Cette article ne se base que sur la première saison. Pour un aperçu plus large de la série et de sa suite, vous pouvez consulter les excellentes brèves d'Anfa' sur ce même blog.

AMC est probablement LA chaine cablée du moment. Entre Mad Men, Breaking Bad et même la meséstimée Rubicon, l'ancienne diffuseuse de vieux films est aujourd'hui un poids lourd du drama. Continuant sur sa lancée d'oeuvres ambitieuses et alléchantes, elle a décidé d'adapter le comics de Robert Kirkman que beaucoup considèrent comme un chef d'oeuvre du genre. Pour être honnête je n'ai lu que le tout premier tome de la saga et il est possible que cela ait affecté mon jugement d'une manière ou d'une autre. Car les fans ont tendance à dire que pour apprécier la série The Walking Dead, il ne faut pas connaitre les comics.

Le constat de départ est celui d'un Survival pur et dur. Après une épidémie dont on ne connait pas la cause, une grande partie de la population s'est transformée en zombies. Personne n'est à l'abris car le virus se transmet par le biais d'une simple morsure d'un infecté. Evidemment cet état de fait entraine une véritable paranoïa et une peur diffuse mais constante chez les rares survivants. L'histoire commence alors que le Sheriff Rick Grimes se réveille du coma après une blessure reçue dans l'exercice de ses fonctions. Il découvre alors ce monde apocalyptique avec surprise bien sûr et n'a dès lors plus qu'une idée en tête : Retrouver sa femme et son fils. Il se rend donc vers Atlanta supposée être le refuge des survivants et de l'armée.

Le pitch de départ pourtant d'un rare classicisme est malgré tout la force principale du show. Car ce monde dévasté, en proie à la peur et aux mutations va apporter un nombre impressionnant de réfléxions et de thématiques dans la série. Car Rick va bel et bien arriver à Atlanta et y découvrir un chaos encore plus immense que de là où il vient. Il va toutefois retrouver sa famille qui s'est intégrée à un groupe de survivants plus ou moins dirigé par Shane, coéquipier et meilleur ami de Rick qui s'est depuis recasé avec la femme de ce dernier. Le grand talent de la série est de ne pas céder à l'horreur pure et au sensationalisme. Elle est passionnante car au travers de ce petit groupe elle va imposer une réfléxion sur la société dans sa globalité.

La série démontre en effet que les Hommes ont la société qu'ils méritent. Car même en comité restreint, dans un monde où il ne sont plus que proies, les personnages vont peu à peu construire une simili-société dans laquelle on retrouvera toutes les caractéristiques de la nôtre. Il y'a la bataille des chefs et la lutte de pouvoir, le sexisme et les inégalités hommes-femmes, la peur de l'inconnu et de l'étranger, la notion de famille, de partage, de violence, d'anarchisme etc etc et encore ceatera. Le show de Frank Darabont brasse une quantité hallucinante de thèmes et va les analyser de manière quasi philosophique au travers de ses personnages et du monde dans lequel ils (sur)vivent. Le show n'est d'ailleurs jamais aussi bon que lorsqu'il impose un cadre restreint à son cast comme le haut de leur colline ou le complèxe scientifique en fin de première saison. Dès que les personnages sont en mouvement, l'horreur se fait alors plus présente et l'action revient au premier plan. A ce titre la série a trouver un équilibre parfait dans sa première saison, mélangeant parfaitement la peur, l'action et la réflexion.

En plus de son intelligence ravageuse, l'autre qualité de la création d'AMC est le sentiment de malaise qu'elle installe. The Walking Dead ne fait pas forcément très peur, même si les zombies sont très bien faits, mais arrive surtout à nous projetter dans ce monde et dans ce groupe pour nous en faire ressentir les peurs et l'angoisse constante. Ce sentiment est renforcé par le courage des scénaristes qui n'hésitent pas à tuer ou plutôt à infecter plusieurs personnages majeurs au cours de la saison. Il n'y a pas de timidité ni de demi-mesure, il semble bel et bien que tout le monde est en danger et ce, tout le temps. A de nombreuses reprises nous aurons la gorge nouée par la mort d'un personnage que l'on aimait et les cas de conscience que cela engendre dans le groupe. Car une morsure ne tue pas, elle infecte, il est alors de la responsabilité des vivants d'abréger les souffrances de leur ancien ami(e) ou plus en lui tirant une balle dans la tête, seul moyen de définitivement abattre un zombie.

L'émotion, l'Humain et la moral rejoignent donc l'équation déjà complèxe de la série. L'humain car les personnages sont de qualité et même à travers le nombre restreint de 6 épisodes, on arrive plus ou moins à s'attacher et à découvrir leur histoire, leur personnalité. Car la série est bavarde mais pour le meilleur. Il n'y a pas de remplissage et chaque mot a un sens et une charge dramatique rendue particulière et intense par le contexte. On peut certes pester sur le manque de charisme et le talent pas vraiment flagrant de Andrew Lincoln qui incarne Rick mais dans l'ensemble chaque personnalité représente une certaine partie de la population et ses caractéristiques. 

Il n'y a donc pas grand chose à reprocher à The Walking Dead qui se révèle être passionnante de son premier épisode très stylisé et étouffant au dernier, bourré de suspens et...étouffant. De la représentation de la société à travers un petit groupe, aux nombreux questionnements philosophiques et moraux, la série touche toujours juste. Parfaite série d'angoisse, parfait Survival, parfait drama profondément intelligent et touchant, on devient rapidement accro à la dure survie de ces êtres devenus si faibles et qui se rattache tant bien que mal à ce qui leur reste : leur humanité. Car une fois mordu, on devient un mort bien vivant.