Die Hard 4 : Retour en Enfer (Live Free or Die Hard, 2007)

12 ans séparentUne Journée en Enfer de Die Hard 4. Il est ainsi amené à s'interroger sur les raisons qui ont poussé à ramener la saga sur le devant de la scène. Simplement un appât du gain de la Fox en manque d'idée? Bien sûr, mais ça serai passer à coté d'un mal dont souffrent la plupart des films hollywoodiens actuels. Live Free or Die Hard est en fait un mauvais produit «geek». Len Wiseman est donc à charge de réaliser une nouvelle aventure de John McClane. Ce dernier ne cesse de répéter qu'il est un fan absolu de la série, qu'il a fait, tout jeune, un Die Hard dans son jardin. Un discours de passionné pour convaincre Bruce Willis de rempiler dans la peu de son personnage fétiche. Un discours pour assurer la Fox qu'il a bien les épaules pour rependre en mains la série. Seulement, comme beaucoup de sa génération, Wiseman n'est qu'un fanboy. Il récite ses références sans en saisir l'essence. On est donc face à une entreprise de démolition du mythe de John McClane, et tout ça dans l'enthousiasme. Car qui finalement n'a pas envie de «faire un Die Hard»?

Wiseman et son équipe sont convaincus qu'il faut remettre au goût du jour toute l'imagerie Die Hard. Dans un sens oui, ce qui a marché hier peut ne pas attirer le public d'aujourd'hui, qui a digéré depuis quelques temps la mode Matrix. Le postulat de départ est donc une bonne idée: faire affronter McClane, le dinosaure de la police New-yorkaise, face à une menace technologique qui le dépasse. L'envie est là, l'exécution survole l'essentiel. Pour imposer ce terrorisme virtuel, encore faudrait-t-il que l'on puisse croire à l'univers du hacking mis en place. Las, dès la scène d'introduction, l'on nous présente les pires clichés du monde informatique. Des écrans surchargés, pas crédibles pour un sou, dignes de Cybertr@que, de jeunes informaticiens collectionneur de figurines collector qui se sont tous donné le mot pour jouer à Gears of War. N'en jetez plus, on croule sous les stéréotypes. Le méchant du film ne viendra pas rattraper le tout, ni lui, ni ses ambitions. Déjà que le peu de charisme dégagé par Timothy Olyphant fait de la peine (il faut le voir, les larmes aux yeux quand il s'adresse à McClane), on peut difficilement prendre au sérieux un terroriste dont la menace est constamment désamorcé par un film terriblement pudique. Ce n'est pas quelques feux qui s'éteignent avec un carambolage minime qui amèneront un peu de tension. De ce point de vue, même le récent World War Z est plus convaincant dans ses scènes de panique urbaine. On ira même jusqu'à une pâle imitation d'attaque d'envergure, Il ne faudraittout de même pas froisser le spectateur PG-13 (chaque film précédant assumant son classement R). Là où Une Journée en Enferouvrait dans une explosion violente, Die Hard 4 fait figure d'enfant sage.

Déjà amoindri par ce manque flagrant d'audace, le film présente aussi une esthétique terriblement froide. La photographie au teintes peu chaleureuses rendent le tout terriblement ennuyeux à regarder. Ajoutons à cela un casting très propre sur lui (hors Bruce Willis, la moyenne d'age doit difficilementatteindre la quarantaine), et des décors dénués d'identité et qui n'arrivent pas à trahir, pour la plupart, leurs origines de studio. Malgré tout ce que Len Wiseman et son chef décorateur Patrick Tatopoulos peuvent bien dire, le panorama offert par Die Hard 4 sonne faux, loin de l'approche viscérales des précédents films (Die Hard 2 compris). L'héritage d'Underwolrd des deux collaborateursse fait bel et bien sentir (idem dans le remake de Total Recall qui suivra). Cet univers fade est illustré par la musique de Marco Beltrami qui singe les motifs de Michael Kamen (compositeur sur la trilogie originale), sans pouvoir en amener l'impact. Il est difficile de sublimer un matériau visuel aussi peu flamboyant, il n'est alors guère à blâmer.Si seulement il n'y avait que les apparats d'aseptisés, malheureusement c'était sans compter sur le renie total du personnage de John McClane.

Le mauvais gars, au mauvais endroit, au mauvais moment. La fameuse accroche qui caractérise au mieux le flic le plus malchanceux du monde. Une formule qui trouve sa force dans l'unité de lieu, pour montrer un McClane qui doit toujours faire face à des situations contre son gré. Un immeuble, un aéroport, même la vaste ville de New York respecte cet règle. Première entorse au personnage, Retour en Enfer n'a aucune cohésion géographique. John est trimbalé à travers les États Unis, mettant en relief un rythme bancal et le manque d'immersion des décors décrits plus haut. Si encore l'action était propice à faire ressortir la débrouillardise de John. Encore loupé, le film fait la monumentale erreur de transformer un type normal et vulnérable en super héros invincible. Quand il n'affronte pas des ennemis improbables (des arts martiaux et du Parkour, vraiment?), il fait des choix complètement aberrants qui jure avec le passif du personnage (Conduire une voiture dans un ascenseur!?!). Tout cela conjugué avec une personnalité de vieux réac', on obtiens un cocktail qui passe à côté de tout ce que l'on connaissait de John McClane jusqu'ici. Mais au final, qui connaît vraiment John McClane?

Dans un entretien de plus de 20 minutes entre Bruce Willis et Kevin Smith (présent en bonus des DVD/Blu-ray), les deux hommes se montrent fier du résultat de ce Die Hard 4. Une discussion tout en sobriété, sur un perron du studio de la Fox, où ils reviennent sur le parcours de Willis. Ce dernier affiche même, sans langue de bois, un rejet des deux films précédant (oui, Die Hard With a Vengeance inclus), et affirme être heureux d'avoir enfin un film solide qui rejoins l'esprit du premier épisode. C'est étrange de voir que finalement, la vision d'un personnage peut tant varier d'une personne à l'autre. Et cela amène une question qui peut être appliquer à de nombreuses sagas. À qui appartient vraiment l'identité d'un personnage? Dans la cas ici présent : John McTiernan? Joel Silver? Bruce Willis? Le Public?

 

Live Free or Die Hard souffre de la comparaison avec ses aînées et est un film d'action bancal et qui prend peu de risques. Mais ce qui ressort surtout, est une crise d'identité symptomatique de la génération geek. Malgré l'apparente passion des personnes à charge du projet, le manque de talent passe pour un trahison totale du mythe. Le film a peut-être été crée avec les meilleurs intentions, mais ne se concrétise jamais comme digne porteur du nom Die Hard