Avec la sortie d'un nouveau Zelda sur console de salon, d'un nouveau Mario 3D et d'un nouveau Mario Kart sur console portable, Nintendo utilise encore cette année ses franchises fétiches à l'approche de Noël pour tenter de se rapprocher du grand public... Au risque de lasser les joueurs ?

 

Premiers amours

La magie Nintendo réside dans ses deux grandes forces : son histoire et sa capacité à parler à un large public. Depuis près de 30 ans, Nintendo propose inlassablement ses personnages et ses univers dans des jeux aux mécanismes simples mais bien rôdés. Toutes les générations de joueurs ont un Mario ou un Zelda cher à leurs coeurs. Les vieux joueurs avec Super Mario Bros (ou The Legend of Zelda). Les trentenaires avec Super Mario World (ou A link to the Past). La génération "Playstation" avec Super Mario 64 (ou Ocarina of Time, Majora Mask). Enfin les plus jeunes joueurs avec Mario Galaxy, New Super Mario Bros (ou Wind Waker, Twilight Princess).

Bref, chaque génération de joueurs à pu avoir un premier contact, de près ou de loin, avec les séries fétiches de Big N, et chaque génération garde un attache particulière à ce premier contact, jusqu'à y vouer, parfois, un culte. C'est la bénédiction et la malédiction de Nintendo.

Bénédiction car dans le coeur de pierre du gamer, cette tendresse particulière donnera toujours une place particulière aux jeux du constructeur. Quand Nintendo sort ingénieusement un New Super Mario Bros, il s'adresse autant aux nouveaux joueurs sur le marché (pour Nintendo ce sont les jeunes et les joueurs occasionnels), mais aussi à la génération NES/SNES qui en vieillissant, sera peut-être plus particulièrement sensible à cet appel nostalgique de certaines émotions liées au passé.

 

Malédiction car cet alliage de tradition, de codes et d'univers viendra à lasser tout autant les joueurs avides de nouveautés, dans un monde où le jeux vidéo est de plus en plus un ambassadeur du monde de l'hi-tech que du monde du jouet. Et pour les joueurs qui aiment retrouver ces univers intacts d'épisodes en épisodes, le moindre nouveau mécanisme sera une source de contrariété. Ou comment se confronter à l'impossible dilemne de contenter un public hétérogène sur des critères aussi vagues que le gameplay ou le level design. (Car oui, le "choc graphique" est un moyen bien plus facile de mettre d'accord tous les joueurs, mais j'y reviendrai dans un futur papier...)

 

Des franchises honnêtes

Est ce que chaque film de Chaplin devait réinventer le cinéma ? Chaque voiture de Ford réinventer le moteur à explosion ? Comme ces grands noms, Nintendo s'obstine à ne faire qu'une seule chose : réaliser de la meilleure manière possible ce que la firme sait faire. Et ce n'est que dans l'utilisation ingénieuse des avancées techniques que certains épisodes de franchises peuvent gagner des lettres de noblesses particulières. A l'instar du Dictateur de Chaplin qui profita du cinéma parlant pour réaliser un classique du cinéma, Nintendo profita de l'arrivée de la 3D pour créer un Zelda 64, considéré comme un classique du jeux vidéo, mais qui n'avait pour ambition que d'être un Link to the Past en 3D...

A chaque génération, Nintendo propose des relectures infatiguables de ses franchises. Non pas par fainéantise mais par honneteté. Il aurait été facile d'intégrer à chaque nouvel épisode des systèmes de jeux à la mode, mais cela renierait l'identité même de ces franchises, de leurs gameplay, et des valeurs qu'elles transmettent.

 

En lisant les critiques des derniers avatars des franchises Nintendo, il m'arrive de penser que les testeurs sont convaincus que chaque nouvel épisode de ces séries doit être culte pour honorer ses aînés. Ces testeurs ne critiquent pas seulement ces jeux par rapport au seul cahier des charges fixé par Nintendo : le plaisir de jeu ; mais par rapport au statut que devrait avoir chaque nouvel opus dans la grande histoire de Nintendo.

C'est à la fois la bénédiction et la malediction Nintendo : la place chère des jeux Nintendo dans chacun de nos coeurs est le lieu de naissance d'une quête irrationnelle vers un état d'émerveillement vidéoludique. Et la raison de notre passion pour le jeu vidéo.