On ne présente plus la série Uncharted. Licence forte de Sony, Nathan Drake continue à faire le bonheur des possesseurs de Playstation 3. Golden Abyss, par beaucoup d'aspects, semble être le témoin d'une course de relais. Changement de consoles pour arriver à la PS Vita, changement de développeur même, puisque le bébé de Naughty Dog se voit confié au Studio Bend, Golden Abyss est censé être LE jeu du lancement de la Playstation Vita.

Narrant la nouvelle aventure d'un Nathan à la recherche du trésor d'une civilisation du XVIe siècle, Uncharted : Golden Abyss propose au joueur de découvrir de nouveaux personnages, notamment Marisa Chase et Dante, qui forment avec Drake le trio de cette épopée. Dante, particulièrement truculent et original, est un protagoniste atypique, autant prêt à aider Drake qu'à lui mettre des bâtons dans les roues, quand l'occasion se permet. Ça promet.

Ce bon pitch très unchartedesque n'empêche pas certains de craindre un « sous-Uncharted ». Car oui, la série Uncharted est surtout synonyme de qualité : claque graphique, gameplay implacable, bande-son magistrale et narration de qualité, telle est la lourde tâche qui incombe au studio Sony de l'Oregon. Nathan Drake réussit-il le pari de devenir un héros majeur sur plusieurs consoles ? Eléments de réponse.

 

Disons le maintenant, comme ça, on pourra passer à autre chose : Uncharted : Golden Abyss est magnifique, de bout en bout. Sans égaler la qualité d'un Uncharted 3, le résultat à l'écran est très proche du premier opus. On notera un aliasing prononcé, certains effets qui pixellisent (explosions, notamment) et même des tours de passe-passe pour économiser des ressources. Mais que diable, ce ne sont là que des détails, et le « waouw effect » est présent jusqu'aux crédits de fin. Il en va de même pour les animations, qui sont purement et simplement les mêmes que celles du premier épisode sur Playstation 3 : une prouesse technique indéniable.

La seule vraie tare graphique de Golden Abyss est son manque de diversité. Le joueur est amené 90% du temps à progresser dans des ruines / jungles, certes magnifiques, mais lassantes, à force. Cela permet toutefois, avouons-le, de mettre en avant les rares scènes originales du jeu (canoë dans des grottes, cascades, etc.). Toujours ça de pris.

C'est bien au niveau du gameplay qu'Uncharted : Golden Abyss fait moins l'unanimité. On le sentait déjà au niveau du troisième épisode, la série a un peu de mal à trouver de nouvelles ficelles : entre les ponts qui tombent, les points d'attache qui s'effondrent, les « on se rejoint de l'autre côté », les phases d'infiltration pas toujours heureuses ... On tourne un peu en rond. Si le talent de mise-en-scène de Naughty Dog arrive encore à faire passer la pilule, il n'en est pas de même avec Sony Bend, qui se contente de rester en terrain connu, quitte à accoucher de situations copiées des autres épisodes.

Le jeu arrive cependant à bien garder l'équilibre en phases d'actions, d'explorations et cut-scenes. Dans le domaine, il fait même mieux que le dernier opus en date sur console de salon. Les énigmes sont cependant trop faciles, et insistent trop à mettre les possibilités de la Vita en avant. Et c'est bien là le principal défaut de la jouabilité : le Studio Bend a simplement cherché à remplir sa checklist de fonctionnalités à implémenter. Si la possibilité de parcourir les plateformes d'un geste du doigt fait plaisir et que l'ajustement de la visée au sniper (gyroscopie) séduit, les nombreux nettoyages d'objets à effectuer avec les deux panels tactiles, de même que les QTE à reproduire sur son écran, laissent de marbre. Non seulement gadgets, ces phases viennent allègrement casser le rythme de l'aventure.

Pour le reste, Uncharted : Golden Abyss remplit son contrat, en proposant des gunfights agréables mais dont le plaisir se voit diminué par une IA lamentable, des phases d'escalades sympathiques mais diablement assistées pour profiter du paysage,  et diverses séquences de courses poursuites bien maitrisées, reconnaissons-le.

Le tout est soutenu par une bande-originale largement héritée du premier opus, mais possédant suffisamment de nouveaux titres de qualité pour venir chatoyer nos petites oreilles. Celles-ci vont d'ailleurs en profiter à fond, puisque le jeu s'avère d'une longueur similaire au second opus, soit 12 bonnes heures bien tassées. La rejouabilité n'est toutefois pas folichonne, à part si vous êtes du genre chasseur de trophées et souhaitez trouver les dizaines (centaines ?) de trésors répartis tout du long.

 

Uncharted : Golden Abyss manque clairement de folie et d'originalité pour être un grand épisode. Le Studio Bend a dû se plier à un contexte dicté par d'autres, et a peut-être manqué de temps pour fignoler son bébé. En résulte un jeu de qualité, bien maitrisé, beau à en mourir, mais pas fougueux pour un sou, et se contentant péniblement de remplir un contrat signé à la va-vite. A défaut d'être un bon Uncharted, Golden Abyss n'est toutefois en aucun cas un sous-Uncharted, et s'avère être un TPS convaincant, de l'introduction à la cinématique de fin.

Finalement, sa plus grande faiblesse est sans aucun doute évocatrice quant au potentiel de la Vita, et même à la qualité de cet opus : on le compare sans arrêt aux épisodes de salon, alors que Nathan tient ici dans le creux de la main. Une valeur sûre du lancement de la Vita, même si Golden Abyss ne restera pas dans les mémoires.