58 Minutes pour Vivre (Die Hard 2, 1990)

Après le succès de Die Hard, Joel Silver (producteur du premier film) n'hésita guère longtemps pour mettre en chantier une suite au film qui a mis tout le monde d'accord. Pour s'atteler à la tâche, Renny Harlin fut choisi. Soyons direct, Le réalisateur de Le Cauchemar de Freddy est loin d'avoir le talent de son prédécesseur. Cantonné à lasérie B sans prétention, ses films les plus notable sont, dans le meilleur des cas, sympathiques (Peur Bleue, Au revoir à Jamais, Cliffhanger, et donc Die Hard 2), mais loin de marquer les esprits. Pour ce film Harlin n'a donc qu'un poste de faiseur qui doit reproduire la formule du premier épisode. L'introduction est éloquente. John McClane argue pour ne pas payer une contravention à l'entrée de l'aéroport de Washington. Il en profite pour exposer au spectateur sa situation depuis le premier film (il est réconciliée avec sa femme et est flic à L.A.), tout ça par le dialogue. On voit y ici le gouffre qui sépare les deux films. Renny Harlin n'a pas les épaules pour porter sa narration par la seule force des images. Il a besoin de longs dialogues pour être sur de ne pas perdre son audience dans les péripéties du film. Le vice va même jusqu'à paraphraser les codes du personnage principal de la série. La fameuse réplique «You're the wrong guy in the wrong place at the wrong time.» en est l'exemple typique. Pour le puriste que je suis du cinéma de la narration par l'image , qui fait de Die Hard un film si parfait, la pilule est dur à avaler.

Ces problèmes narratifs ne sont guère aidé par la fainéantise du script. 58 Minutes pour Vivre ne s'écarte jamais du manuel de la suite plus large, plus grande, plus forte. Encore une fois les répliques, calibrées pour les bandes annonces, ne prennent pas la peine de le cacher. «How can the same shit happen to the same guy twice?» La réponse est toute trouvée. Harlin se repose sur les acquis du premier film, et n'en reprend que le squelette. Le casting recycle les personnages secondaires de Piège de Cristal pour en réduire certains au simple caméo (Al Powell n'est plus qu'un mangeur de twinkies qui n'apparaîtra que pour un scène mineure). Les situations sont on ne peut plus similaires, seule l'échelle change. Mais là où le huit-clos du Nakatomi Plaza est parfaitement mis en place dans une structure cohérente, il n'en est rein du décor de Die Hard 2. Dans les documentaire du film, Renny Harlin confesse lui-même toutes les entorses faite à la topographie d'un vrai aéroport. Il n'y a par exemple aucun sous-sol sous les pistes, comme l'on peut le voir ici. Les lieux sont agencée au bon vouloir des scènes d'actions, soit le pure négatif de la méthode McTiernan. Pour le besoin du spectaculaire on installe des sièges éjectables à bord d'un avion de ligne. Pour de ne pas perdre de vue les personnages isolés, on met à disposition des téléphones aérien. Quand en plus, on met en place le gimmick comme quoi McClane serait un allergique de technologie, ces incohérences rendent le film daté, tant il aime rappeler que l'on ai dans les 90's.

Le film ne s'embarrasse donc pas qu'une quelconque cohésion narrative. Harlin avoue même(toujours dans les mêmes documentaires) que l'une des principales préoccupations pour la construction des scènes d'actions, était de systématiquement faire échapper l'arme de John de ses mains pour qu'il se débrouille ensuite pour en retrouver une autre. De l'actionner décérébré qui... fonctionne.

Malgrés tout ces points qui font que Die Hard 2 n'est que l'ombre sur son aînée. Le film est loin d'être déplaisant. Oui les méchants sont hautement caricaturaux, mais iconiques. Oui, le métrage n'a aucun sens, mais on apprécie l'action qui reste rondement mené. Si Renny Harlin souffre de la comparaison avec John McTiernan, on peut au moins lui reconnaître qui livre ici un divertissement honnête. La structure n'est plus aussi précise, mais le spectacle est bien là. Le plus important restant que le personnage de John McClane est respecté. En ne prenant pas de risque vis à vis du matériau d'origine, on retrouve bien ce qui nous avez plu dans le flic qui en prend plein la gueule.

 

Loin d'égaler la richesse formelle de Piège de cristal, Renny Harlin offre pourtant une suite qui ne déshonore pas son personnage principal. Retrouver John McLane dans des situations impossible (littéralement) est toujours un plaisir. Si l'action ne repose pas sur une structure solide, elle délivre des moments de bravoure qui reste spectaculaire. Die Hard 2 est une copie imparfaite de son modèle, mais qui n'a pas perdu l'âme de la série au passage.