Regardons aujourd'hui le jeu vidéo par un autre prisme. On dit parfois que ce média est un art, certes encore balbutiant, et qui possède ses références et ses propres règles, déjà bien inscrites dans la culture populaire, ou certains jeux, font office d'exemples à suivre. Bien sûr, derrière les impératifs commerciaux liés à la vente de jeux, qui sont au final un produit de consommation courante, difficile de laisser de la place pour que les artistes s'expriment pleinement. Charge aux directeurs d'arriver à intégrer une composante artistique forte, et motiver ces artistes à rejoindre la cause, afin d'apporter à leurs productions, un petit quelque chose en plus, une touche d'originalité, qui va au final, faire toute la différence. L'artiste dont nous allons parler aujourd'hui, a indéniablement compris l'univers dans lequel il gravite, il cela ne lui pose aucun problème, bien au contraire de toucher de près ou de loin au jeu vidéo. Artiste à part entière certes, avec une longue carrière fort prolifique, nous étonne toujours avec son talent insolent, mais surtout, avec sa capacité d'adaptation aux impératifs du média.
C'est sans doutes grâce à cette vérsatilité naturelle, que Yoshitaka Amano, le dessinateur et peintre qui se cache derrière la majorité des personnages créés pour la saga au renom planétaire Final Fantasy, est unique en son genre. Pour cela, il a été à bonne école dans ses jeunes années, ou il a, dès le départ, lié son art et son imagination fertile, aux besoins de production drastiques de la Tatsunoko, studio phare de la Japanime depuis les années 60, porté au firmament dans les années 70, notamment par la grâce du coup de crayon de notre artiste du jour. Yoshitaka Amano, y a appris la rigueur, malgré son envie incessante de se livrer à sa passion, le dessin, sans aucune contrainte. Son mentor, Tatsuo Yoshida, arrivant habilement à canaliser son énergie, tout en lui laissant la place au sein du studio, d'exprimer la plénitude de son talent. Une belle leçon de savoir-faire et de management, qui permet à un Amano encore jeune de se lancer à son propre compte dans les années 80, et de connaître ses premiers succès personnels, et les premiers signes sérieux de reconnaissance, notamment par l'intermédiaire de son magnifique travail sur Vampire Hunter D. Avant de faire la rencontre d'un certain Hironobu Sakaguchi, qui va le mettre sur la piste d'une notoriété internationale accrue par le biais d'un projet aux contours incertains, mais très ambitieux. Dragon Quest à Akira Toriyama, Final Fantasy aura son artiste de renom. Va s'en suivre une carrière prolifique elle aussi au sein du média, dans un secteur en pleine expension, qu'il a pourtant réussi à appréhender rapidement. Découvrons ensemble ses 5 plus belles réussites, là au le trait de crayon de Yoshitaka Amano a eu la plus belle influence, et ou il a pu installer son univers, et créer ses plus belles oeuvres au coeur d'un projet, lié à quelques jeux vidéos triés sur le volet!
Numéro 5 : Child of Light sur PS3 , XB360, PSVita, Switch...
Débutons notre classement du jour par un titre un peu à part dans la liste. A part, car l'implication de Yoshitaka Amano y est assez faible, ce dernier s'étant contenté de réaliser quelques artworks, superbes au passage, pour accompagner la sortie du jeu. Mais à part surtout, par ce que l'influence de notre artiste est indéniable sur ce jeu de la branche canadienne du studio Ubisoft. Oui vous avez bien lu, Yoshitaka Amano est la principale source d'inspiration artistique d'un studio occidental, pour l'appuyer sur la création de son jeu. Cela en dit beaucoup sur l'influence d'un artiste à la reconnaissance désormais mondiale. Il faut dire qu'avec le succès de ses expositions outre-atlantique et son implication sans faille au sein de la saga Final Fantasy, sa côte de popularité est au plus haut, et quoi de plus naturel pour un studio de renom, que de s'appuyer sur un tel homme, aprsè tout. Child of Light le jeu, vous entraine dans un monde onirique à la réalisation bluffante, et l'on sent que beaucoup de soin à été apporté à la plastique du jeu, parfois au détriment du reste! Sans doutes pour témoigner du respect de travailler avec un tel artiste, et le besoin de se sentir par conséquent, à la hauteur de l'évènement, les développeurs semblent par moments se perdre dans des considérations esthétiques certes splendides, mais au détriment du gameplay et des mécaniques de jeu. Il n'en demeure pas moins que Child of Light reste un titre plaisant, qui se termine sans mal, en l'espace d'une après-midi, et se vit comme une petite parenthèse remplie de couleurs, de personnages et de décors à couper le souffle. Celui qui aura à coeur de suivre au plus près l'oeuvre d'Amano, se rabattra avec bonheur sur l'édition collector du jeu, qui intègre, fort à propos, un magnifique artwork mettant en image l'héroine du jeu, réalisé par les soins du maître, pour ce qui constitue, et de loin, le plus bel objet de ce coffret.
Numéro 4: Legend of Kartia: The World of Fate sur PS1
Plus évidente, cette première référence Japonaise au sein de ce top intervient en 1998, alors que Yoshitaka Amano est déjà un artiste largement reconnu sur l'archipel pour son travail dans le jeu vidéo. Atlus, le développeur, qui réunit pour l'occasion une équipe de talent, a pourtant le nez creux quand il engage un duo composé d'Amano et de Shigenori Soejima, le futur créateur des personnages de la série Persona, afin de donner une personnalité unique à ce tactical-RPG sur PS1. En charge de la création des personnages, un rôle qu'il affectionne tout particulièrement, mais qui lui a quelque peu auparavant été retiré par Squaresoft à l'occasion du passage sur PS1 de la saga Final Fantasy, Yoshitaka Amano a une nouvelle fois l'occasion de faire parler son talent, et l'on reconnait immédiatement son style si particulier à l'écran. Les visages éthérés, et silouhettes longilignes de nos héros sont d'indéniables signes des superbes coups de crayon du maître, et le moindre portrait qui apparait dès lors qu'un dialogue s'installe en jeu, est un véritable régal pour les yeux. Le jeu, lui, est plutôt réussi, même s'il ne fait pas tout à fait honneur à ces magnifiques personnages. Les graphismes sont tout de même assez simplistes et étranges, l'utilisation des couleurs n'étant pas toujours judicieuse. Un réél effort a été fait sur la musique, qui ferait presque jeu égal avec les ténors de la période. Malheureusement, même si le scénario est bon, les batailles, elles, trainent un peu en longueur, et une certaine monotonie s'installe vite, nous forcant à répéter encore et encore les même attaques et stratégies pour venir à bout de tous nos adversaires. Au milieu de tout cela, il reste Toxa, Duran ou Alana, des êtres magnifiques qui prennent vie sous les coups de crayon de Yoshitaka Amano, et qui possèdent une aura et une ressemblance troublante avec nos chers héros issus des Final Fantasy période 8 et 16 bit, mais qui ici, sur PS1, prennent encore une toute autre ampleur. Impossible d'écarter The Legend of Kartia de ce classement de fait!
Numéro 3: Front Mission sur Super Famicom
C'est un autre tactical RPG qui nous attends, alors que l'on atteint le podium de ce top, et il est cette fois-ci l'oeuvre de Squaresoft, un développeur avec lequel Yoshitaka Amano, à immanquablement, une relation privilégiée depuis le création et le succès de Final Fantasy. Nous gratifiant ici d'une gallerie de personnages mémorables, l'artiste déploie toute la palette de son talent pour mieux nous plonger au coeur cette histoire aux accents futuristes, en compagnie de Llyod Clive et de sa bande. Le titre est un Tactical-RPG efficace, dont j'évoquais les qualités, pas plus tard que la semaine dernière à l'occasion de la publication du Top 5 des plus grands Tactical RPG sur Super Nintendo. Dire que Front Mission a le vent en poupe sur ce blog serait un euphémisme. Les plus attentifs d'entre vous, auront même remarqué le superbe artwork qui figure en bas de page du même billet, crayonné par Yoshitaka Amano à l'occasion de la sortie du jeu. Un jeu captivant, au scénario bien ficelé, aux batailles haletantes, et ou votre survie dépends de votre capacité à prendre soin de vos chers mechas, monstres de tole et d'acier, qui vous transforment en véritables machines de guerre. Au milieu de cette brutalité ambiante, le casting proposé par Amano pourrait détonner, mais il n'en est rien, bien au contraire, il s'intègre parfaitement à l'univers du jeu, et lui offre une personnalité assez unique. Les tergiversations de nos héros sont mises en image comme rarement sur un titre 16 bit, et chaque portrait, même porté avec les limites de la machine à l'écran, est un ravissement. Enfin, et pour finir en apothéose, avez-vous jeté un oeil à la jaquette de Front Mission ? Ce magnifique artwork qui orne la boîte du jeu Super Famicom, vaut à lui tout seuls largement le détour, et j'irais même jusqu'à oser dire, l'achat du jeu ! Nous sommes ici en présence à mes yeux de l'une, si ce n'est, la plus belle boîte de jeu sorti sur Super Famicom.
Numéro 2: El Dorado Gate sur Dreamcast
Au tournant du millénaire, Capcom cherche à bousculer les codes du J-RPG traditionnel, et va avec El Dorado Gate proposer un jeu qui va déployer son histoire par épisodes, chacun de ces épisodes, sortant à deux mois d'intervalle, afin de donner le temps aux joueurs de terminer le précédent. Ce sont ainsi 7 épisodes qui verront le jour sur une période d'un an, afin d'alimenter puis d'apporter une conclusion à ce projet risqué et peu commun. Afin de ne pas trop perdre le joueur, Capcom, pas complètement fou, décide de confier la direction artistique du jeu à Yoshitaka Amano, pour que le joueur, familier de J-RPG et donc de Final Fantasy, se sente en territoire connu au premier coup d'oeil. Le studio octroie pour l'occasion une grande latitude à Amano, et lui permet de proposer non seulement un design pour les personnages principaux, mais également pour tout le reste de l'univers vivant d'El Dorado Gate. Chaque personnage secondaire, chaque monstre est ainsi dessiné par le maître, et grande première pour lui, grâce à la puissance de la Dramcast, ses dessins sont directement implémentés dans le jeu pour un rendu absolument bluffant de qualité. Chaque combat contre le moindre monstre prends ainsi une toute autre tournure, et transforme le jeu en véritable oeuvre d'art vivante. Un bonheur visuel de tous les instants, qui nous permet de ne pas nous lasser de ces combats par ailleurs un brin trop classiques. Capcom a eu une brillante idée de permettre à Yoshitaka Amano d'exprimer toute l'étendue de son talent sur un jeu et sur une plateforme qui a enfin les moyens de rendre justice à son style si particulier. Malheureusement ce concept de jeu par épisode, servi par un scénario moyen et un rythme un peu monotone, font d'El Dorado Gate un titre un peu trop commun, qui n'aura, comble de malheur, pas le droit à un portage en occident. Comme pour Front Mission, on se consolera avec ces magnifiques artworks qui orent la couverture au format CD de chacun des 7 épisodes sortis, tous réunis dans un magnifique coffret que les amateurs de l'artiste se sont tout naturellement, arrachés.
Numéro 1: Final Fantasy 6 sur Super Nintendo
Impossible d'échapper à l'inéluctable, vous vous en doutez, depuis la première ligne de ce billet, puisque la saga a été cité en filligramme tout au long de l'article, et qu'elle constitue la porte d'entrée, en forme de voie royale, de notre artiste vers l'univers du jeu vidéo. J'ai de fait le devoir de parler ici de Final Fantasy. Et par conséquent, de sélectionner aujourd'hui, un jeu de la saga parmi tous les épisodes auquel Yoshitaka Amano a participé, afin de l'intégrer à ce classement à la seule place qui lui revient de droit, la première. Et ce titre, cela sera, assez logiquement, Final Fantasy 6, le dernier épisode de la série ou Amano a eu le loisir de créer de toute pièce les héros de l'aventure. Et pour un bouquet final, à l'image de celui lancé par Celes sur le balcon de l'opéra, quel final ! L'artiste, peut-être conscient que le jeu ne fait pas la part belle à un héros, et à quelques personnages qui vont se mettre dans sa roue, au sens traditionnel du J-RPG alors, mais bien à une équipe soudée, une véritable famille, qui va se lier dans la douleur et l'espoir, va se surpasser pour proposer un design absolument unique et incroyable pour chacun des membres de votre équipe. Terra, Sabin, Locke, Cyan, Gau, Celes, Strago, Relm, Edgar, sont autant de portraits délicieux, portés sur une Super Nintendo dont Squaresfot maîtrise alors tous les contours. Mais limites de la machine oblige, pour se rendre compte de l'étendue du travail et du talent de Yoshitaka Amano sur Final Fantasy 6, le meilleur moyen consiste peut-être encore à...parcourir la notice du jeu! Parsemée d'artworks de nos personnages fétiches, ce mode d'emploi constitue, à lui seul, un véritable petit livret d'art à feuilleter sans modération. Une fois de plus, la jaquette n'est pas en reste, et si le mignon petit Mog de la version Américaine sied assez bien au jeu, il faut se tourner vers sa version japonaise et son magnifique artwork représentant Terra trônant au-dessus d'une armure magitek pour une nouvelle fois en prendre plein les yeux! Je ne m'étendrais pas d'avantage sur le travail de Yoshitaka Amano pour la saga Final Fantasy, mais son oeuvre, sur chaque épisode de la série, fait preuve d'une qualité contante et remarquable, que tout amateur de l'artiste se soit de découvrir.
Nous voici arrivé au bout de ce billet consacré à ce magnifique artiste, qui, depuis près d'un demi-siècle, nous ravit avec son style si caractéristique, détonant et rafraichissant. Un artiste doté aujourd'hui d'une grande expérience, et capable de s'adapter à des médias aussi divers que le jeu vidéo, l'Anime, les couvertures de livres, ou d'affiche de films, qu'il a réalisées à maintes reprises avec talent. Yoshitaka Amano continue à surprendre dès lors qu'il expose, désormais aux quatre coins de la planète, fort d'une reconnaissance internationale bien méritée. La France aussi sait lui rendre hommage, et l'accueille souvent à l'occasion d'expositions dédiées, mais aussi pour partir à la rencontre des fans de Final Fantasy, qui savent pertinement ce que lui doit cette si populaire série de RPG. A ce titre, les éditions Pix N' Love ont publié en 2015, sous la plume de Florent Gorges, une magnifique biographie de notre homme, remplie évidemment de ses plus belles illustrations, et qui retrace sa vie et son parcours avec le souci du détail et le brio qui caractérise l'auteur. Je ne saurais que vous recommander chaudement ce livre magnifique, ce maigre billet ne servant que d'introduction sommaire au sujet !
Avant de conclure, citons comme d'habitude sur ce blog, les quelques réalisations qui ne figurent pas dans le classement, mais qui méritent tout de même que l'on s'y attrade. Les productions suivantes n'ont pas eu le même impact auprès des joueurs, et elles constituent des productions plus confidentielles, tout du moins, de mon point de vue d'occidental. Mais, le travail de Yoshitaka Amano n'en est pas moins remarquable, comme toujours... A commencer, par cet obscure série de tactical RPG sorti sur les PC nippon des années 80, First Queen, ou le maître nous gratifie d'une boîte, une nouvelle fois, d'une grande beauté. Régalez vous également à la découverte des artworks de Lord of Vermillion, véritable pot pourri qui réunit bon nombre d'artistes de renom issus du giron de Squaresoft, y compris Amano himself, à l'occasion de la sortie d'un jeu de...cartes sur bornes d'Arcade, entièrement en japonais. Oui, un titre réservé aux plus acharnés d'entre nous malheureusement. Notre cher artiste, a évidemment, également participé à quelques spin-off de la série Final Fantasy, en dessinant par exemple les somptueux logos de Dissidia. Il a par ailleurs suivi son ami de longue date Hironobu Sakaguchi dans l'aventure Terra Battle, ce RPG pour smartphone développé par Mistwalker, sorti en grande pompe au Japon, et qui a fait couler beaucoup d'encre à sa sortie. Enfin, citons sa particiaption sur le sympathique Fairy Fencer F, qui le verra s'associer une nouvelle fois à un artiste de renom, Nobuo Uematsu, pour un RPG signé Compile Hearts, resté largement confidentiel chez nous malheureusement.
Merci à vous d'avoir lu ce billet un peu particulier jusqu'au bout, et n'hésitez pas comme vous le savez si bien, à commenter sur la carrière de cet artiste hors normes ici. Donnez votre avis sur ses plus belles oeuvres, affichez les sur le fil de commentaires, pour que nous puissons nous régaler ensemble, et les contempler!
Et à très vite pour un nouveau Top 5, qui nous entrainera au coeur du Royaume Merveilleux de...