Die Hard : Belle Journée pour Mourir (A Good Day to Die Hard, 2013)

Vu le succès, au box office, du quatrième film de la saga, une nouvelle suite était inévitable. Le peu d'optimisme que l'on pouvait avoir sur cette nouvelle itération se tourne vers la promesse d'un John McClane dans les rues de Moscou. Un dépaysement bienvenue et une unité de lieu retrouvé? Même si elle a peu de chance d'autant briller que la ville de New York, la cité Russe redonne-t-elle un souffle à la série? Pas la peine d'aller chercher bien loin, la réponse est non. A Good Day to Die Hard s'impose comme le pire film de la série, et comme le film d'action le plus désastreux de ces dernières années.

L'annonce de John Moore à la réalisation aurai du mettre la puce à l'oreille. Max Payne a déjà montré que le cinéaste était capable de transformer l'or en plomb,avec uneadaptation qui insulte le jeu dont il est tiré. Quand bien même la pauvreté de la mise en scène de Moore n'annonce rien de bon, il aurai de toutes façons fallu des efforts herculéens pour rattraper l'indigence du script. Il est sidérant de voir à quel point le montage même du film essaie de jouer les cache misères d'un des scénarios les plus absurdes qu'il ai été donné de voir depuis longtemps. Que ce soit les séquences de la bonne annonce qui passent à la trappe lors de la sortie en salle, ou carrément l'éviction du personnage de Lucy McClane dans la version longue du Blu-ray, tout porte à croire que le processus de tournage s'est fait sans une vision claire de la direction à prendre avec ce film. On peut aussi s'arrêter sur les quelques scènes coupées qui auraient offert un peu d'exposition à un film qui en manque cruellement, ou sur les prévisualisations qui montrent une introduction qui ouvrait le récit sur les méchants de manière plus spectaculaire et efficace. Die Hard : Belle Journée pour mourir est un bordel sans nom. La pseudo director's cut offerte ici ne sert qu'à tirer un trait sur la participation de Mary Elizabeth Winstead, et à rallonger une course poursuite qui n'en devient pas passionnante pour autant (Moore la compare pourtant, en toute humilité, à celle de Bullit, French Connection, ou La Mémoire Dans La Peau).

On n'en vient même plus à ce demander si le métrage respecte encore l'héritage Die Hard, trop distrait que l'on est sur la bêtise de l'histoire. Un récit qui, même avec la plus grande indulgence, ne fait clairement aucun sens. On est face à une vague histoire d'espionnage avec le fils McClane en agent de la C.I.A. et un gros poisson russe. Il est difficile de prendre au sérieux des coups de théâtre prévisibles ou ridicules (voir les deux). Essayer de coucher sur papier, de manière cohérente, le plan du prisonnier russe s'avère être un véritable défi. Attention tout de fois, il risque de s'avérer au final plus frustrant qu'autre chose. La petite escapade finale à Tchernobyl vient clôturer le film sur une touche à la facture DTV que l'on osait espérer. Les radiations? Pas un problème pour les débardeurs de la famille McClane. Mais ce qui choque le plus en fait,est l'intégration de John McClane à tout ce méli-méloscénaristique, en mépris de tout bon sens. Du début jusqu'à la fin, il amené à ce demander si la raison de la venue de McClane en Russie était bien justifiable. Durant tout ce périple improbable, il est également impossible de s'attacher aux moindre personnage, tant l'écriture verse dans une caractérisation quasi inexistante. La relation père-fils entre Jack et John est survolée à coup de one-liners insignifiants. Les méchants, dénués de toute charisme, sont iconisés de manière sommaire.On n'a droit à guerre plus que des mercenaires aux crânes rasés, une femme fatale, ou à une carotte mâchouillée (vouée à entrer dans les annales).

Un échec cuisant dans la narration qui n'est donc pas aidé par une mise en scène des plus anecdotique. Il triste et hilarant de voir John Moore essayer de justifier ses choix de plans dans le making of du film. «Là si vous regardez bien, le bord du cadre est toujours en mouvement. Comme si une personne sortait son Iphone pour assister à la scène.» Sidérant. Il est loin le temps de la mise en place réfléchie de l'espace. Dans ce même making of, le réalisateur insiste sur l'artillerie et l'hélicoptère du film. Des armes jamais utilisées au cinéma! Un hélicoptère inédit à l'écran, un véritable 747 à hélices! John Moore semble donc être un incollable du matériel militaire. Encore aurait-t-il fallu mettre à profit ce fétichisme de manière convaincante à l'écran. Encore un rendez-vous manqué. Au final, il n'y a que le compositeur Marco Beltrami qui présente la seule amélioration du film par rapport à l'épisode précédant, son score étant un peu plus inspiré que sur Live Free or Die Hard, pas au point cependant de recommander le métrage pour ce seul point.

 

Voilà donc avec A Good Day to Die Hard, l'aboutissement de la destruction de tout ce que représentait le personnage de John McClane. Si Die Hard 4 péchait déjà departis pris discutables, il est à réévaluer devant une telle débauche de médiocrité. L'annonce d'un sixième opus se murmure déjà. Mais que reste-t-il à espérer de la débâcle que représente désormais la série? Les fans de la première heure essayeront de laver cet affront de leur mémoire, mais le mal est déjà fait. Die Hard : Rest in Peace.