faite Shoot them'up. Vous comprendez par là que tout les autres aspects du titre sont sublimes, de la musique au rythme des affrontements en passant par la jouabilité, et vous serez sans nul doute vous également pris aux tripes en essayant ce diable de Battle Garegga

 

Numéro 4: Dimahoo sur Arcade

Plongeons maintenant dans le monde étrange d'un titre au nom tout aussi étrange: Dimahoo. Voici un Shoot them'up qui peut paraitre minimaliste au premier abord, mais qui possède en réalité un sens du rythme et un souci du détail très prononcé. Le titre porte en son coeur une mécanique redoutable qui s'inscrit à merveille dans son univers médiéval fantastique, toutefois mêlé de steampunk, thème incontournable pour Raizing. On croise au sein de ce curieux mélange, mages et dragons à la pelle, tout cela au milieu des tanks et des vaisseaux de guerre gigantesques. On peut certainement regretter les décors un peu vides, mais cela est très vite oublié dans le feu de l'action, ou l'on s'acharne à collecter les bonus de magie et de puissance qui vont nous permettre de bénéficier de l'aide de petits mages qui font office de sattelites à votre vaisseau principal, et accompagnent l'un de nos quatre héros afin de mieux survivre sous le déluge de tirs ennemis. La difficulté est correctement équilibrée malgré tout, et le titre offre une belle durée de vie, avec la possibilité de varier les approches de gameplay, les quatres protagonistes possédant des patterns de tirs et attaques spéciales assez différentes. Dimahoo propose par ailleurs quelques originalités bienvenues, telle que celle qui lui donne un petit air d'Ikaruga, puisque ici aussi, en alternant entre deux couleurs, ici le bleu et le rouge, ou est plus ou moins efficace face aux ennemis qui vous agressent et qui seront également vêtus de rouge ou de bleu, voire, un peu plus retors, de compostants bleus et rouge à la fois. Au final, nous avons à faire à un Shoot them'up plein de bonnes petites idées, digne d'un développeur en pleine maitrise de son sujet. On sent qu'en 2000, Raizing propose avec Dimahoo un jeu somme de toutes ses expérience sur la décennie en matière de Shoot them'up. Ne boudons donc pas notre plaisir!

 

 

Numéro 3: Soukyu Gurentai - Terra Driver sur PS1, Saturn et Arcade

Nous sommes à présent en présence d'un soft qui rapelle pour les amateurs de Shoot them'up sur PS1, les plus belles heures passées sur Raystorm et Raycrisis, deux références du genre sur la machine de Sony. Mais, celui dont nous allons parler maintenant, leur est en tout point supérieur! Plus beau et plus fluide que ses cousins, Soukyu Gurentai est doté d'une musique magistrale et épique, signée Hitoshi Sakimoto, qui vous place d'emblée au coeur d'une action endiablée. Nous sommes bien face à l'un des premiers grands maniac shooters de l'Histoire. Le titre demeure malheureusement trop méconnu, malgré un portage sur Saturn et PS1 qui lui a assuré un minimum de visibilité, portage resté cantonné à mon grand regret au Japon. Le jeu prends place en 2051, c'est à dire demain, dans une ambiance space opéra de haute volée, et vous offre la possibilité d'incarner trois personnages et vaisseaux différents, qui permettent de varier un peu les styles de jeu. En plus de votre tir classique que peut être renforcé par le biais d'options à ramasser sur vos ennemis, votre vaisseau est équipé d'un tir chargé, qui va dans un premier temps cibler les ennemis présents dans son rayon d'action avant de larguer sur eux un déluge de tirs surpuissants. La gestion en alternance de ces deux tirs est au coeur du gameplay, et oblige le joueur à faire des choix stratégiques rapides mais importants afin de garantir sa survie. Pour ne rien gâcher, la représentation en jeu du rayon d'action de votre tir chargé est assez original, et fera couler une larme de nostalgie à tous les amateurs de Vectrex, tout en vous permettant de cibler des ennemis qui sont encore en arrière plan, et qui ne sont donc pas encore succeptibles d'être à portée de vos tirs classiques. Justement les arrière-plans, évoquons les! Puisqu'en plus de servir l'action, ils sont en règle générale superbes et participent grandement à l'immersion du titre.  Soukyu Gurentai propose également une super attaque sous forme de bombe, plus classique mais toujours efficace. Enfin un mode deux joueurs, incontournable pour le genre, vient compléter une copie en tout points exemplaire. Un titre phare sur Arcade, PS1 et Saturn, malgré sa reconnaissance limitée, et qui place définitivement Raizing sur le devant de la scène du Shoot them'up de qualité!  

 

Numéro 2: Battle Bakraid sur Arcade

Un jeu qui constitue la suite spirituelle de Battle Garegga, et qui présente une esthétique très proche de son ainé, le tout en plus raffiné, plus lisible et plus fluide. Battle Bakraid offre la possibilité de choisir entre 9 vaisseaux qui, entre les tirs à tête chercheuse, les lance-flammes ou autres lasers offrent une variété de gameplay énorme. Le tout agrémenté de  bonnes idées telle que celle d'intégrer jusqu'à 6 modules de tir qui accompagnent le héros de votre choix, et que l'on peut orienter à l'envie afin de cibler les ennemis les plus retors, ou encore de permettre de charger son tir de base pour plus de puissance, dès lors que l'on laisse les canons au repos quelques dixième de secondes. Cerise sur le gâteau, en lieu et place des 3 habituelles vies offertes par continu, l'option team edit, permet, pour chacune des trois vies offertes, de choisir le vaisseau unique de vos rêves. Une manière de plus de proposer des variations de gameplay encore plus fréquentes. Le principe de la super bombe issu de Battle Garegga est lui également conservé, une bombe qui augmente de puissance à fur et à mesure que l'on accumule, en les ramassant à l'écran, les options correspondantes laissées par les ennemis. Les niveaux fourmillent de détails, et de petites animations qui montrent l'armée qui vous affronte se déliter littéralement sous vos tirs. Les boss sont splendides, souvent en plusieurs parties et se vivent comme des pics d'adrénaline qui ponctuent des niveaux sans temps morts. Cette ambiance steampunk qui lui va à ravir, sent peut-être un peu le réchauffé à la sortie du jeu en 1999, mais l'exécution est tellement parfaite, que l'on pardonne très facilement à Raizing de pauffiner encore et encore sa formule, toute proche ici de la perfection. Une expérience courte, intense, particulièrement jouissive, et techniquement irréprochable: bref un parfait jeu d'Arcade que tout amateur de Shoot them'up se doit absolument s'essayer une fois dans sa vie, et tout naturellement une seconde place amplement méritée ici-même!

 

Numéro 1: Armed Police Batrider sur Arcade

Tout en haut du classement du jour, on trouve un titre un peu moins porté sur le space opéra et un peu plus orienté vers la guérilla urbaine: Armed Police Batrider aborde un thème qui lui va à ravir. Voilà un jeu au contenu pléthorique, parsemé de nombreux secrets tout au long des 7 stages qui le composent. Selon l'équipe de personnages que l'on choisit parmi les 3 disponibles, que l'on se place du côté des forces de la police, ou de forces moins conventionnelles, nous allons voir notre expérience de jeu radicalement changer. Ces différentes équipes vous permettront de rencontrer certains boss cachés par exemple.  Chaque équipe est de plus composée de 3 membres aux compétences bien distinctes. Une varité de dingue dans le scénario et les situations, avec encore plus incroyable, la possibilité de choisir en mode de jeu libre, non pas parmi 9, mais parmi 18 vaisseaux, l'autre moitié du roster étant issus des différents jeux du développeur. Une variété jamais vue de mémoire, dans un Shoot them'up. Complétons le tableau par une réalisation absolument sublime dans la lignée de ce qui se fait sur Battle Bakraid, avec ce feeling toujours aussi oppressant, aussi organique à l'écran, ou chaque tir fait se déliter un nombre impressionnant d'ennemis à l'écran, dans un souci du détail incroyable. Chaque décor, souvent escamotable complète une réalisation graphique époustouflante. Au coeur des mécaniques de jeu,  on retrouve un système d'option et de power-up bien rôdé, avec les tirs chargés et les bombes, spécifiques à chaque membre de chaque équipe, et toujours ces petits modules pour vous accompanger dans votre mission. Des boss complètement over the top à l'image de cet enchainement de robots géants que l'on croisera à la fin de son périple sur le niveau de l'autoroute sont aussi au rendez-vous. Enfin, la musique signée à nouveau Hitoshi Sakimoto nous plonge plus que jamais au coeur d'une action débridée. En sommes, nous faisons face à un grand, un énorme Shoot them'up, qui vous prends au tripes et qui canarde dans tous les sens, sans aucun temps mort, avec une jouabilitié parfaite et une direction artistique unique, pour ce qui constitue peut-être le meilleur Shoot them'up de cette génération sur bornes d'Arcade.

 

L'effort de Raizing pour sortir du lot au milieu des années 1990 force le respect. En plein rebond d'un secteur, et sur un genre de jeu qui voit de nombreuses idées qui ont déjà été plus que largement été exploitées, se démarquer est un exploit en soi. Proposer en plus d'une originalité certaine, une patte qui lui est propre et une réalisation toujours impeccable finit de faire de Raizing une référence absolue du Shoot them'up. Le talent ne s'est évidemment pas arrêté aux seuls cinq titres cités ci-dessus, et les spécialistes du Shoot them'up vont faire parler d'eux dès leur premier essai, à travers le très appréciable Sorcer Striker, l'ainé de Dimahoo qui se place également dans un univers médiéval-fantastique et possède déjà nombre de ses qualités. Sa suite directe sortie en 1994, Kingdom Grand Prix propose peut-être l'approche la plus étrange qu'il soit pour un Shoot them'up, y intégrant une composante de jeu de course. Un ovni que je relance parfois sur Saturn avec toujours autant de plaisir. Enfin il est intéressant de noter le rapprochement de Raizing avec Capcom au tournant du millénaire, qui les verra réaliser 1944: The Loop Master, un titre qui vient s'inscrire avec brio dans la série mythique de Shoot them'up axé sur la seconde guerre mondiale. 

Raizing en changeant de nom pour devenir Eighting au début des années 2000, va progressivement se diversifier et s'éloigner quelque peu du Shoot them'up dont le second âge d'or s'éloigne. Cela ne les empêchera pas de connaitre quelques succès intéressants sur des titres et des genres divers et variés, faisant du studio une référence dans des domaines tels que le jeu de combat voire même les titres open world, en soutien de studios prestigieux ayant besoin de renfort. Ainsi Eighting, en plus de continuer à développer sa série Bloody Roar, va travailler de concert avec les plus grands, tels que Capcom et Konami, et se retrouver impliqué dans des softs tels que la série de titres de combats issus des licences Naruto: Clash of Ninja, ou encore Bleach: Heat the Soul. Ils seront également à l'origine du rigolo Kuru Kuru Kururin qui a fait le bonheur des premiers possesseurs de GameBoy Advance. Ils auront surtout laissé parler leur savoir faire au sein de séries de prestige telles que Castlevania, avec Castlevania Judgment sur Wii, Dragon Quest avec Dragon Quest Swords, Monster Hunter, sur Wii U cette fois avec Monster Hunter 3 Ultimate, ou encore Marvel vs. Capcom, avec Marvel vs. Capcom 3. Le développeur se retrouve au final, avec un sacré CV aujourd'hui!

Ce fameux CV, qu'en pensez-vous? Un titre vous à particulièrement marqué? Vous avez forcément un jour essayé un Shoot them'up de Raizing, non? Quel souvenir cela vous a-t-il laissé? A vos commentaires!

Et à très vite pour un prochain Top 5, sous le signe...du Run and Gun cette fois!