En cette veille d'Halloween, je me fais un plaisir d'exhumer ce groupe du caveau où il pourissait, et de vous faire profiter de ce qui est aujourd'hui considéré comme un groupe culte. Mais pas de culte sataniste, ne vous attendez pas à un gros rock caverneux composé à la tronçonneuse, nous sommes ici en présence d'esthètes atypiques qui viennent concurrencer les Beatles, les Beach Boys et autres Kinks dans la catégorie fort limitée des pépites pop symphonique des années 60 !! (Les inscriptions sont closes, plus la peine de postuler.)

The Zombies donc, est un petit groupe qui se crée en 1961 à St Albans, près de Londres. Les membres en sont Chris White, Rod Argent, Colin Blunstone (qui poursuivront une carrière solo, s'aidant mutuellement après la dissolution du groupe), Paul Atkinson et Hugh Grundy. C'est d'ailleurs assez classe de voir Argent/White accolé à toutes les chansons, et il m'a fallu un peu de temps pour me rendre compte qu'il s'agissait en fait des auteurs ! Ils font à leurs débuts comme tous les groupes de cette époque (Animals, Beatles, Stones, Kinks...) des reprises de Rythm'n blues agrémentées de quelques morceaux originaux. Et sortent au passage en 1964 "She's Not There", que voici, et qui restera leur plus gros tube.

 

Ne me demandez pas le pourquoi du clip...

Mais ce morceau a comme bien souvent chez les Zombies une ambiance bien particulière !

 

Une ambiance un peu nostalgique dûe à l'utilisation d'un mode mineur (paraît-il, le solfège et moi ça fait trois !!) qu'affectionnaient particulièrement Rod Argent et Chris White, grands amateurs respectivement de musique classique et de jazz, influences très peu communes dans le rock moderne. Il faut dire que les Zombies étaient originaires de petites familles bourgeoises, et ne jouait donc pas du tout sur un aspect plus prolétarien cultivé par les Beatles ou les Who. Dans la même logique, les différents membres avaient une formation musicale traditionnelle quand ils entamèrent leur carrière, qui faisait d'eux des musiciens accomplis. (Pour beaucoup de groupes de cette époque, les premières années sont relativement faibles musicalement, et on voit l'évolution au fur et à mesure des albums). 

Ce qui explique également une richesse harmonique et surtout rythmique bien plus élaborée que leurs contemporains !!

 

Leave me be.

Un échec commercial, mais une chanson magnifique.

 

Malgré leur origine bourgeoise ce n'est pas pour autant un groupe de garçons particulièrement désireux de plaire particulièrement aux mères de famille, en témoigne leur nom de groupe (un peu macabre pour le début des années 60 tout de même !!) qu'ils ont choisis parce que "personne d'autre n'aurait osé s'appeler comme ça". Ils avaient juste envie de faire de la musique, s'entendait bien et voulaient créer ensemble. Un groupe tel qu'on rêve d'en avoir quoi.

Ils resteront toujours amis d'ailleurs, continuant à collaborer les uns avec les autres au grès de leurs carrières solo.

 
"Tell Her No". Leur deuxième grand tube américain après "She's not there".
Sincèrement, qu'on-t-il à envier aux Beatles sur un morceau comme celui-ci ?...
 
De manière assez curieuse, entre la parution en 1964 de "Tell Her No" sur l'album "Begin Here", et la sortie de l'album suivant en 1968, les Zombies ne parviendront pas malgré leurs efforts (participation à un film, nombreuses tournées...) à rencontrer vraiment le succès en Grande Bretagne, en dépit des (très) bons morceaux qu'ils continuent de sortir en 45 tours. En 1967 ils sont lachés par leur maison de disque (Decca) et financent eux-même la production d'un nouvel album aux mythiques studios d'Abbey Road. A court de sous ils manquent de ne pas réussir à le finaliser, mais Al Kooper (le fondateur de Blood Sweat and Tears) entousiasmé par la qualité des bandes, décide de leur venir en aide et parvient à trouver un financement aux Etats-Unis. L'album sort en 1968, deux semaines après la dissolution du groupe éreinté par des mois de galère, Colin Blunstone notamment ayant envie de revenir à une vie plus tranquille.
 
Care of Cell 44. Qui ouvre l'album.
A propos d'une lettre envoyée à une jeune femme qui va bientôt sortir de prison...
 
 
Cet album, intitulé "Odessey&Oracle" est aujourd'hui considéré comme un chef d'oeuvre absolu de pop anglaise, d'une constante richesse mélodique, plein d'inventivité. Le nom devait bien sûr être "Odyssey& Oracle" mais une lettre mal écrite provoqua cette erreur, que personne n'avait les moyens financiers de rattraper...
Le mélotron donne un charme particulier aux morceaux, accompagnant les nombreuses harmonies vocales, soulignant parfaitement la voix pure et vaporeuse de Colin Blunstone. Il apparait toujours aujourd'hui dans les classements de "meilleurs albums de tous les temps" (classements certes un peu idiots, vains et subjectifs, mais qui signifient tout de même un certain niveau de qualité, surtout quand on y est toujours présent).
Le single "Time of the Season" connaitra un succès satisfaisant, mais trop tard pour permettre la reformation du groupe, qui laisse en chant du cygne une oeuvre impérissable.
Une oeuvre qu'à titre personnel  j'ai dû le plus écouter plusieurs centaines de fois Et il est très rare que je me lasse aussi peu à l'écoute d'un album...
 
Time of the Season.
Qui cloture l'album. Les 12 morceaux qui le compose sont autant de chef d'oeuvres.
Que vous vous devez d'écouter.
 
 
L'ensemble des morceaux des Zombies mérite le détour, ainsi que les carrières respectives des membres qui composèrent le groupe. 
Je reviendrais dessus un jour...
 
To be continued...