EDIT 17/05 02h00 : correction de fôtes d'aurtograffes, rajout de précisions sur Brawn et de liens

 

McLaren - Honda. Que dire de plus ? Pendant cinq ans (1988-1992), cette association écurie-motoriste a permis à Ayrton Senna et Alain Prost de se battre à armes égales et de marquer l'histoire de la formule 1 de l'un de ses plus beau combat. Quel bonheur de lire l'annonce du retour de cette association en 2015. Oui oui, Honda sera de nouveau le motoriste de McLaren, perso j'en ai des frissons. On peut se montrer sceptique quand on voit le résultat du retour de Williams-Renault, autre duo mythique, qui n'a franchement rien donné. Cependant, contrairement à Williams, McLaren reste une équipe de pointe à qui il manque un petit quelque chose pour gagner, serait-ce ce moteur ? En attendant la réponse, je vous propose un petit flashback sur l'histoire de Honda en F1.

Les débuts, les années 60

Dans les années 60, Honda est un constructeur de renommée... de moto. Le fondateur de la marque, Soichiro Honda, désireux de se lancer dans l'automobile décide de se servir de la formule 1 pour se forger une réputation. Honda choisit de devenir motoriste et s'allie avec l'écurie Lotus gérée par Coline Chapman. Malheureusement pour le constructeur nippon, Lotus coupe les ponts au dernier moment et Honda se retrouve avec un moteur sur les bras à quelques semaines du début de la saison 1964. Ils décident de construire leur propre châssis et engagent le pilote américain Ronnie Bucknum pour piloter la voiture alors qu'il n'avait jamais piloté de monoplace. Sur trois courses disputées, aucun point ne sera marqué.


 La RA271 - La première Honda

La saison suivante, le constructeur décide d'engager un second pilote nettement plus efficace, l'américain Richie Ginther qui parviendra à offrir une première victoire à l'équipe lors du dernier Grand Prix de la saison au Mexique.

La nouvelle réglementation de la saison 1966 ne jouera pas en la faveur de l'écurie puisque le duo de pilote ne rapportera que trois petits points en trois courses disputées.

Grand coup de balai pour la saison 1967. L'équipe persuade le seul homme à avoir gagné des Championnats mondiaux sur deux roues et quatre roues de rejoindre l'équipe à la place des deux pilotes américains. John Surtees avait vu ce que Honda pouvait faire dans le domaine des motos et pensait que ce ne serait qu'une question de temps avant qu'ils n'obtiennent un niveau de réussite semblable sur quatre roues. En plus de Surtees, l'équipe accepte de sous-traiter la préparation de sa voiture en Angleterre en la confiant à Éric Broadley fondateur de Lola.

Malheureusement, la voiture n'est toujours pas aux avant-postes, elle est même terriblement mauvaise à tel point que Surtees et Broadley lancent le développement d'un nouveau châssis en cours de saison. Au Grand Prix de Monza 1967 la toute nouvelle Honda RA300, subtilement surnommée Hondola, est prête. Tellement prête qu'elle remporta son premier Grand Prix a l'issue, il faut le dire, d'une course folle ou Surtees bénéficia entre autres de l'abandon de Jim Clark. Les deux derniers Grands Prix de cette saison ce solderont par un abandon sur casse d'alternateur et d'une respectable quatrième place.


L'accident mortel de Jo Schlesser

Le problème avec les Honda, c'est qu'elles sont très lourdes que ce soit le châssis ou le moteur V12. Il fallait résoudre ce problème pour la saison 1968. C'est donc tout naturellement que la conception de la voiture est confiée à Lola. Néanmoins, la voiture ne fut pas prête à temps et cette situation créa des tensions dans la communication anglo-japonaise. Honda était d'ailleurs également en retard pour la mise au point du moteur V12. Le constructeur décida donc de créer une voiture entièrement construite par Honda, la RA302, avec un moteur V8 refroidi par air.

Les cinq premières courses sont donc disputées avec la voiture de la saison précédente agrémentée de quelques évolutions la RA301. La RA302 n'arriva qu'au Grand Prix de France. Surtees n'aimait pas la façon dont la voiture se comportait et refusa de la conduire. L'écurie engagea alors le pilote Français Jo Schlesser pour conduire la nouvelle voiture. Pendant la course, le français perdit le contrôle de sa voiture. La Honda quitta la route et s'embrasa dans un feu attisé par le magnésium composant sa voiture. Schlesser mourut dans l'incendie. Au même moment Surtees, dans la RA301, fut second dans la même course derrière la Ferrari de Jackie Ickx.

Trop c'est trop pour Soichiro Honda qui décida du retrait de la marque malgré de bonnes performances de Surtees tout au long de la saison.

Le retour en tant que motoriste, les incroyables années 80

Au début des années 1980 Honda revient en Formule 1 et cela uniquement comme fournisseur de moteurs et n'hésite pas à investir massivement.

La marque revient d'abord avec l'écurie Spirit en 1983. En réalité il s'agit là d'un moteur de Formule 2 aidé d'un turbo. Une manière de prendre la température. Stefan Johansson, le pilote de l'équipe ne parvient à se qualifier qu'à six reprises et n'inscrit aucun point au championnat.

Fin 1983, Honda, dont les ambitions en Formule 1 se font de plus en plus sentir, réalise que Spirit n'est clairement pas à la hauteur. Le constructeur contacte alors Williams, qui cherche un nouveau moteur et convie les deux écuries à un test comparatif à Donington : le vainqueur se verra attribuer le moteur pour 1984. Sans surprise, c'est Williams qui l'emporte avec plus de deux secondes d'avance. L'association durera cinq ans et permettra à Williams de remporter deux titres constructeurs en 1986 et 87, mais aussi de couronner à nouveau Nelson Piquet.


Prost et Senna sur leur McLaren Honda

En pleine gloire, Honda décide d'arrêter le partenariat avec Williams et décide de suivre Ayrton Senna chez McLaren pour la saison 1988. C'est une véritable boucherie puisque l'association McLaren-Honda va remporter tous les titres possibles entre 1988 et 1991 grâce aux deux champions légendaires qui se sont livrés à une véritable guerre, Ayrton Senna et Alain Prost. La où c'est très fort c'est que Honda gagne également avec des configurations moteur différentes d'une année sur l'autre : V6 turbo en 1988, V10 en 1989 et 1990, V12 en 1991.

Si on fait le calcul, 8 titres avec McLaren et 3 avec Williams soit 11 titres en 6 ans (86-91). Colossale.

En 1992, Honda, battue par Renault se retire une nouvelle fois de la formule 1 mais reste cependant caché dans l'ombre par l'intermédiaire de sa filiale Mugen qui continue de fournir des moteurs dans les années 90 avec notamment la 3ème place au championnat constructeur 1999 de l'écurie Jordan.

Et pourquoi pas refaire une écurie ? Les décevantes années 2000

En 1998 Honda lance un projet d'une monoplace maison pour courir dès la saison 2000 en s'associant avec Dallara comme ils l'avaient dans les années 60 avec Lola. Le projet s'arrête brusquement lorsque Harvey Postlethwaite, le directeur technique, décède lors d'une séance d'essai d'une crise cardiaque. Cependant il se murmure que le conseil d'administration d'Honda n'était pas très enthousiaste quant au retour de la marque en tant qu'équipe à part entière en raison des coûts élevés préférant le rôle de motoriste.

En 2000, Honda va donc s'associer avec l'écurie montée par, entre autres, Jacques Villeneuve British American Racing et lui fait bénéficier des résultats du projet avorté fin 90 ce qui fera nettement progresser BAR. Il faut se souvenir qu'a ce moment, et jusqu'en 2002, Mugen continue fournir des moteurs parallèlement à Honda. La marque a, en quelque sorte, deux moteurs en concurrence. L'entente BAR-Honda durera cinq ans avec une très bonne saison 2004 qui malgré un compteur de victoire nul verra Jenson Button troisième au championnat pilote et l'écurie BAR seconde au championnat constructeur.

Malgré une saison 2005 très décevante le constructeur rachète BAR et pour la première fois depuis 38 ans aligne une voiture 100% Honda sur la grille en 2006. Le Honda Racing F1 Team est né. La même année Honda et Aguri Suzuki lancent Super Aguri F1. Cette seconde équipe entièrement nippone n'a été montée que pour donner un volant au pilote japonais très populaire Takuma Sato. Super Aguri très pauvre n'ira même pas au bout de sa troisième saison et ne marquera que 4 petits points.

Malgré des essais de pré saison très encourageant et un podium en Malaysie la première saison du team Honda est très décevant. Dès les premiers Grands Prix européens, la paire de pilotes Barrichello-Button est condamnée à faire de la figuration dans le peloton. Un peu comme Surtees en 1967, Jenson Button profitera de circonstances de course particulières pour remporter la victoire en Hongrie. La suite de la saison est bien meilleure avec des placements réguliers dans les points.


 La Honda écolo et une Super Aguri

Cependant, la saison 2007 ne sera pas la continuité de la fin de saison 2006 puisque même Super Aguri place régulièrement ses voitures devants les Honda officiels. La saison 2007 est un véritable calvaire pour Honda. On ne retiendra que la livrée écolo de la voiture cette année-là.

Pour 2008, gros changement on embauche le très expérimenté Ross Brawn, en grande partie responsable des titres de Michael Schumacher chez Ferrari, on garde les mêmes (bons) pilotes et on embauche Alexander Wurz en pilote d'essai. La voiture de 2008 sera encore pire que la précédente. Un petit podium obtenu sous la pluie par Barrichello sauvera les statistiques, mais la saison est un véritable fiasco. Le 5 décembre 2008 Honda annonce son retrait définitif du monde de la Formule 1.

Ah ! Peut-être qu'elle n'était pas si naze cette équipe... La saison 2009

Avant de partir, Honda a fait un petit cadeau à son ancien directeur technique Ross Brawn en lui vendant l'équipe à lui et à trois autres anciens membres : Nick Fry, Nigel Kerr, Caroline McGrory et John Marsden.

Pendant le développement de la voiture, un ingénieur du Brawn GP Formula One Team (et donc ex Honda) trouve une astuce dans le règlement et met au point le double diffuseur. Je ne vous retrace pas le parcours de l'écurie, après tout ce n'est plus vraiment Honda. Cependant il faut retenir que Brawn GP, propulsé par un moteur Mercedes, à un palmarès historique puisque que l'équipe a gagné son premier Grand Prix, mais aussi été championne du monde constructeur et pilote dès sa première (et unique) saison. L'écurie sera rachetée ensuite par ce qui est actuellement l'écurie Mercedes GP.

Pour en savoir plus sur Brawn GP : lien

 

Vous l'aurez compris, l'histoire de Honda en formule 1 est loin d'être un long fleuve tranquille. Pour être franc, je n'ai jamais été un grand fan de Honda même si j'appréciais énormément les écuries BAR et Jordan. En fait, c'est surtout pour la période McLaren-Honda que la marque est si profondément ancré dans l'histoire de la F1. Honda font des moteurs et les font bien, le reste ce n'est pas pour eux. J'ai hâte d'être en 2015 pour voir ce que la collaboration McLaren-Honda va nous donner.